Lorsqu’il réalisa son premier vol le 21 octobre 1966, l’avion de ligne léger Yakovlev Yak-40 représentait les espoirs de l’aviation civile soviétique en matière de modernisation et de compétitivité vis-à-vis des aéronefs occidentaux. Aeroflot comptait bien utiliser cette machine pour remplacer ses vieux bimoteurs Lisunov Li-2 Cab et Ilyushin Il-12 Coach datant des années 1940. En outre ce petit triréacteur peut aisément être considéré comme le premier jet de transport régional. A l’instar de plusieurs autres avions civils construits en URSS, le Yak-40 connut une belle carrière militaire, notamment dans le transport d’état-major.
Le Yakovlev Yak-40 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever triréacteur. Construit en métal l’avion disposait d’un robuste train d’atterrissage tricycle escamotable. Sa propulsion était assurée par trois petits réacteurs Ivchenko d’une poussée unitaire de 1752 kg. Le réacteur supérieur était noyé dans l’empennage en T de l’avion. La cabine prévue pour 27 à 32 passagers pouvait le cas échéant servir au transport de fret léger ou de civières. Il fut désigné Codling dans la nomenclature de l’OTAN.
Entrés en service en 1968 au sein d’Aeroflot les Yak-40 furent rapidement utilisés également par les militaires soviétiques pour des missions aussi divers que le transport de personnalités, l’évacuation sanitaire, les liaisons, ou encore le transport rapide de colis légers. Bien que très peu de ces petits avions portèrent l’étoile rouge. En fait comme souvent l’Aviation du Front utilisa les appareils de la compagnie nationale pour ses missions aussi bien à l’intérieur du territoire russe qu’à l’étranger. Par ailleurs le Yak-40 participa activement à la politique économique et politique de Moscou, puisque cet avion fut massivement fourni aux forces aériennes du Pacte de Varsovie, mais également à celles de pays alors placés sous sa sphère d’influence.
Au sein des forces alliées à l’Union Soviétique les Codling volèrent sous les couleurs bulgares, cubaines, est-allemandes, polonaises, tchécoslovaques, vietnamiennes, et yougoslaves. Après l’effondrement du Mur de Berlin et la fin du communisme, de nombreux exemplaires du Yak-40 se retrouvèrent dans des aviations militaires aussi différentes que celles de Biélorussie, de Croatie, de Géorgie, du Kazakhstan, de Russie, de Serbie, de Slovaquie, de Tchéquie, ou d’Ukraine. Lors de la réunification allemande la Luftwaffe refusa de prendre en compte les huit triréacteurs, au profit des Let L-410UVP, et les plaça en réserves avant finalement de les offrir à des musées ou de les ferrailler.
Outre ces pays le petit triréacteur soviétique a été livré à divers pays africains et asiatiques : l’Angola, l’Éthiopie, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Guinée Équatoriale, le Laos, Madagascar, la Syrie, et la Zambie. Pour nombres de ces pays le Yak-40 fut le premier avion, et souvent le seul, avion de transport à réaction.
À Madagascar par exemple les deux exemplaires de cette machine furent utilisés pour remplacer trois avions, deux Dakota et un Noratlas offerts par la France lors de l’indépendance. Bien que majoritairement peints en couleurs neutres, proches de celles des avions civils quelques Yak-40 reçurent des camouflages, notamment ceux évoluant sous les cocardes angolaises et syriennes.
À la mi-2014 plusieurs Yak-40 volaient encore au sein de diverses aviations militaires, y compris en Russie. Toutefois dans ce dernier pays les jours du Codling semble bel et bien compter depuis que Moscou a jeté son dévolu sur le biréacteur de nouvelle génération Tupolev Tu-334. Quelques avions de ce type sont également visibles dans des musées, notamment en Allemagne. Plusieurs machines furent construites sous les versions Yak-40M et Yak-40V.
Bien que modernes lors de leur entrée en service, les Codling possédaient quelques carences notables, surtout en matière de vitesse maximale et de plafond pratique. En outre, cet appareil avait la particularité d’être réputé peu aisé à piloter pour de jeunes pilotes. Toutefois, il représenta pour beaucoup d’utilisateurs la seule issue à leur besoin en matière d’avions de transport de hautes personnalités, notamment en raison de soucis économiques qui leur interdisaient l’achat des jets d’affaire occidentaux, qu’ils soient produits par Cessna, Dassault, ou encore Gulfstream.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.