Jean Navarre est né le 8 août 1895 à Jouy-sur-Morin en grande région parisienne. Il a un frère jumeau, Pierre. Fils d’un homme d’affaires centralien spécialisé dans l’industrie papetière, le jeune Jean se révèle brillant et particulièrement intelligent mais aussi totalement dissipé en cours, au point même de se faire renvoyer de plusieurs établissements privés un peu partout en France. Envoyé au Royaume-Uni par son père pour peaufiner son éducation il s’avère rapidement bilingue, un cas rare à cette époque. En 1910 à seulement 14 ans et demi il obtient son bac français. Sportif émérite et aquarelliste de talent le jeune Jean Navarre se passionne très tôt pour les choses de l’air.
À 18 ans, en septembre 1913, toujours accompagné de son frère Pierre il intègre l’École Supérieur d’Aéronautique de Paris avec l’espoir de devenir pilote. Mais là encore son indiscipline chronique le conduit à l’exclusion définitive. Il ne désespère pas et rejoint en juin 1914 l’école privé de pilotage créée par les frères Caudron au Crotoy en Picardie. Le 2 août 1914 lorsque la Première Guerre mondiale éclate Jean Navarre n’est pas encore breveté pilote. Un mois plus tard, jour pour jour, il rejoint la base école de Saint-Cyr en région parisienne. Bien que non breveté il prétend le contraire à l’officier recruteur. Ses connaissances acquises auprès des frères Caudron suffisent à la faire passer pour un pilote.
Après un rapide passage par l’école de pilotage militaire de Tours où son culot impressionne et suffit à faire oublier à beaucoup ses carences il rejoint Corbie en Picardie et l’escadrille MF.8 volant alors sur biplans de reconnaissance Farman MF-7. Mais il s’y ennuie et forcément se fait de nouveau renvoyer… ou plutôt muté à Villacoublay en proche banlieue parisienne au sein de l’escadrille MS.12 opérant à ce moment là sur monoplans de chasse et de reconnaissance Morane Saulnier Type L. Malheureusement pour lui nulle mission de combat, il assure la défense aérienne de Paris sans jamais rencontrer d’avion allemand. Du coup il peaufine ses techniques de reconnaissance à vue. Le 1er avril 1915 Jean Navarre est fait sergent aviateur, il a su mettre de l’eau dans son vin et se résoudre à ne faire que de la reconnaissance alors qu’il rêve de chasse.
Début février 1916 l’aviateur décide de se porter volontaire pour aller combattre au-dessus de Verdun où dans les tranchées soldats français et allemands se font face à face. Devant son insistance il est transféré à l’escadrille N.67 dont la monture est alors le biplan Nieuport XI. Jean Navarre est alors enfin pilote de chasse sur le front, il va pouvoir donner la pleine mesure de ses talents. Le 26 février il réussit le premier doublé de l’histoire de l’aviation militaire, descendant deux biplans de reconnaissance allemands.
Le 1er avril 1916 il devient officier en obtenant le grade de sous-lieutenant.
Dès lors il ne cessera d’abattre des avions allemands. Les fantassins français lui trouvent alors un surnom, Jean Navarre devient pour tous la «Sentinelle de Verdun». Le 26 avril, au-dessus des tranchées, il entre dans l’Histoire en devenant le premier pilote à descendre quatre avions ennemis dans la même mission dont un chasseur biplan Albatros D.II.
Le 17 juin 1916 il descend son douzième et dernier avion allemand. Il sera abattu quelques heures plus tard au-dessus des Ardennes. Grièvement blessé Jean Navarre est évacué vers un hôpital militaire où il terminera l’année 1916. Usé par les combats il sombre peu à peu dans un grave dépression nerveuse qui s’aggrave avec l’annonce de la mort de son jumeau, lui aussi aviateur, tué au combat. Navarre retrouve le manche d’un avion en mars 1917, dans son escadrille N.67 mais plus jamais il ne rencontrera d’avion allemand. Suite à une altercation avec des gendarmes il est envoyé à l’arrière des lignes où il terminera la guerre.
Le conseil de guerre refuse d’incarcérer celui qui est alors aux yeux des Français un de ses principaux héros de l’aviation. Il finit son temps de conflit dans une maison de repos à la campagne, loin des troupes allemandes. Rendu à la vie civile il est de nouveau autorisé à voler et rejoint la société Morane Saulnier comme pilote d’essais et de présentations. Finalement Jean Navarre se tue aux commande d’un monoplan du constructeur le 10 juillet 1919 lors d’une présentation publique à Villacoublay. Il est inhumé dans le caveau familial des Landes auprès de son frère jumeau.
Récipiendaire de la Croix de Guerre 1914-1918 et de la Médaille Militaire Jean Navarre était par ailleurs chevalier de la Légion d’Honneur. Il a bien entendu été désigné comme as de l’aviation.
Il est surtout le premier pilote militaire de l’Histoire à n’avoir jamais été breveté au niveau civil, ce qui fait de lui une exception notable à cette époque. Il demeure aujourd’hui encore une des grandes figures de l’aviation française de cette époque aux côtés notamment de ses amis René Fonck et Roland Garros.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.