Le baron Jean de Selys Longchamps est un pilote belge de la Seconde Guerre mondiale né le 31 mai 1912 à Bruxelles et mort le 16 août 1943 sur la base de Manston (Kent) en s’écrasant sur la piste d’atterrissage au retour d’une mission sur Ostende (côte flamande). Il avait 31 ans. Il n’est pas pilote de chasse car lorsqu’il a voulu le devenir en 1941, il avait 28 ans, âge trop avancé pour un pilote de chasse.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Gestapo décida d’établir dans chaque pays occupé son siège de commandement. Pour Bruxelles, le choix se portât donc sur le bâtiment 453 de l’avenue Louise car il répondait parfaitement aux critères demandés. Il était le plus imposant avec ses 12 étages, le plus moderne et surplombait Bruxelles. Rien ne présageait qu’il serait un jour mitraillé avec succès par Jean de Selys Longchamps. C’est cet épisode phare de l’aviation militaire belge que j’ai voulu ici vous conter.
L’attaque du siège de la Gestapo à Bruxelles
Au matin du 20 janvier 1943, après un médiocre petit-déjeuner, Jean de Selys Longchamps se glissa dans le cockpit de son Hawker Typhoon et alluma son moteur Napier Sabre, puis décolla. Accompagné de son coéquipier, tous deux avaient pour mission d’attaquer une gare de triage dans les environs de Gand et Courtrai. En plus de cette mission, Jean avait un autre « sweep » (en langage aéronautique : reconnaissance armée et attaque) médité, préparé et formaté depuis longtemps dans le plus grand secret…
Après la mission de bombardement, il ordonna à son coéquipier de rentrer en Angleterre. Quand à lui, il dirigea son Typhoon sur Bruxelles. Il passa en rase motte sur l’avenue Émile De Mot. L’hôtel de la Gestapo était devant ses yeux. Il appuya alors sur la détente et fit feu de ses quatre canons de 20 mm. Puis, alors qu’il se rapprochait de la Gestapo, il redressa son Hawker Typhoon, de sorte que les balles balayèrent tout l’hôtel. Au dessus du siège de la Gestapo se trouvait une batterie anti-aérienne que Jean réduisit au silence.
Bilan de l’opération
Militairement, le bilan fut évidemment plutôt moyen. En effet, les Allemands déplorèrent 5 morts dont Max Thomas le commandant adjoint de la Sipo-Sd (Police de sûreté), et 4 blessés graves. Le mitraillage avait été d’une grande précision, si bien qu’aucun des immeubles voisins ne furent touchés. Le siège de la Gestapo migra au 347 de la même avenue de sorte qu’une attaque aérienne devenait beaucoup plus difficile.
Psychologiquement, l’attaque fut un succès. En effet, elle eut un grand retentissement en Belgique où un mouvement de résistance inattendue était la bienvenue. Outre les pertes et le retentissement que cela a eut, Jean a réussi à se venger des Nazis qui avaient torturé son père au siège de la Gestapo.
Juste après son attaque, Jean rentre en Angleterre sain et sauf. En effet, son Typhoon est intact en raison d’un bombardement sur Londres par les Allemands. Ces derniers avaient autre chose à faire ! Cependant, il est rétrogradé pour avoir effectué une diversion sur Bruxelles qui n’était absolument pas prévu dans l’ordre de mission.
Néanmoins, cette attaque est un fait d’armes remarquable. Il fut donc décoré de la DFC (Distinguished Flying Cross), une décoration militaire britannique qui est attribué « pour un ou des actes de vaillance, de courage ou de dévouement accomplis en vol, au cours d’opérations actives contre l’ennemi ».
Jean de Selys Longchamps est cité en recevant la DFC le jour de son anniversaire.
« This officer is a pilot of exceptional ability and keenness. He shows a great offensive spirit and is eager to engage and destroy the enemy whenever possible. He has shown his great courage and initiative in numerous rail transport and the Gestapo headquarters attack in Brussels. He has also destroyed at least one enemy aircraft and damaged another »
Voici la traduction que j’en ai faite (espérant qu’elle soit sans erreur) :
« Cet officier est un pilote d’une exceptionnelle ardeur et d’un fort enthousiasme. Il montre un grand esprit offensif et est désireux d’engager et de détruire l’ennemi autant que possible. Il a montré son grand courage et son initiative dans de nombreuses attaques de chemins de fer et dans le mitraillage du siège de la Gestapo à Bruxelles. Il a également détruit au moins un avion ennemi et endommagé une autre. »
NDLR :
Dans les victimes de son attaque, se trouvait un espion allié qui avait infiltré la Gestapo. Malheureusement, suite à son décès, une liste avec les noms d’un grand réseau de resistants belges a été retrouvé dans sa veste Ceux-ci ont été déportés après cette découverte. C’est une des raisons qui explique que l’état-major britannique refusait d’approuver cette mission et son embarras après cette insubordination.
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