Le temps des hélices
Le rendez-vous annuel des passionnés de warbirds a encore tenu toutes ses promesses, et ce, malgré un temps pluvieux. En vedette cette année, le nouveau P-40 de l’AJBS accompagné d’un P-39, d’un P-51, d’un Spitfire, d’un B-25, d’un Avenger, d’un Wildcat et d’un B-17 pour ne parler que de la Seconde Guerre mondiale. Pour couronner le tout, un Rafale «hurlant» nous a comblé en se couvrant d’un cône de condensation transsonique… Mémorable !
Il y avait un petit moment que je n’avais pas participé à un meeting aérien, donc quitte à en choisir un, autant se rendre à la Ferté-Alais, à défaut d’aller en juillet à Duxford. Lever à l’aube sous un temps bien gris et chargé d’humidité. Le programme est alléchant, passant par toutes les époques de l’aviation dans le désordre, certes. La météo incertaine n’a pas, pour autant, annulé de démonstrations, tant mieux.
Arrivé tôt, je commence par un petit tour sur le « statique ». Des amateurs du D-Day en tenue d’époque, montent à la hâte leurs grandes tentes au pied d’un Dakota et d’un Corsair, qui ne voleront pas. Si on met de coté la buvette on s’y croirait avec véhicules et chars dans le décor. Quelques photos retouchées en N/B seront du plus bel effet. Je rejoins ma place, accompagné de mon camarade « Skyraider », reporter d’avionslegendaires pour l’occasion. Le meeting commence…
On ne change pas des autres années, cela débute doucement avec voltige en ULM et patrouille de l’aube composée d’avions légers (Bébé Jodel, autoplaneur SF 28, NC 854 …). Différents avions de liaison et d’entraînement prennent la suite, avec deux Nord : N.1101 et N.3202. Je retiendrais le rutilant Ryan PT-22 aux couleurs néerlandaises et le rapide Marchetti SF 280 avec ses réservoirs de bouts d’ailes. Plus classique, deux Pitts et un Waco y vont de leurs acrobaties.
Quelques solos sont annoncés. Le très attendu Curtiss P-40 Little Jane, dernière acquisition de l’AJBS, est décalé. Les évolutions du Zlin 526 qui suit, quoique bien vendu par le commentateur, ne m’emballent pas. Par contre le Bréguet XIV, mérite son solo avec les commentaires sur les aventures des courageux pilotes l’Aéropostale, et des lignes Latécoère. Ces démonstrations sont entrecoupées par l’éternelle blague du débutant qui part seul aux commandes de son Piper et des décollages et atterrissages du Ju-52 de Ju-Air qui emmènent ses passagers pour un petit tour de la région dans l’inconfort de l’époque.
Les Yak-52, 52TD et 55, nous proposent une démonstration des capacités de ces rustiques, mais élégants, avions russes. Suit l’autre «marronnier», de la voiture mal garée, treuillée et sauvagement larguée dans un tonnerre de feu. Enfin, le P-40 s’aligne… pour nous régaler évidemment. C’est le moment que choisi la pluie pour redoubler, alors que le programme est loin d’être fini. Avant la pause, la guerre de Corée est évoquée avec le traditionnel A-1 Skyraider, toujours aussi sale à la fin de ces évolutions, accompagné par un T-28 Trojan, un L-19 Bird Dog et un Yak-18.
Après un repas «humide», c’est au tour des cascadeuses du team Guinot de se mouiller sur l’aile supérieure des Stearman, afin de rappeler le temps des fous volants. La meilleure patrouille civile prend le relais. Les 7 L-39 du Breitling Jet Team arborant fièrement leur nouvelle livrée, nous gâtent d’un programme complet malgré le plafond bas.
L’Aéronautique Navale entre en scène, avec dans un premier temps un malheureux T-6 maquillé en Hellcat qui accompagnera ces successeurs. En effet, 4 SEM (Super Etendard Modernisé) et un Rafale approchent dans un grondement presque infernal. Après plusieurs passages, lents, rapides, trains d’atterrissage et crosse d’appontage sortis, deux SEM passent en configuration ravitaillement, sans tricher et en courbe. Impressionnant ! Mais les pilotes de la Marine Nationale ont du talent. Le Rafale après quelques passes tous réacteurs hurlants, vient ponctuer sa démonstration par un passage rapide frôlant le Mach. Il disparaît un instant sous un cône de condensation transsonique… Un «Wahou» général parcoure une assistance médusée et heureuse de voir ce spectacle unique.
On pourrait en rester là, mais c’est loin d’être fini ! Le grand tableau de la guerre de 14-18 se met en place. Plus de 25 appareils prennent l’air pour nous simuler des dogfights de l’époque. Des Stampe et Bucker font de la figuration en arrière plan, pendant que des Fokker Triplan, SE5, SPAD, Morane et autres Nieuport 17 se lancent dans la bagarre. J’ai surtout apprécié l’un des SE5 du Mémorial Flight qui n’était pas une réplique, mais un appareil d’époque avec son moteur quasiment centenaire !
Deux Alphajets des «Asas do Portugal» viennent mettre fin à cette magnifique reconstitution. Ils laissent place à la prochaine grande scène : le Pacifique 42-45. En l’air encore une multitude d’appareils : Beech 18, T-6 en pagaille, faux Zero, plusieurs Stearman, un Wildcat… mais surtout de nouveau le P-40, puis le P-39 Airacobra, le TBM Avenger et le B-25 Mitchell. Que demander de plus ? … Ca vient !
Le front de l’Est est à l’honneur avec le Ju-52 de l’AJBS, le Fi-156 Storch, un Yak-3 aux couleurs du Normandie-Niemen, deux Yak-11 et un Polikarpoff Po-2 bien désuet. Le Yak 3 est superbe et sa vitesse d’atterrissage assez impressionnante. Il nous gratifie d’une petite frayeur, en utilisant le dégagement et la route pour finir son atterrissage. Les 2 Ju-52 viennent former une patrouille inattendue avec le raffiné DC-3. Coupé de démonstrations de voltige, le tableau de l’après-guerre n’est pas en reste. Ce suivent des appareils mythiques : P-51 Mustang, Spitfire Mk XIX avec moteur Griffon et le B-17 Pink Lady de l’association « Forteresse Toujours Volante ».
Après en avoir eu plein les mirettes, on commence à fatiguer… Heureusement le Tigre nous réveille et se montre son agilité surprenante. Les appareils d’entraînement de l’Entre-deux-guerres retiennent peu l’attention, après tout le reste. Le Stinson Reliant d’un rouge rutilant arrive à me capter un moment.
On arrive à la fin du meeting et les 100 ans de l’aviation sont évoqués par deux Blériot XI et un Morane H qui profitent d’un temps plus calme pour faire de nombreux passages. Le Caudron G.III se contente d’un roulage chaotique, accompagné de 7 mécaniciens pour assurer la direction.
La fin tant attendue, va nous réserver la seule déception de la journée. La PAF arrive en retard, car 5 abrutis en paramoteur passent au loin, obligeant l’EC-145 de la Gendarmerie à une interception plutôt inhabituelle. Les commentateurs officiels prennent la parole… Malheureusement ! Une jeune fille à la voix niaise nous plombe d’un texte « bateau » et de spécifications peu techniques. On rigole et ça chambre dans le staff du meeting. Sinon la PAF commence par un programme intermédiaire, au vu du temps, pourtant plus favorable que le midi pour les Breitling. A la moitié du spectacle, le leader décide d’arrêter là, à la grande déception de l’ensemble du public. Dommage !
Tout le monde s’en va, mais moi je reste un peu pour éviter les bouchons. J’en profite pour voir les appareils rentrer aux hangars et pour prendre des gros-plans de vieux coucous. En tout cas, une sacrée belle journée, aéronautiquement parlant !
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L’avis de notre reporter
J’ai aimé :
- Un plateau magnifique
- Le Rafale et son cône condensation transsonique
- De très très nombreux warbirds
- Tous les appareils présents ont volés (ou presque)
J’ai peu apprécié :
- Le temps gris et pluvieux
- La PAF et son programme brusquement raccourci
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Pour plus d’informations :
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