Au lendemain de la Première Guerre mondiale la Royal Navy comptait bien s’appuyer sur l’expérience acquise du temps du Royal Naval Air Service pour former l’embryon de sa force aéronavale : la Fleet Air Arm. Malgré le pacifisme ambiant dû à la fin des hostilités les marins britanniques savaient qu’une guerre ressurgirait tôt ou tard. Outre des chasseurs et des bombardiers il lui fallait donc obtenir des avions de reconnaissance capable de lui offrir le renseignement sans avoir à dépendre de la Royal Air Force. Et l’un des premiers avions de ce type fut le biplan Westland Walrus.
En 1919 l’avionneur Armstrong Whitworth acquis une licence de production de l’Airco D.H.9A afin d’en développer une version de reconnaissance maritime et terrestre pour le compte de la Royal Navy. Il en développa ainsi l’A.W.12 Tadpole en transformant le poste de pilotage afin que celui ci passe de biplace en tandem à triplace. Si le moteur à douze cylindres en V Liberty L-12 de facture américaine à hélice bipale était conservé le nouvel avion vit sa charge de bombes déposée tandis que l’armement standard devenait désormais trois mitrailleuses de calibre 7.7 millimètres. La première était une Vickers synchronisée tirant en position de chasse tandis que les deux étaient des Lewis jumelées montée sur affût annulaire arrière Scarff. Malheureusement pour l’avionneur le développement de son Tadpole en resta là, la Royal Navy ayant décidé en octobre 1920 d’offrir le marché à la jeune société Westland.
Celle ci récupéra ainsi les plans de l’Armstrong Whitworth A.W.12 Tadpole à qui elle donna le nom de Walrus. Dans le bestiaire aéronautique britannique on venait de passer d’un têtard à un morse en très peu de temps. L’une des premières évolutions apportée fut l’abandon du Liberty L-12 au profit d’un Napier Lion Mk-II à douze cylindres en W de conception et de construction britannique. Les ingénieurs de Westland redessinèrent également le fuselage afin d’installer dans l’intrados l’équipement d’observation et de reconnaissance photographique. Pour le reste le Walrus reprenait les grandes lignes du Tadpole. Son prototype réalisa son premier vol en février 1921.
Extérieurement le Westland Walrus se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure égale. Monomoteur triplace il possédait un poste de pilotage en tandem à l’air libre et était assemblé en bois entoilé et contreplaqué. Des systèmes de sacs gonflables avaient été installés dans le fuselage en cas d’amerrissage forcé. Outre les trois mitrailleuses il emportait deux appareils photos à grande vitesse d’obturation disposant de deux postes vitrés sous le fuselage. Le train d’atterrissage classique fixe avait été renforcé pour les opérations embarquées.
De l’aveu même du pilote d’essais de la Fleet Air Arm Stuart Keep le Westland Walrus était un avion horrible à faire voler, difficile à faire décoller, et particulièrement instable à l’atterrissage. On crut alors qu’il en était fini de lui. Mais non la Royal Navy passa bien commande pour trente-six exemplaires de série qui entrèrent en service en juillet de la même année comme Walrus Mk-I. Malheureusement pour elle suite à un problème légal c’est la Royal Air Force qui pouvait alors en jouir. C’est le N°3 Squadron qui en fut doté et les utilisa notamment pour des missions de contrôle du respect du Traité de Versailles, au-dessus de l’Allemagne.
Enfin en novembre 1923 plusieurs pilotes du N°3 Squadron purent former la base du Fleet Spotter Flight de la Royal Navy. Dans le même temps l’unité de la RAF fut mise en sommeil pour quelques mois, le temps de renaitre comme formation de chasse sur Hawker Woodcock. Au sein de la Royal Air Force trois Westland Walrus Mk-I avaient été perdu en opérations et un autre avait brûlé. Ce ne sont donc que trente deux biplans de reconnaissance qui rejoignirent la jeune aéronavale britannique. Avant cela ils avaient été navalisé via un étrange système d’arrêt installé à l’avant du train d’atterrissage sous l’hélice. Une crosse d’appontage leur avait également été ajouté.
Pour autant il ne fut jamais embarqué, la Royal Navy l’estimant obsolète dès le mois de janvier 1924. Le Westland Walrus Mk-I demeura donc en service uniquement depuis des bases aéronavales du sud de l’Angleterre et du nord de l’Écosse. Il ne fut jamais envoyé en mission lointaine sous l’autorité de la Fleet Air Arm. Son remplacement par l’Avro Bison et le Blackburn R-1 Blackburn débuta à l’été 1925 tandis qu’à Noël de la même année plus aucun ne volait. La carrière du Walrus avait été très rapide, à peine quatre ans entre la Royal Air Force et la Royal Navy.
Considéré comme un mauvais avion, un appareil difficile à piloter, ne pardonnant pas les erreurs, le Westland Walrus ne laissa pas un souvenir impérissable dans les forces britanniques. Pas étonnant donc qu’il n’en demeure aucun de nos jours. Par ailleurs l’avion n’a jamais été exporté. Il est à signaler que l’Armstrong Whitworth A.W.12 Tadpole donna également naissance à l’A.W.13 Wolf d’entraînement avancé, construit en petite série, et s’étant lui aussi traîné une réputation vraiment calamiteuse. Y a pas à dire, quand ça ne veut pas ça ne veut pas !
Par la suite le nom de Walrus fut repris par l’excellent amphibie de reconnaissance et de sauvetage en mer Supermarine Walrus.
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