A l’issue du blocus de Berlin les responsables militaires soviétique prirent conscience de la nécessité croissante de disposer d’un hélicoptère de transport moyen/lourd capable d’emporter un nombre conséquent de soldats équipés et de les déposer en ville ou à proximité immédiate d’un site stratégique majeur. C’est dans cette optique que les responsables des bureaux d’études de Mil et Yakovlev se virent confier, par Staline lui même, la mission de développer une telle machine. Les deux hélicoptéristes prirent chacun deux voies bien différentes : Mil étudia un monorotor inspiré des machines de l’ingénieur américano-soviétique Igor Sikorsky tandis que Yakovlev travaillait sur un birotor en tandem du même type que ceux sur lesquels, aux Etats-Unis, travaillait Franck Piasecki. Mil désigna son appareil Mi-4 tandis que Yakovlev désignait le sien Yak-24.
Le Yak-24 effectua son premier vol le 3 juillet 1952 devant un parterre d’officiels soviétiques dont bien sûr Staline. Le Yakovlev Yak-24 était un birotor de transport doté d’un cockpit triplace et d’une cabine capable de contenir 40 soldats équipés ou trois véhicules léger type 4X4. Le fuselage de type « caisson » était constitué de tubes d’acier soudés les uns aux autres. Les moteurs étaient deux Shvestov ASh-82V en étoile. Les deux rotors étaient du type quadri pales. L’appareil se montra lourd au pilotage, peu maniable mais disposant d’une incroyable capacité de transport. Malgré cela la priorité fut donnée au Mi-4. En 1954 la chaine de fabrication du nouvel hélicoptère fut transférée à Saratov sans qu’aucune des 200 machines construites à Leningrad ne soient livrées. La première unité soviétique doté de Yak-24 reçu ses machines en juillet 1955. Les nouveaux birotors soviétiques participèrent à des manœuvres dans la région d’Odessa en octobre 1956. C’est à cette occasion que l’Ouest put se faire une véritable idée sur l’hélicoptère de Yakovlev ; en effet un avion de reconnaissance Boeing RB-50 de l’US Air Force photographia l’appareil en vol. L’OTAN attribua au Yak-24 la désignation de Horse.
En décembre 1957 Yakovlev fit voler une version améliorée du Horse, le Yak-24U. Sa principale modification était l’installation d’une élingue sur l’intrados de l’appareil. Grâce à ce système le Yak-24 pouvait emporter cinq tonnes de fret en charge extérieur. Le Yak-24U disposait également d’un système de pilotage automatique. A partir de 1959 les Yak-24U commencèrent à remplacer les versions les plus anciennes dans les unités de première ligne. Dès 1961 il ne restait plus que des Yak-24U en unité en URSS et en RDA.
Si le Horse n’a jamais été exporté, pas même aux états satellites de Moscou, il n’en a pas moins été utilisé par les divisions de l’Armée Rouge à l’étranger. En effet un peu plus de cinquante de ces machines ont servi au soutien des unités soviétique en Allemagne de l’Est. Lors de la crise des missiles cubains les photos prises par les Lockheed U-2 de la CIA montrèrent clairement au moins deux hélicoptères Yakovlev Yak-24U en opération de déchargement des dits-missiles.
Le dernier Horse fut retiré du service en 1967, et même s’il n’a jamais eu l’aura du Mi-4, il demeure la seule « Flying Banana » soviétique opérationnelle. Les Horse ont ouvert la voie au Mil Mi-10 dans la mission de grue-volante. Quelques Yak-24 finissent leur vie actuellement dans les musées russes mais plus aucun ne vole. On estime à environ 650 le nombre d’exemplaires construits. Au moins cinq Horse ont porté les couleurs de l’Aeroflot, la compagnie aérienne nationale d’URSS.
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