L’aéronavale canadienne, d’hier à aujourd’hui

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Histoire de l’aéronavale

Durant la Première Guerre mondiale, nombre de volontaires canadiens servirent dans le Royal Naval Air Service britannique. Afin de contrer les incursions d’U-Boots allemands près de côtes canadiennes, le Royal Canadian Naval Air Service fut mis sur pied en septembre 1918. L’armistice mit toutefois abruptement fin à son envol.

Au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, la Marine Royale canadienne (MRC) ne disposait que d’une douzaine de navires en état de combat et aucune aéronavale. Encore fort critique pour le succès des Alliés, la protection des convois de ravitaillement vers l’Europe devint une mission prioritaire, tant pour la MRC que pour l’Aviation royale canadienne (ARC). Les attaques téméraires d’U-Boots allemands près des côtes de l’Atlantique, et même jusque dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, incita l’ARC à se doter de moyens accrus de lutte anti-sous-marine et à coopérer étroitement avec la MRC. À la fin du conflit, l’ARC était devenue la quatrième puissance aérienne au monde et la MRC la troisième plus grande marine avec plus de 430 navires, mais aucun porte-avions.

L’idée du développement de l’aéronavale canadienne a toutefois pris forme durant le conflit, alors que plusieurs pilotes canadiens servaient au sein du Royal Navy Fleet Air Arm. L’Amirauté britannique a d’ailleurs regroupé des équipages canadiens sur deux porte-avions d’escorte. Constitué d’un équipage de 450 canadiens sur un total de 750 marins et pilotes, le HMS Nabob fut torpillé en 1944 par le sous-marin U-354, de retour d’une mission d’attaque sur le cuirassé Tirpitz. Très lourdement endommagé, il regagna péniblement le port de Scapa Flow où, jugé irréparable, il fut retiré du service. Le HMS Puncher, dont l’équipage était presqu’entièrement constitué de canadiens, survécut au conflit malgré de nombreuses missions d’escorte et d’attaque.

HMCS Nabob
HMS Nabob
HMCS Puncher2
HMS Puncher

L’expérience acquise par les équipages et pilotes canadiens durant le conflit fut mise à profit lorsque la marine canadienne mit en service, le 24 janvier 1946, son premier porte-avions: le HMCS Warrior (ex HMS Warrior) pouvant emporter 37 avions Supermarine Seafire et Fairey Firefly. La carrière du HMCS Warrior ne dura que deux ans, remplacé en 1948 par le HMCS Magnificent (ex HMS Magnificent) fort similaire, mais mieux adapté aux missions dans l’Atlantique Nord.

HMCS Warrior
HMCS Warrior
HMCS Seafires
Supermarine Seafire

HMCS Seafire profil

HMCS Firefly Warrior2
Fairey Firefly

HMCS Fairey FireflySurnommé «Maggie» par son équipage, le HMCS Magnificent emportait une flotte d’une quarantaine d’Hawker Sea Fury et de Grumman Avenger de lutte anti-sous-marine, complétée de quelques hélicoptères Sikorsky H04-S-3 Chickasaw. En 1951 le «Maggie» embarque sur son pont un premier contingent de 48 chasseurs Canadair Sabre, à destination de l’Europe où ils sont déployés auprès des premières bases canadiennes aménagées dans le cadre de l’OTAN. Une des dernières missions du «Maggie» sera de transporter équipements roulants et avions DHC-3 Otter vers l’Égypte, dans le cadre du déploiement du premier contingent des casques bleus de l’ONU, suite à la crise du canal de Suez. Le «Maggie» retourna à la Royal Navy en 1957.

HMCS Magnificent TBM3 Avenger
HMCS Magnificent et Grumman Avenger

HMCS Avenger profil

HMCS Sea Fury
Hawker Sea Fury

FB11_Base

HMCS Sikorsky Chicasaw
Sikorsky Chickasaw

Le prochain porte-avions canadien marqua l’entrée de l’aéronavale canadienne dans l’ère des avions à réaction. La construction de ce qui devait devenir l’HMS Powerful débuta en 1943 en Irlande, mais les travaux furent suspendus en 1946. Le Canada acquiert ce porte-avions en 1952 et le fait aménager avec une piste oblique et des équipements modernes. La marine canadienne reçoit ses premiers McDonnell F2H3 Banshee en 1955 et rejoindront le HMCS Bonaventure livré en 1957. Surnommé «Bonnie», ce porte-avion sera en service jusqu’en 1970. Les Grumman Avenger font place aux Grumman CS2F Tracker dont une centaine seront fabriqués sous licence par De Havilland Canada. Les avions Tracker seront déployés sur les bases aériennes côtières et sur le Bonaventure.

HMCS Bonaventure
HMCS Bonaventure
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McDonnell Banshee

HMCS Banshee2

 

HMCS Tracker2
De Havilland (Grumman) CP-121 Tracker

HMCS Tracker profil

La flotte aérienne du «Bonnie» compta également quelques hélicoptères Sikorsky H04-S-3 qui feront place, à leur tour, au Sikorsky CH-124 Sea King à compter de 1963. Déjà jugés obsolètes à la fin des années 1950, les chasseurs Banshee seront retirés du service à la fin de 1962. Malgré une série d’essais concluants avec deux McDonnell-Douglas A-4 Skyhawk de l’US Navy provisoirement affectés au «Bonnie», la priorité du Canada avait plutôt évoluée vers la chasse aux sous-marins nucléaires soviétiques. La flotte d’aéronefs du «Bonnie» sera donc constituée uniquement de Tracker et de Sea King, suite au départ des Banshee. Durant sa carrière, le «Bonnie» participa notamment au blocus maritime lors de la crise de Cuba en 1962 et au déploiement du contingent canadien de l’ONU à Chypre en 1964.

HMCS Sea King2
Sikorsky CH-124 Sea King

En 1966-1967, le Bonaventure fut immobilisé pendant 18 mois au chantier naval de Lévis au Québec pour un radoub et une remise à niveau. Malgré cette cure de jouvence, le sort du «Bonnie» fut scellé dès 1969, victime d’une rationalisation des dépenses militaires. Le dernier porte-avions canadien fut mis à la casse à Taiwan en 1971. Toutefois, une rumeur circule à l’effet que le navire démantelé à Taiwan était plutôt l’INS Vikrant, un porte-avion de la classe Majestic tout comme le Bonaventure. En pleine période de conflit indo-pakistanais, le «Bonnie» modernisé aurait secrètement pris la place du Vikrant qui nécessitait des travaux majeurs. Si c’est bien le cas, le porte-avions musé exposé à Bombay serait en fait la réincarnation du Bonaventure.

Peu importe, le retrait du Bonaventure marqua la fin de l’âge d’or de l’aéronavale canadienne. Là ne s’arrêta toutefois pas l’histoire des aéronefs embarqués. Dès le début des années 1960, la MRC avait modifié ses destroyers de la classe Saint-Laurent afin d’accueillir des hélicoptères Sea King. L’équipage du «Bonnie» sera affecté à quatre nouveaux destroyers porte-hélicoptères mis en service au début des années 1970, De conception canadienne, ces nouveaux destroyers de la classe Iroquois, emportaient chacun deux hélicoptères Sea King de lutte anti-sous-marine. Dans les années 1990, ces navires furent réarmés de systèmes modernes de défense aérienne. Trois de ces destroyers sont encore en service.

HMCS Assiniboine
HMCS Assiniboine

Mis en service dans les années 1992-1996, la douzaine de frégates porte-hélicoptère de la classe Halifax constituent aujourd’hui les vaisseaux de première ligne de la MRC. Cette flotte de frégates fait actuellement l’objet d’un programme de modernisation qui devrait être complété en 2017. Les vénérables (pour ne pas dire obsolètes) Sea King feront également place à un nouveau hélicoptère de lutte anti-sous-marine spécifiquement développé pour le Canada, soit le Sikorsky CH-148 Cyclone. Bien que le développement de cet appareil ait pris considérablement de retard, la livraison des 28 appareils commandés sera complétée en 2018.

HMCS ch-148-cyclone
Sikorsky CH-148 Cyclone
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HMCS Montréal

Pour l’avenir à plus long terme, le projet «Navire de combat canadien» a comme objectif de remplacer, d’ici 2025, les destroyers de la classe Iroquois et les frégates de la classe Halifax par une quinzaine de navires porte-hélicoptère multifonctionnels. À cette flotte, s’ajoutera de six à huit navires de patrouille de l’Arctique également capables de transporter un hélicoptère. Le Canada ne projette toutefois pas de réintégrer le cercle fort restreint des pays dotés de porte-avions.

HMCS Single Class


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ARTICLE ÉDITÉ PAR
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Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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