Un match de football au Stade Vélodrome de Marseille, l’équipe de France affronte une équipe adverse, dans les tribunes l’atmosphère est surchauffée par les aficionados du ballon rond, la fête bat son plein, les yeux pétillent pendant les 90 minutes de jeu. Tout autour du stade des cars remplis de CRS et de gendarmes mobiles veillent à la sécurité de la rencontre. Sont-ce là les limites du dispositif ?
Non pas vraiment. Dans le ciel, à quelques centaines de mètres au-dessus des supporters de foot un hélicoptère gris frappé de la cocarde et des marquages de l’Armée de l’Air et appartenant à l’Escadron d’Hélicoptères 5/67 Alpilles veille. À son bord un pilote, un copilote et deux commandos-parachutistes de l’air. L’un deux est un tireur de précision, ce que nos amis anglo-saxons appellent un sniper. La mission MASA protège la rencontre et les milliers de passionnés qui y assistent, prête à s’opposer à tout risque majeur. Mais au fait, c’est quoi la MASA ?
Derrière ces quatre lettres se cachent la mesure active de sûreté aérienne. Cette mission très particulière est née au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001 lorsqu’il devint évident que l’avion pouvait devenir une arme de terreur et de meurtres de masse. En France, et notamment dans l’Armée de l’Air, beaucoup comprirent que la défense aérienne traditionnelle, c’est à dire faisant appel à des avions de chasse destinés au combat air-air comme le Dassault Mirage 2000C avait désormais ses limites.
Il fallait donc repenser la donne.
Dans le cadre des postures permanentes de sûreté aérienne on créa la MASA, un nouvel échelon pour le moins surprenant : des hélicoptères de l’Armée de l’Air chargés d’intercepter, voire d’obliger, et même le cas échéant d’abattre un aéronef hostile. Bien entendu pour des questions de plafond pratique et de vitesse de croisière il était hors de question que les dits hélicoptères interceptent des avions d’affaire ou de ligne. Ils avaient la mission de s’occuper des aéronefs les plus lents : hélicoptères, avions de tourisme, et ULM.
L’Armée de l’Air n’alla pas chercher bien loin cet hélicoptère, elle avait l’appareil idoine : l’Eurocopter AS-555 Fennec. La version militaire du célèbre Écureuil 2 était l’hélicoptère tout désigné pour ce type de mission : rapide, stable, disposant d’une bonne autonomie, et surtout disponible en nombre assez conséquent pour cela. Restait la question de l’armement.
On envisagea un temps de l’équiper d’un canon GIAT M621 de calibre 20mm, identique à celui qui équipait alors encore les Gazelle de l’Armée de Terre. Cependant cette arme était bien trop volumineuse pour être montée en permanence sur l’appareil, elle réduisait considérablement ses capacités de vol. Les généraux français envisagèrent alors d’autres possibilités. L’une d’elle consistait à embarquer en permanence deux commandos parachutistes de l’Air et leur armement : fusil de précision FRF2 et fusil à pompe calibre 12. Au fur et à mesure des modernisations d’armement ces équipements changèrent jusqu’à atteindre actuellement le fusil d’assaut HK417 de calibre 7.62mm OTAN. Cette arme est pleinement adaptée à cette mission, bien plus que le « vieux » FAMAS de calibre 5.56mm OTAN.
À bord de l’hélicoptère les deux commandos de l’air manipulent également des panneaux blancs où sont écrits en grosses lettres des messages simples à destination des pilotes des aéronefs contrôlés et/ou interceptés. Ces panneaux sont notamment utiles lorsque l’appareil en question est victime d’une panne radio. Dans la quasi totalité des cas la simple vue d’un hélicoptère militaire suffit à faire cesser l’infraction, l’aéronef indélicat est alors escorté jusqu’à un terrain d’aviation avant que le cas de son pilote ne soit traité par les gendarmes. Dans de très rares cas il pourrait arriver que le recours à un avion de combat soit nécessaire.
Depuis quelques années les équipages de Fennec engagés dans les mesures actives de sûreté aérienne sont aptes aux missions de nuit, notamment ceux de l’EH 3/67 Parisis. Ils peuvent ainsi soulager un peu plus encore les escadrons de chasse.
Il faut savoir cependant que sur ordre de l’autorité supérieure (le Premier Ministre en l’objet) l’équipage du Fennec MASA pourrait être amené à ouvrir le feu sur un aéronef, voire à réaliser un tir de destruction, notamment en direction du moteur de l’appareil ou de son pilote dans le cas d’un cockpit à l’air libre. Fort heureusement tout ceci demeure théorique en France.
Les mesures actives de sûreté aérienne sont mise en place à chaque fois que la France a besoin d’elles : sommets internationaux, évènements sportifs majeurs, lutte contre le terrorisme sur le territoire nationale, protection de sites industriels sensibles, surveillance du centre spatial guyanais, ou encore suivi de manifestations populaires sur voie publique.
Désormais vous en savez un peu plus sur cette étonnante mission qu’on appelle la MASA ainsi que sur les hélicoptères Fennec et leurs équipages qui la remplissent. Vous connaissez donc maintenant l’existence en France de ces « hélicoptères de chasse », une spécialité de l’Armée de l’Air.
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