Durant la Seconde Guerre mondiale, l’aviation navale nippone fit un usage intensif des avions de transport militaire pour des missions à l’intérieur même de son territoire. Elle s’appuya également sur plusieurs types d’avions qu’elle militarisa bien souvent à la va-vite. Parmi eux existait un surprenant bimoteur issu directement d’un bombardier moyen en service également dans la marine. Cet avion était le Yokosuka L3Y.
C’est fin 1937 que les ingénieurs de l’arsenal de Yokosuka furent contactés par l’état-major de la marine impériale pour tenter de concevoir un avion de transport de passagers à partir du bombardier moyen Mitsubishi G3M. La tâche s’annonçait ardue, dans le sens où le G3M disposait d’un fuselage étroit et d’une architecture générale peu compatible avec la requête officielle.Cependant les ingénieurs travaillèrent vite, et le premier prototype fut terminé à l’été 1938. Il préfigurait pleinement le futur avion de série. Il fut désigné Yokosuka L3Y.
Extérieurement, le Yokosuka L3Y se présentait sous la forme d’un monoplan à médiane cantilever construit intégralement en métal. Il conservait l’empennage bidérive du Mitsubishi G3M et le train d’atterrissage classique escamotable. Le cockpit biplace côte à côte avec une troisième place pour le navigateur-radio était lui aussi identique au bombardier. Par contre le fuselage accueillait désormais une cabine pour quatorze passagers en lieu et place de la soute à bombes. La propulsion de l’avion était assurée par deux moteurs en étoile Mitsubishi Kinsei type 3 d’une puissance unitaire de 910 chevaux et entraînant chacun une hélice bipale en métal. C’est dans cette configuration que l’avion vola pour la première fois en décembre 1938.
Rapidement, il fut commandé en série par la marine impériale japonaise, mais également par deux compagnies aériennes japonaises. Assez étrangement ces trois premiers clients adoptèrent le même schéma de décoration des L3Y1 de série : pas de camouflage, des cocardes d’intrados (les fameuses meatballs si chères aux aviateurs américains de la guerre du Pacifique) et une immatriculation civile portée sur le fuselage. De nombreux observateurs internationaux estimèrent alors que les commandes civiles n’étaient destiné qu’à endormir la méfiance des autres nations, et que tous les L3Y1 étaient destinés à un usage militaire.
Fin 1940, apparu le Yokosuka L3Y2 destiné cette fois ci uniquement à la marine. Construit en toute petite série, certainement moins de quinze avions, celui ci se différenciait des L3Y1 par son poste de tir à l’air libre et sa mitrailleuse de calibre 7.7mm. En outre cette version fut livrée avec un camouflage similaire aux bombardiers comme les G3M. Les L3Y2 ne pouvaient emporter que dix passagers.
Lorsque l’Amérique entra en guerre contre le Japon en décembre 1941 un peu moins de 120 Yokosuka L3Y étaient en service dans la marine. Et sa production cessa dès le début de l’année 1942. Les services officiels américains le baptisèrent Tina.
Dès lors les Yokosuka L3Y ne furent plus utilisés que pour des missions de transports rapides d’état-major, généralement à l’intérieur du Japon ou au-dessus du territoire chinois. Il apparut rapidement que les quelques-uns qui rencontrèrent les avions de combat de l’US Navy représentaient une cible facile. Entre avril 1943 et décembre 1944 pas moins d’une trentaine de ces avions furent perdus du fait de la chasse embarquée américaine. Nombreux étaient les pilotes alliés qui confondirent le L3Y avec le G3M.
En août 1945 quand la Seconde Guerre mondiale prit fin seule une petite dizaine de Yokosuka L3Y était encore en service opérationnel. Quelques uns volèrent encore quelques semaines avec les célèbres marques d’armistice et la croix noire imposée par les forces alliées aux aéronefs nippons.
Appareil méconnu, trop souvent confondu avec le G3M, le Yokosuka L3Y n’en demeure pas moins un des avions de transport japonais parmi les plus réussis de cette époque. Il est amusant de remarquer que ses concepteurs ont suivi le chemin inverse du Junkers Ju 86 allemand, né comme avion de ligne et très rapidement transformé en bombardier moyen. À ce jour seul deux L3Y semblent préservés dans des musées, l’un au Japon et l’autre aux États-Unis.
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