Au cours des années 1950 la plus part des nations d’Europe occidentale s’essayèrent au développement et à l’usinage d’hélicoptères. Britanniques, Espagnols, Français, et Italiens étaient alors en pointe, et se livraient une bataille féroce pour savoir qui allait réaliser la machine de référence, celle qui deviendrait le mètre-étalon. Et ce fut l’industriel français Sud-Est qui remporta cette compétition officieuse avec son SE-313, autrement dit la fameuse Alouette II ! Pourtant de l’autre côté de la Manche les ingénieurs de Saunders-Roe ne se laissaient pas faire. Leurs travaux donnèrent naissance à un très efficace hélicoptère militaire léger : le Scout.
C’est à l’automne 1957 que des travaux furent entrepris par Saunders-Roe afin de donner un successeur au Skeeter. Cet hélicoptère léger était encore doté d’un moteur à pistons, une technologie alors en voie de ringardisation, du fait de l’apparition des turbines comme l’Artouste française. Début 1958 l’Army Air Corps se déclara particulièrement intéressé par ce programme, qui avait entre temps reçu la désignation de P.531.
Outre ses Skeeter AOP Mk-12 l’armée britannique cherchait un successeur pour ses Westland Sioux AH Mk-1. Le Saunders-Roe P.531 semblait donc évident.
Afin de gagner du temps Saunders-Roe passa un accord avec le motoriste français Turboméca autour de la turbine Turmo II de 320 chevaux. Une licence de production fut acquise par la branche motoriste du groupe britannique Blackburn. La turbine Blackburn Turmo fut donc montée sur le prototype du Saunders-Roe P.531 et celle-ci l’anima lors de son premier vol survenu le 20 juillet 1958.
Extérieurement le P.531 ressemblait en fait à un Skeeter agrandi, disposant d’une cabine quadriplace et d’une turbine animant un rotor principal tripale. Cinq exemplaires de présérie furent alors commandés dont deux pour le compte de la Fleet Air Arm qui s’intéressait elle-aussi à l’appareil.
Au quatrième prototype le Saunders-Roe P.531 fut doté d’une turbine Blackburn Nimbus. Cette dernière était une évolution du Turboméca Turmo réalisée outre-Manche avec l’accord du motoriste français. Le Nimbus développait cette fois 635 chevaux, pour une masse accrue de 30% seulement vis à vis du Turmo de 320 chevaux. Un prototype fut également doté d’une turbine entièrement britannique celle-ci, la Bristol-Siddeley H.1000 Gnome, bloquée elle aussi à 635 chevaux. Les essais tournèrent rapidement à l’avantage de la Blackburn Nimbus qui fut choisi pour équiper la version de série du P.531, désignée Scout.
Le Saunders-Roe Scout n’entra cependant jamais en service, en tous cas pas sous cette raison sociale.
En effet en novembre 1959 la branche hélicoptères de Saunders-Roe fut rachetée par le constructeur Westland. Ce dernier était alors spécialisé dans la production sous licence de machines américaines, à l’image de son Dragonfly dérivé du Sikorsky R-5.
L’hélicoptère léger allait être construit en série et vendu comme Westland Scout. L’Army Air Corps en avait passé commande pour cent soixante exemplaires sous la désignation de Scout AH Mk-1 pour des missions d’observation, de reconnaissance armée, et même de lutte antichar. Dans ce dernier rôle l’hélicoptère pouvait emporter quatre missiles Nord SS.11 de facture française.
Les premiers Westland Scout AH Mk-1 de série entrèrent en service dans l’Army Air Corps en août 1960. Si ces appareils se révélèrent rapidement de bonnes plateformes de lutte antichar et d’appui tactique rapproché il en était tout autrement des missions d’observation et de reconnaissance armée. L’appareil britannique était jugé trop lent et trop peu manœuvrant pour répondre aux attentes de l’armée. En conséquence de quoi les Sioux AH Mk-1 furent maintenus en service jusqu’à l’été 1963 qu’entrent en service les premiers des soixante Sud Aviation Alouette AH Mk-1. Scout et Alouette II allaient donc voler côte à côte dans les unités britanniques.
Les Westland Scout AH Mk-1 connurent le feu, aux côtés de leurs poissons-pilotes Alouette AH Mk-1, lors de l’intervention britannique au sud Yémen en 1964. Dotés de roquettes en paniers et de mitrailleuses en nacelles les hélicoptères britanniques tentèrent de maintenir l’hégémonie britannique dans cette partie du monde. Ce fut un échec.
Par la suite l’Army Air Corps décida de ne plus déployé l’hélicoptère conçu par Saunders-Roe sur des théâtres d’opérations extérieures. Ils furent principalement employés en Grande Bretagne, en Irlande du Nord face à la résistance de l’IRA, ou encore aux Malouines, une petite île britannique de l’Atlantique sud. Six y étaient basés quand l’Argentine attaqua et envahit ce territoire au printemps 1982. Deux furent détruits lors d’un raid mené par des FMA IA-58 Pucara, la seule victoire en combat aérien remportée par l’aviation argentine durant ce conflit. Ils furent abattus à l’aide des canons de 20 millimètres des avions d’attaque argentins.
Après cette mésaventure les Westland Scout ne quittèrent plus jamais le territoire métropolitain britannique. En 1988 ils furent même rapatriés d’Ulster, le théâtre nord-irlandais étant jugé trop dangereux pour ces hélicoptères alors jugés trop fragiles.
En 1994 l’armée britannique retira du service ses Alouette AH Mk-1 et ses Scout AH Mk-1 au profit de Westland Gazelle AH Mk-1 et Lynx AH Mk-1 bien plus modernes.
Pour autant la carrière du Westland Scout ne fut pas totalement britannique. Quelques exemplaires furent vendus à l’aviation sud-africaine et à la marine australienne. Globalement ils assuraient des missions de liaisons et de reconnaissance. Hélicoptère militaire le Scout fut aussi vendu aux forces de l’ordre émiraties et ougandaises, en toute petite quantité.
À la fin des années 1990 plus aucun ne servait nul part dans le monde.
Sans être un hélicoptère raté le Westland Scout souffrit durant toute sa carrière de la présence à ses côtés de l’Alouette II, un appareil bien plus polyvalent et qui connut un succès phénoménal à l’export. À l’instar du Scout le P.531 a donné naissance à une version à caractère maritime, très réussie cette fois : le Westland Wasp.
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