Westland a produisit la plupart des hélicoptère de l’Américain Sikorsky. Toutefois, les ingénieurs de Westland se mirent à développer leurs propres versions de ces machines, à défaut de pouvoir concevoir eux-mêmes des hélicoptères viables. Parmi ces machines « améliorées » par les Britanniques la plus représentative est une version à turbomoteur du Sikorsky HSS-1 qui servit aussi bien pour des missions offensives, que de service publique, ou encore de soutien logistique : le Westland Wessex.
En fait tout commença en 1956, après l’abandon du projet de birotor Bristol Type 191, une machine de lutte anti-sous-marine qui devait à terme déboucher sur le Belvedere, quand la Fleet Air Arm demanda à Sikorsky de lui fournir un HSS-1 en vu de tests divers. Rapidement les marins britanniques furent enchantés par l’appareil, à un détail près. La motorisation semblait trop légère pour eux. Il faut dire qu’à cette époque le turbomoteur avait sa révolution en Europe et que les constructeurs et utilisateurs ne juraient plus que par lui.
Après accord passé par Sikorsky et Westland, le HSS-1 rejoignit les ateliers de ce dernier afin d’y être remotorisé avec un turbomoteur Napier Gazelle Mk-161 de 1 450 chevaux entraînant un tout nouveau rotor quadripale articulé. Ainsi gréé le nouvel appareil, désigné Wessex HAS Mk-1, qui servit également de prototype, réalisa son premier vol le 17 mai 1957.
Une centaine de Wessex HAS Mk-1 furent alors livrés à la Fleet Air Arm qui les utilisa immédiatement à bord de ses navires de guerre pour des missions de reconnaissance et de chasse aux submersibles soviétiques. À cette époque les Wessex étaient les hélicoptères anti-sous-marins les plus modernes en Europe occidentale. Mais dès 1963 cette machine fut supplantée par une version encore plus avancée, le Wessex HAS Mk-3. Celle ci se distinguait par son nouveau turbomoteur Napier Gazelle Mk-165 de 1 600 chevaux, et surtout par son radôme dorsal renfermant le radar Marconi AW.391 d’une portée supérieure à cent kilomètres. Ce carénage donna au HAS Mk-3 son sobriquet de « Camel« , c’est à dire chameau, en relation avec sa bosse. En outre, le HAS Mk-3 fut le premier hélicoptère européen, dans la seconde moitié des années 60, à disposer d’un sonar à immersion capable d’atteindre une profondeur de plus de cinquante mètres, et donc ainsi de traquer plus efficacement les sous-marins envoyés par Moscou. Ce sonar, modèle Plessey 195, permettait au Wessex de tirer la puissante torpille Mk-46, alors l’engin de ce type le plus efficace au monde. En 1968, quelques HAS Mk-3 furent dotés d’un treuil mécanique afin de remplir des missions de sauvetage en mer et de sûreté à bord des porte-avions de Sa Majesté. Un peu à l’image des Pedro français. Seul bémol à ce tableau le Wessex demeurait presque aussi bruyant que le HSS-1.
C’est en 1982, que les Wessex HAS Mk-3 de la Fleet Air Arm connurent leurs heures de gloire. En effet deux appareils de ce type, embarqués sur les frégates HMS Autrim et HMS Phoebe, mirent en déroute des vedettes lance-torpille argentine après l’attaque du cargo militaire Atlantic Conveyor, grandement endommagé par des tirs de missiles Exocet à partir de chasseurs Super Etendard. Avec la puissance de leur radar AW.391, les « Camel » purent repérés les embarcations ennemies avant que celles ci ne finissent le travail entamé par l’aviation. Durant la Guerre des Malouines, au moins huit embarcations argentines, dont un aviso, furent coulées par les Wessex HAS Mk-3 de la Royal Navy. L’aéronavale britannique s’est séparée de ses derniers Wessex HAS Mk-3 en 2002 après la livraison des premiers Lynx HMA Mk-8.
Mais la marine britannique ne fut pas le seul utilisateur britannique du Wessex. En effet en 1960, la Royal Air Force fit l’acquisition de 73 exemplaires d’une version de transport d’assaut et de sauvetage en mer sous la désignation de Wessex HC Mk-2. Par rapport aux appareils de la Fleet Air Arm ceux ci se distinguaient par leur motorisation. En effet en lieu et place du turbomoteur Napier Gazelle on trouvait deux Bristol Gnome Mk-111 d’une puissance unitaire de 1 350 chevaux. Toutefois la RAF avait fait le choix de brider ses deux turbomoteurs afin que ceux ci ne dépassent jamais une puissance totale de 1 700 chevaux.
Destinés avant tout au transport de troupe le premier lot de Wessex HC Mk-2, au nombre de cinquante machines, fut doté d’une mitrailleuse de sabord FN Herstal de 7.62mm de calibre en sabord droit. Les vingt-trois machines restantes furent livrées au standard SAR (pour Search And Rescue, recherche et sauvetage) et dotées d’un treuil mécanique en lieu et place de la mitrailleuse.
À partir de 1990, tous les Wessex HC Mk-2 furent mis au standard SAR. Dix ans plus tard, il ne restait plus qu’une vingtaine de ces hélicoptères en état de vol. Ils remplissaient alors principalement des missions d’évacuation sanitaire, de sauvetage terrestre, et d’entraînement aux missions SAR au sein du Squadron 60. Ils ont été remplacés en 2003, par le Bell Griffin HT Mk-1, une version d’entraînement militarisée du Bell 412. Néanmoins la RAF conserva quatre Wessex HC Mk-2 en état de vol, au sein du Squadron 84, basé à Akrotiri sur l’île de Chypre. Ces appareils furent retirés du service en février 2007, soit presque cinquante ans après le premier vol d’un Wessex. Là encore ils cédèrent la place au Griffin, mais cette fois ci dans sa version HAR Mk-2 de recherche et sauvetage au combat.
Outre les Wessex HC Mk-2, la RAF utilisa au sein du Queen’s Flight deux exemplaires d’une version de transport de très haute personnalité désignée Wessex HCC Mk-4. Ces deux hélicoptères entrèrent en service en 1965 et furent retirés en 2001. Ils furent notamment aperçus en 1984 en France, sur les plages de Normandie, lors des célébrations du quarantième anniversaire de l’opération Overlord. A cette occasion un Wessex HCC Mk-4 transporta le Prince de Galles et son épouse. Ces deux appareils disposaient d’une décoration particulière et d’un confort accru. Mais demeuraient toujours aussi bruyants.
En 1965, également la Fleet Air Arm fit l’acquisition, pour le compte des Royal Marines et des commandos SAS, d’un lot de 105 appareils de transport d’assaut et d’opérations spéciales, désignés Wessex HU Mk-5. Ceux ci avaient la particularité, en sus de transporter une quinzaine de soldats équipés, de pouvoir tirer des missiles antichars Nord Aviation AS.11 et air surface AS.12 également fournit par la France. Par la suite les Wessex HU Mk-5 purent emporter des paniers à roquettes SNIA de 57mm capables de tirer quatorze projectiles. Lorsqu’ils n’emportaient ni missile ni panier à roquettes les Wessex HU Mk-5 disposaient de deux réservoirs largables d’une contenance unitaire de 455 litres de carburant. Tout comme les HAS Mk-3, les Wessex HU Mk-5 s’illustrèrent durant la Guerre des Malouines, notamment lors de la reprise par les forces spéciales britanniques de Port Stanley. Les Wessex HU Mk-5 furent retirés du service en 1997 et remplacés par des Westland Sea King HC Mk-4.
En dehors du Royaume-Uni, le Westland Wessex fut vendu à l’export à quelques clients traditionnels des Britanniques. Ainsi la marine australienne reçut 31 exemplaires de la version Wessex HAS Mk-31 de sauvetage et de lutte anti-sous-marine, notamment armée de la torpille Mk-44. Ces appareils servirent entre autre sur le porte-avions HMAS Melbourne où ils remplacèrent les derniers avions Fairey Gannet.
L’Irak reçut quant à elle douze Wessex Mk-52 très proche dans leur définition du HU Mk-5 des Royal Marines, alors que le Ghana et le sultanat de Brunei se partageait à part égale six appareils strictement identiques au premier lot de HC Mk-2 et désignés respectivement Wessex Mk-53 et Mk-54. En 1996, la marine uruguayenne reçut deux Wessex HU Mk-5 qui virent leur désignation modifié en Mk-60. Ces appareils destinés à des missions de transport et de sauvetage ont été remplacés en 2009 par deux Eurocopter EC155 flambants neufs.
Appareil directement dérivé du HSS-1, le Wessex peut toutefois être considéré comme un appareil différent, non seulement par ses nombreuses modifications mais aussi par sa longévité. Pas mal pour un hélicoptère qui reste pourtant un des aéronefs les plus bruyants de l’Histoire.
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