Dans l’histoire des voilures tournantes le Royaume-Uni a toujours eu une place à part. S’il a réussi durant l’entre-deux-guerres à développer ses propres autogires ce fut une toute autre histoire avec les hélicoptères. Apparus après 1945 les premiers hélicoptères britanniques eurent une existence difficile. Surtout les constructeurs britanniques peinaient à concevoir des machines innovantes. Si bien que très vite ils se sont retrouvés sous la coupe de deux constructeurs étrangers : Sikorsky d’abord au travers d’accords de constructions sous licence puis Sud-Aviation avec l’Anglo-French Helicopter Agreement. Avec le premier d’entre-eux tout ne fut pas couronné de succès, à l’image du Westland Westminster demeuré à l’état expérimental.
Certains aéronefs sont mal nés, ce Westland Westminster est de ceux-ci. En 1954 le constructeur britannique Westland possédait déjà un accord industriel avec Sikorsky, qui avait notamment permis de construire le S-55 en tant que Whirlwind pour les besoins de la Royal Air Force et de la Royal Navy. Aussi quand ses décideurs engagèrent une négociation similaire autour du S-56 les dirigeants de Sikorsky l’appuyèrent.
Pour autant le cahier des charges britanniques n’était pas directement sur une pure construction sous licence mais plutôt sous la forme d’une adaptation locale.
L’idée des ingénieurs de Westland était de déposer les deux moteurs à dix-huit cylindres en étoile Pratt & Whitney R-2800-54 Double Wasp d’origine du Sikorsky S-56 pour les remplacer par des turbines Napier E220 Eland plus puissantes. Aux yeux des Britanniques la turbine était également plus sécurisante que le moteur à pistons. Sikorsky donna son accord, le Westland Westminster était né. Il ne restait plus qu’à lui trouver un marché !
Car très vite le ministère britannique de la défense annonça que le programme Westland Westminster n’intéresserait pas la Royal Air Force. Celle-ci était alors engagée dans le programme du Bristol Belvedere HC Mk-1, un hélicoptère birotor qui avait le mérite au moins d’exister ailleurs que sur la planche à dessins. En voyant s’évanouir l’option militaire il ne restait plus à Westland qu’à envisager son Westminster comme un hélicoptère civil.
Sauf que là encore ce n’était pas gagné car le ministère de l’équipement ne se disait pas plus convaincu que celui de la défense.
Qu’à cela ne tienne Westland décida de développer son Westminster sur fonds propres, avec un budget très réduit. Les finances de l’hélicoptériste n’étaient finalement pas particulièrement énormes en ce milieu des années 1950. Deux prototypes furent alors lancés. Le premier devait préfigurer une version grue volante et le second une version de transport de passagers pour quarante places. Ils reçurent respectivement les immatriculations provisoires britanniques G-APLE et G-APTX.
Afin de gagner encore en économies il fut décidé de construire le premier appareil en treillis de tubes d’acier, à la manière du Bell 47 ou de la Sud-Est SE.313 Alouette II. Mais en un peu plus gros ! Toujours en recherche de réduction des coûts de production de ce prototype la société Westland préleva des éléments sur des machines existant déjà comme le bimoteur de transport Bristol Freighter ou encore l’hélicoptère léger Westland Widgeon.
En février 1958 ce premier prototype fut assemblé, et vola finalement le 15 juin de la même année. Lors de ce vol inaugural le Westland Westminster ne démontra pas de qualités particulièrement probantes. Alors que le quatrième vol d’essais venait de se terminer Westland entama la construction du second appareil. Sur celui-ci le rotor principal devait être modifié et l’appareil présenter un fuselage plus abouti. Ce second Westminster vola le 5 septembre 1959. Les essais ne furent pas plus concluants.
Cependant faute d’un quelconque intérêt britannique, civil ou militaire, pour un tel appareil le programme du Westland Westminster fut abandonné à l’été 1960. Les deux machines furent déconstruites. Les éléments fournis par Sikorsky retournèrent par bateau aux États-Unis tandis que la licence de production locale du S-56 fut annulée. Ce qu’il restait en Grande Bretagne des deux hélicoptères expérimentaux fut envoyé chez un ferrailleur.
Ainsi se terminait cette aventure technologique.
Symbolique d’une industrie britannique des voilures tournantes souvent hésitante le Westland Westminster fut pendant longtemps l’exemple à ne plus suivre. Après lui le constructeur ne se lança plus jamais sur un programme sur fonds propres.
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