Si le nom d’Émile Fayolle est relativement tombé dans l’oubli de nos jours, il faut savoir que ce pilote fut assez représentatif de l’engagement des aviateurs français qui après la défaite de 1940 choisirent de rejoindre l’Angleterre et le général De Gaulle afin de former l’ossature de ce qui allait devenir les Forces Aériennes Françaises Libres. D’ailleurs Fayolle a fait don de sa vie pour la liberté de la France. Retour sur la vie d’un pilote pas comme les autres.
Émile Fayolle est né le 8 septembre 1916 au château Hauterive (63) au sein d’une famille de la haute bourgeoisie auvergnate. Il était d’ailleurs le petit-fils de Marie-Émile Fayolle, Maréchal de France, alors au front au moment de la naissance de son petit-fils. Le jeune Émile grandit dans une famille où l’éducation et la culture sont omniprésentes. Très proche de cet illustre grand-père, il n’a que 12 ans quand celui-ci décède. Émile est alors un brillant jeune lycéen mais aussi un adolescent turbulent. Depuis ses plus jeunes années, il se passionne pour l’aviation qu’il a découvert à l’âge d’à peine 6 ans lors d’une réunion aérienne.
Comme son père avant lui, Émile Fayolle s’oriente pourtant vers la carrière d’ingénieur après l’obtention de son baccalauréat à l’âge de 17 ans. Il est diplômé en juin 1938 à l’âge de 21 ans et s’engage alors dans l’Armée de l’Air avec la ferme intention de devenir pilote de chasse. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate Émile est encore en formation, il poursuit celle-ci. Il est en Afrique du Nord lorsque l’armistice franco-allemand de 1940 est signé. Avec l’aide de camarades à lui (dont le futur commandant Mouchotte) le sergent-chef Fayolle décide de rejoindre Gibraltar, territoire britannique, à bord d’un monomoteur de liaisons Caudron Simoun.
Quinze jours plus tard, ses compagnons et lui arrivent dans le sud de l’Angleterre à bord d’un bateau de pêche affrété spécialement par la Royal Navy. Il est envoyé de nouveau dans une école de pilotage où il doit en outre approfondir en urgence la langue de Shakespeare. Pour Émile Fayolle c’est là assez simple, son grand-père l’y avait initié. Nommé au grade d’adjudant, il est versé à la mi-septembre 1940 au Squadron 40 de la Royal Air Force volant alors sur bimoteurs Bristol Blenheim Mk-IV de chasse de nuit. Cette unité assure la défense aérienne nord du Royaume-Uni, en Écosse.
Après quelques missions de combat, notamment contre des bimoteurs de reconnaissance allemands, Émile Fayolle est muté fin décembre 1940 au sein du Squadron 249 sur chasseurs monomoteurs diurnes Hawker Hurricane Mk-IIA. Et c’est là que sa légende débute. S’il n’abat aucun avion ennemi, il est alors réputé pour engager le combat avec tout ce qui vole et porte les couleurs allemandes. Quelques semaines plus tard, il rejoint le Squadron 242 qui a la particularité d’accueillir des pilotes canadiens et français volants eux aussi sur Hurricane.
Il participe alors aux missions de chasses tous-temps contre les bombardiers allemands qui frappent quotidiennement l’Angleterre et le Pays-de-Galles. Le 11 mai 1941, Émile Fayolle descend d’ailleurs, seul, un bimoteur Heinkel He-111 avant que celui-ci n’ait eu le temps de larguer ses bombes. L’avion de la Luftwaffe explose en plein vol. Quelques semaines plus tard, il épouse une jeune Britannique rencontrée quelques mois auparavant.
Fin 1941 après être passé au sein de deux autres unités de la RAF le lieutenant Émile Fayolle rejoint le Squadron 340, l’embryon des Forces Aériennes Françaises Libres. Au sein de cette unité il descend deux avions ennemis dont un bombardier moyen Junkers Ju 88.
Le 1er août 1942, il est nommé commandant par les FAFL mais aussi Squadron Leader par la RAF. Il doit donc quitter le Squadron 340 pour le Squadron 174 équipé de Hurricane Mk-IIB de chasse-bombardement. Aux commandes de ces avions il participe à des frappes contre les positions allemandes en Normandie et dans le Nord-Pas-de-Calais. Quelques jours après son arrivée à l’unité, il participe à la couverture aérienne de l’opération Jubilee, une tentative de débarquement des troupes anglo-canadiennes sur les côtes normandes entre Dieppe et Le Tréport. C’est au-dessus de cette région qu’il est abattu par la Luftwaffe le 19 août 1942.
Inhumé dans le carré militaire du cimetière communal d’Hautot s/ Mer sa tombe ne sera sortie de l’anonymat qu’en 1998. Il est à noté que quinze ans plus tôt, en juin 1983 son nom fut donné à la Base Aérienne 745 d’Aulnat, actuel siège des ateliers industriels de l’aéronautique.
Émile Fayolle a été élevé au titre de Compagnon de la Libération et grade de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume dans les deux cas, par le général De Gaulle en 1945. Il était également récipiendaire de la Distinguished Flying Cross.
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