Baltic Air Policing, l’OTAN protège les cieux des trois états baltes.

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Récits historiques et légendaires

Le jeudi 9 novembre 1989 le mur de Berlin tombe, c’est le début de la fin pour la guerre froide et pour l’Union Soviétique. Dès lors les peuples jusque là placés sous la joug tyrannique de Moscou se soulèvent. Un mois et demi plus tard le vendredi 22 décembre 1989 le dictateur roumain Nicolae Ceaușescu est renversé. Lui et son épouse Eléna seront jugés et exécutés 72 heures plus tard, le jour de Noël. Quatre jours plus tard, le vendredi 29 décembre 1989, Václav Havel est élu président de la république de la Tchécoslovaquie et annonçant la rupture avec le Kremlin. Il aura fallut moins de deux mois pour que l’Europe centrale mette fin à 45 ans de brimades soviétiques.

Patch norvégien de la participation en 2015 à Baltic Air Policing.

Le dimanche 11 mars 1990 la Lituanie proclame son indépendance. Moscou refuse, ordonne un blocus de ce petit territoire de la Baltique. L’ONU ne suit pas l’URSS qui a perdu toute influence. Vendredi 4 mai 1990 à son tour la Lettonie annonce au monde entier qu’elle se sépare de l’Union Soviétique et devient un état souverain. Quelques heures plus tard des émeutes éclatent en Estonie qui vont conduire le mardi 20 août 1991 à son indépendance. En dix-sept mois l’URSS a perdu ce que l’on commence tout juste à appeler les trois républiques baltes. Le samedi 21 décembre de la même année au sommet de Minsk l’acte de dissolution de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques est adopté.

En avril 1999 l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord tient son 16e sommet à Washington DC. On y parle notamment d’élargissement et d’adhésion de nouveaux membres. Le trois petites républiques baltes sont candidates. Pourquoi petites d’ailleurs ? Car au regard des autres pays européens comme l’Allemagne, l’Espagne, la France, ou encore l’Italie ce sont des confettis. Leurs superficies respectives sont de 45339 km², 64559 km², et 65303 km² pour l’Estonie, la Lettonie, et la Lituanie. Le mercredi 24 mars 2004 les trois états font leur entrée à l’OTAN.

Leurs forces aériennes respectives adhèrent alors à l’Allied Air Command qui gère l’intégralité des opérations aériennes de l’OTAN. Problème majeur aucune n’est au niveau d’une Aeronautica Militare, d’une Armée de l’Air, ou encore d’une Luftwaffe. Ce sont toutes trois de micros aviations militaires. Aucune n’atteint les dix aéronefs en service et chacune aligne principalement des monomoteurs de transport léger Antonov An-2 Colt, des hélicoptères de transport d’assaut Mil Mi-8 Hip et Mi-17 Hip-H, et seule l’Estonie possède des jets… d’entraînement. Il s’agit d’Aero L-39 Albatros. En partant les Soviétiques ne leur ont laissé aucun avion de chasse ! L’Estonie, la Lettonie, et la Lituanie sont donc confrontées en permanence au risque de voir leur souveraineté remise en cause, au moins dans leurs cieux.

L’US Air Force a été une des premières participantes à Baltic Air Policing, notamment au travers de ses McDonnell-Douglas F-15C Eagle basés à l’année en Europe.

Face à cette situation inacceptable pour elle la réponse de l’OTAN est de les intégrer à un vieux mécanisme défensif daté de 1961 et intitulé NATO Integrated Air and Missile Defence. La guerre froide étant alors terminée depuis plus de dix ans celui-ci est renommé NATO Air Policing. L’opération Baltic Air Policing est alors lancée sur la base aérienne de Šiauliai en Lituanie. Chaque état membre disposant d’une aviation de combat digne de ce nom a alors l’obligation d’y déployer au moins quatre chasseurs afin d’assurer la défense aérienne des trois états baltes et le cas échéant d’aller identifier ou intercepter des aéronefs jugés hostiles. Dans le collimateur de l’Organisation du Traité de l’Atlantique se trouve la fédération de Russie dont les avions militaires flirtent alors régulièrement avec les espaces aériens souverains estoniens, lettons, et lituaniens.

C’est la Belgique, au travers de sa Composante Air, qui le mardi 30 mars 2004, inaugure l’opération. Les trois états baltes ne sont membres de l’OTAN que depuis six jours ! Ses General Dynamics F-16AM Fighting Falcon seront remplacés dès début juillet par des avions identiques en provenance du Danemark. Il faudra attendre avril 2007 pour que les premiers avions de l’Armée de l’Air, quatre Dassault Aviation Mirage 2000C viennent participer à la sécurisation des cieux baltes.

En France le Mirage 2000-5F a désormais remplacé le Mirage 2000C, y compris à Baltic Air Policing.

En février-mars 2014 le dictateur russe Vladimir Poutine ordonne l’invasion et l’annexion militaire de la péninsule ukrainienne de Crimée. La majorité des organisations internationale y voit un acte de guerre inacceptable. L’OTAN n’y fait pas exception. À son siège bruxellois il est alors décidé de donner un second souffle à Baltic Air Policing en ajoutant une seconde base aérienne afin de doubler (au minimum) les effectifs présents. En mai 2014 quatre General Dynamics F-16AM Fighting Falcon danois sont déployés à Ämari en Estonie. À Malbork, dans le nord de la Pologne, les Alliés décident de créer un plot d’assistance où prennent alors place quatre Dassault Aviation Rafale C de l’Armée de l’Air. Leur mission sera d’appuyer les avions stationnés en Estonie et en Lituanie en cas d’accrochage grave avec l’aviation russe.

À Baltic Air Policing l’Italie est un partenaire essentiel, à l’image de cet Eurofighter F-2000A Typhoon décollant PC allumée.

Mais au fait pourquoi la Russie fait t-elle voler son aviation militaire si près de l’espace aérien de l’OTAN ? Officiellement il s’agit de vols de liaisons entre son territoire continental et l’oblast de Kaliningrad. Celui-ci d’une superficie de 15125 km² est enclavé entre la Lituanie et la Pologne avec une sortie maritime de 183 kilomètres sur la Baltique. C’est un des territoires les plus fortement militarisés de la planète. Officieusement ces vols permettent à Moscou de surveiller les agissement alliés sur les territoires estoniens, lettons, et lituaniens.

Après la décision du dictateur russe d’envahir militairement une partie de l’Ukraine en février 2022 et de déclencher la guerre qui en a résulté l’OTAN a choisi de renforcer encore un peu plus Baltic Air Policing. Il n’est désormais plus question de huit avions de combat stationnés entre Ämari et Šiauliai mais plutôt de douze voire de seize avions, sans compter l’éventuel plot à Malbrok en Pologne. Il n’est désormais plus rare de voir évoluer des patrouilles mixtes, de deux pays différents.

Lockheed-Martin F-35A Lightning II italien opérant de conserve avec un Aero L-39 Albatros estonien. Les vols conjoints sont fréquents à Baltic Air Policing.

Et demain ? Baltic Air Policing a désormais 20 ans d’existence. Une période qui n’a pas permis aux aviations estoniennes, lettonnes, et lituaniennes d’acquérir chacune ou ensembles des avions de combat. L’opération atlantiste est donc appelée à être pérenne. Tant que Vladimir Poutine fera régner la menace sur cette zone de l’Europe septentrionale il est de toutes manières hors de question qu’elle ne cesse.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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