Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale l’arsenal aéronautique soviétique repose en grande partie sur les avions fournis par les Américains et Britanniques au titre de la loi dite de prêt-bail. Si c’est alors facilement vérifiable au sein des aviations de chasse ou de bombardement c’est surtout dans celle de transport militaire que c’est le plus palpable. Le Dakota y est omniprésent ! Que ce soit sous la forme du Douglas C-47 Skytrain ou bien du Lisunov Li-2, sa copie sous licence soviétique, le bimoteur de facture américaine est partout en Union Soviétique. Et pour y remédier l’industrie aéronautique locale se devait de mettre au point un avion au plus vite. L’un des concurrents à ce rôle fut un surprenant petit bimoteur qui demeura malheureusement sans suite : le Yakovlev Yak-16.
C’est en février 1946 que l’état-major soviétique demanda à plusieurs avionneur de lui concevoir un avion de transport tactique léger capable en outre de servir au sein de la compagnie civile étatique Aeroflot. Le cahier des charges était simple : l’avion devait être monomoteur ou bimoteur, à moteurs à pistons, le plus rustique possible, et pouvoir emporter jusqu’à dix passagers. En outre Moscou exigeait que l’avion réalise son premier vol en novembre de la même année, pour une entrée en service opérationnel au plus tard à l’été 1947.
Malgré ces délais plus que courts, plusieurs constructeurs y répondirent avec des avants-projets plus ou moins ambitieux.
L’avionneur Yakovlev, qui avait commis durant la guerre le très intéressant bimoteur léger Yak-6, décida d’entrer dans la compétition. Pourtant à cette époque ses bureaux d’étude œuvraient déjà sur un avion de transport léger de nouvelle génération, le futur Yak-12. C’est la raison pour laquelle les designers décidèrent de travailler vite sur ce nouvel avion.
Et clairement ils prirent leur inspiration outre-Atlantique.
Désigné Yakovlev Yak-16 leur nouvel appareil était un bimoteur qui n’était pas sans rappeler le Douglas C-47 Skytrain que justement il devait pouvoir remplacer. Il était juste nettement plus petit. Les ingénieurs eurent l’idée de développer deux prototypes. L’un serait en configuration civile pour les besoins de l’Aeroflot et l’autre en version militaire pour ceux des forces aériennes soviétiques.
Extérieurement il se présentait donc sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever. Le Yak-16 était propulsé par deux moteurs à sept cylindres en étoile Chvetsov ASh-21 d’une puissance nominale de 710 chevaux entraînant chacun une hélice en métal à trois pales. La cabine avait été pensée afin d’accueillir dix passagers dans un confort rudimentaire ainsi que de 120kg de fret léger, généralement leurs bagages. De construction entièrement métallique il réalisa son premier vol le 24 septembre 1947 sous la désignation Yak-16-I. On était à l’époque près d’un an après la date théorique fixée par les autorités russes.
Quelques jours plus tard le Yakovlev Yak-16-II, prototype de la version militaire réalisa son vol inaugural. Il se différenciait du Yak-16-I par l’ajout d’une tourelle dorsale UTK renfermant une mitrailleuse Berezin UBT de calibre 12.7mm placé près du cockpit à l’avant de l’avion. En lieu et place des dix passagers l’avion pouvait transporter douze fantassins armés et équipés ou bien dix parachutistes.
Les essais comparés des deux avions mirent en lumière que la tourelle UTK avait une grave incidence sur l’aérodynamisme de l’avion et générait des turbulences invraisemblables. Pour le reste, en configuration civile, le Yakovlev Yak-16 avait tout d’un bon avion. Il volait bien, se comportait parfaitement lors des phases d’atterrissage et de décollage. Des essais furent même menés avec des maquettes de planeurs d’assaut et là encore le bimoteur se comportait très efficacement, pourvu que la tourelle UTK ait été préalablement déposée.
Pourtant cela ne suffit jamais à sauver le programme. En effet Moscou avait trouvé son avion tactique léger, et ce n’était pas le Yakovlev Yak-16. Il s’inclina donc face au très surprenant monomoteur Antonov An-2. En 1948 la compétition fut officiellement abandonnée, et le gros biplan déclaré vainqueur. Les deux Yak-16 furent cependant utilisés jusqu’au milieu des années 1950 comme avions de servitude par l’avionneur, avant de finir à la ferraille.
Assez étonnamment ils furent parmi les premiers avions soviétiques codés par l’OTAN. Les experts occidentaux les connaissaient sous le nom de code de Cork.
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