Au début des années 1980, l’industrie aéronautique chinoise s’est lancée dans une profonde réforme qui devait déboucher sur la mise en chantier de nouveaux programmes. En effet, les forces aériennes chinoises accusaient un retard qualitatif qu’elles comblaient par des commandes en quantité. Toutefois devant les menaces que pouvaient représenter la montée en puissance de la Republic Of China Air Force (ROCAF, aviation militaire taiwanaise) et de l’Indian Air Force, Pékin décida de réagir en tentant de se doter de nouveaux matériels plus proches des standards occidentaux et soviétiques de l’époque. C’est ainsi qu’elle se lança dans le développement de nouveaux avions militaires parmi lesquels allait figurer un chasseur bombardier appelé à devenir un standard dans son aéronavale : le Xian JH-7.
En 1981, l’état-major chinois demanda à l’institut de recherche aéronautique n°602 – un groupe d’étude industrielle étatique – de produire un nouveau chasseur bombardier destiné au remplacement du chasseur d’attaque Nanchang Q-5 et du bombardier moyen Xian H-6. En effet, bien que massivement présents dans l’arsenal chinois, ces deux types d’avions étaient totalement obsolètes vis à vis des appareils que pouvaient mettre en ligne les éventuels ennemis du pays.
En avril 1983, l’institut de recherche aéronautique n°602 remis à l’avionneur Xian, chargé par le pouvoir central chinois de l’usinage du nouvel aéronef, les plans du futur avion de combat. Celui ci se présentait sous la forme d’un chasseur bombardier tout temps, un peu à l’image du McDonnell Douglas F/A-18A, alors l’un des avions de combat les plus modernes au monde. L’appareil pris la désignation de JH-7 et fut considéré par les Chinois comme l’un des programmes les plus confidentiels.
Durant plus de cinq ans, l’avionneur chinois travailla dans le plus grand secret au programme de ce nouvel avion, en étroite collaboration avec le motoriste Liming. Celui-ci avait depuis quelques temps acquis la licence de production du réacteur Rolls & Royce Spey Mk-202, celui-là même qui équipait alors les McDonnell Douglas F-4 Phantom de la Royal Air Force. Le Spey Mk-202 reçu la désignation de WS-6 dans la nomenclature chinoise. En 1988, la délégation chinoise au salon de Farnborough en Angleterre présenta une maquette à l’échelle un demi. La plus part des experts internationaux présents estimèrent que l’appareil n’était qu’une opération d’intox de plus de la part du pouvoir communiste chinois. L’URSS elle-même n’apporta qu’un crédit limité, puisqu’elle refusa à l’Inde la livraison de nouveaux missiles sol-air pour se défendre contre cet hypothétique avion.
Finalement l’avion réalisa son premier vol le 14 décembre 1988 à l’usine Xian. Six prototypes avaient été commandés par l’état major de la force aérienne chinoise. L’aéronavale elle-aussi s’intéressa rapidement à l’avion. L’appareil se présentait sous la forme d’un biréacteur monoplan à aile haute, disposant d’un train d’atterrissage classique. L’aile disposait d’une flèche importante, à la limite du delta. Mais surtout, l’appareil était biplace en tandem, une configuration alors inconnue en Chine. L’appareil avait été pensé pour emporter une importante charge offensive composée de bombes lisses, à guidée laser, de roquettes, de missiles air-sol, et air-air. En outre, le JH-7 disposait d’un canon de 23mm en armement interne. L’appareil était proposé à l’export sous la désignation FBC-1 (Fighter Bomber China n°1) et reçu le nom de baptême commercial de Flying Leopard.
Rapidement, malgré quelques bonnes innovations, notamment en matière d’armement, il s’avéra que l’avion n’intéressait plus les forces aériennes chinoises et l’avion faillit bien passer à la trappe. D’autant qu’en 1990, l’Irak de Saddam Hussein fut frappé d’un embargo militaire total suite à l’invasion du Koweït. Très tôt l’Irak avait informé Xian de son intérêt pour le FBC-1. En 1994, l’aéronavale chinoise décida de passer une première commande pour 24 avions afin de remplacer ses derniers chasseurs J-5, encore utilisés pour des missions d’attaque à la roquette et aux bombes lisses.
Les JH-7 entrèrent en service dans l’aéronavale en 1996, les constructions ayant pris du retard du fait de la priorité donné par Pékin à la remise en œuvre en 1995 de la chaîne de fabrication des bombardiers H-6. Les avions ont été modifiés de manière à tirer non seulement les missiles antinavires C-801 et C-802K de construction locale, mais également des AS-5 d’origine russe. La Russie a aussi vendu à la marine chinoise des bombes à guidée laser et des bombes freinées, qui sont montés sur JH-7. L’appareil peut tirer des missiles air-air PL-5 et PL-7 de construction indigène. Au cours de l’année 2000, la Chine a commandé une cinquantaine d’autres JH-7 pour le compte de sa marine. Tous ces avions sont basés sur la façade maritime, à proximité des bases japonaises et taïwanaises, et donc de l’US Navy.
Début 2014, il semblait qu’environ 180 JH-7 étaient en service dans les forces aéronavales chinoises. Si ces avions représentent un danger potentiel assez élevés pour les bâtiments de guerre des États-Unis croisant dans la région, il faut toutefois relativiser leurs capacités opérationnelles, qui ne sont pas de la toute dernière génération d’avions d’attaque. En cela ,ils sont bien inférieurs aux dernières versions du F/A-18 ou au Sukhoi Su-34.
Le JH-7 peut en fait aisément être comparé au Tornado IDS, ou à un… gros Jaguar. Le JH-7 a reçu la désignation OTAN de Flounder. Aucun n’a pour le moment été exporté même si des pays comme la Birmanie, le Pakistan, ou le Venezuela s’intéressent de près à l’appareil.
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