Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale la Grande Bretagne comprit l’avantage que l’on pouvait tirer des hélicoptères. Consciente également du relatif retard de son industrie aéronautique dans ce domaine elle engagea le constructeur Westland dans un partenariat avec son homologue américain Sikorsky. Une des plus prolifiques alliances technologiques venait de naître et allait donner naissance à une série de succès pour l’industriel britannique. Tout commença avec le Sikorsky R-5 devenu Westland Dragonfly en traversant l’Atlantique nord. L’hélicoptériste britannique a aussi su développer des versions propres d’appareils conçus aux États-Unis. La machine la plus aboutie dans ce sens fut le Westland Commando apparu dans les années 1970.
Quand en 1968 Westand négocia avec Sikorsky la licence de production et de commercialisation au sein de l’Europe et des nations du Commonwealth du SH-3 Sea King l’industriel britannique eut la bonne idée d’y intégrer un volet d’ingénierie. En l’objet l’appareil pouvait être modifié afin de satisfaire aux demandes des clients sans avoir à en référer aux Américains. Le Westland Sea King qui en résultat donna naissance quelques temps plus tard à une surprenante version non destinée aux missions à caractère naval et connu comme Commando.
Et c’est l’Egypte, au travers de sa Al Qūwāt al Gawīyä al Maṣrīya, qui fit le premier pas en 1973. Elle demanda à Westland de pouvoir acheter cinq machines proches des Sea King Mk-41 ouest-allemands mais dédiés à des missions terrestres de transport d’assaut.
Devant l’urgence de la demande les ingénieurs britanniques allèrent à l’essentiel : l’hélicoptère perdait son radar dorsal MEL AW.391 et ses carénages de flottaison pour le train d’atterrissage. Les mécanismes de repliage de la poutre et du rotor principal furent bloqués pour être rendus inopérant. Le premier de ces hélicoptères entra en service en février 1974 sous la désignation de Westland Commando Mk-1. Ils pouvaient déposer vingt-et-un combattants à 450 kilomètres ou 2950 kilogrammes de fret sous élingue, sur la même distance.
Dans le même temps l’Egypte avait requis de Westland l’étude d’une version améliorée, cette fois pensée pour accueillir vingt-six soldats équipés ou douze passagers en version de transport de haute personnalité. Les ingénieurs britanniques reprirent les modifications apportées pour la création du Commando Mk-1 mais en se basant sur le Sea King HAS Mk-5 alors en dotation dans la Royal Navy. L’idée de bloquer les mécanismes de repliage fut approfondie : ceux-ci furent carrément déposés. Les nouveaux hélicoptères n’auraient donc plus la moindre possibilité d’être embarqués. La cabine fut repensée, si bien que désormais vingt-huit soldats équipés pouvaient embarquer. En mission de transport de fret c’est 3270 kilogrammes de charge qui était emporté sous élingue sur une distance de 600 kilomètres.
Désignée Commando Mk-2 cette version fut commandée en deux lot pour un total de dix-neuf machines par l’Al Qūwāt al Gawīyä al Maṣrīya. Les dix-sept premiers étaient bien des machines de transport d’assaut tandis que les deux derniers étaient aménagées pour accueillir douze passagers dans un confort et un luxe digne des meilleurs jets d’affaire de l’époque. Ils reçurent la désignation de Commando Mk-2B. Fauteuils en cuir, aménagement en bois rares, et systèmes de communication dernier cri. L’Egypte n’hésitait alors pas à les comparer avec les Sikorsky VH-3 Marine One présidentiels américains. En 1975 quatre exemplaires supplémentaires furent commandés, au standard Commando Mk-2E cette fois. Il s’agissait d’hélicoptères aménagés pour la guerre électronique avec des équipements américains, britanniques, et… soviétiques.
Conçu spécifiquement pour l’Egypte le Westland Commando fut pourtant également vendu à un autre client : le Qatar. Ce petit émirat du Moyen Orient fit l’acquisition en 1975 de quatre machines sous les désignations Commando Mk-2A et Mk-2C. Les trois premiers étaient des hélicoptères de transport d’assaut similaires aux Mk-2 égyptiens tandis que le dernier était dévolu aux missions à caractère de hautes personnalités.
En 1978 alors que ces quatre machines étaient déjà en service un nouvelle commande fut passée pour huit machines d’une version spécifiquement qatarie appelée Commando Mk-3 et capable d’emporter un armement aussi varié que deux paniers à dix-huit roquettes Brandt de 68mm ou bien deux missiles antinavire AM-39 Exocet. Ces deux armes étaient de facture française. Les Commando Mk-3 tenaient autant des Commandos Mk-2 que des Sea King HAS Mk-2 et disposaient d’une conduite de tir. Ils pouvaient emporter vingt-cinq soldats équipés ou seize membres des forces spéciales.
Après avoir connu un petit succès à l’export le Westland Commando surprit tout le monde en étant acheté par la Royal Navy. Celle-ci décida en 1978 d’acquérir trente-sept exemplaires d’une version dérivée du Commando Mk-2 et désignée Sea King HC Mk-4. Elle retrouvait la poutre de queue et le rotor repliable tandis qu’un treuil mécanique extérieur faisait son apparition ainsi qu’une mitrailleuse de calibre 7.62 millimètre en sabord pour l’autodéfense. Par contre à la différence des machines égyptiennes et qataris ils ne reçurent pas les filtres contre le sable à l’entrée des turbines.
C’est le N°846 Squadron de la Fleet Air Arm qui les mit en œuvre dès décembre 1979. Ils avaient pour rôle premier de remplacer les plus anciens des Westland Wessex HU Mk-5 alors en dotation. Sur les trente-sept exemplaires achetés deux furent livrés en février 1983 au N°810 Squadron qui s’en servit pour la transformation opérationnelle des futurs équipages.
Au printemps 1982 les Westland Sea King HC Mk-4 furent massivement employés durant la guerre des Malouines. Embarqués sur les navires de la Royal Navy ils permirent aux troupes du Royal Marines Corps de reprendre cet archipel aux forces argentines qui l’avaient envahies début avril. Ils y totalisèrent 2904 heures de vols à mettre en parallèle avec les «seulement» 2043 heures de vols réalisées un peu plus de huit ans plus tard lors des opérations Desert Shield puis Desert Storm après l’invasion du Koweït par l’Irak baasiste.
Après ces deux conflits majeurs du dernier quart du 20e siècle les Sea King HC Mk-4 de la Fleet Air Arm furent engagés en ex-Yougoslavie, notamment sous la livrée immaculée de l’ONU, ou encore en Afghanistan suite aux attaques terroristes du 11 septembre. Sur ce théâtre d’opérations les Sea King HC Mk-4 retrouvèrent les filtres à sable d’origine.
La Royal Navy s’est séparé de ces hélicoptères d’assaut en 2016 au profit de l’Agusta-Westland Merlin HC.4 bien plus moderne.
Il est à signaler que la dernière commande officielle du Westland Commando fut passée en janvier 1980 par le Royal Aircraft Establishment pour deux machines sous la désignation Commando Mk-4X. Destiné au soutien des essais en vol ils sont les seuls hélicoptères de ce type à avoir reçu le patronyme de Commando au Royaume-Uni, ce nom étant considéré comme une marque pour l’export. En 1989 un d’entre eux fut cédé à l’Empire Test Pilot School qui l’employa jusqu’en 2017 sous la désignation Sea King HC Mk-4X.
Ces deux Commando étaient connus pour leur livrée haute en couleur trois tons de bleu marine, blanc, et rouge. L’hélicoptère du RAE de son côté fut versé à QinetiQ qui l’employa jusqu’en 2018.
Au mois d’août 2021 le Qatar a revendu huit Commando Mk-3 et deux Mk-2A à la Pakistan Navy qui recherchait de nouveaux hélicoptères de seconde main pour des missions de transport d’assaut et de soutien aux opérations amphibies. Les Commando ex-qataris ont été dotés en 2002 d’un FLIR de facture française, un équipement jusque là inconnu sur ces machines d’exportations.
Hélicoptères conçus dans l’urgence des besoins égyptiens les Westland Commando demeurent en service plus de quarante ans après leur développement. Égyptiens et Pakistanais leur font donc encore confiance tandis qu’ils ont permis aux Britanniques et Qataris de développer, chacun à leur manière, leur projection de troupes.
Quatre Sea King HC Mk-4 sont aujourd’hui préservés dans des musées aéronautique au Royaume-Uni dont un au sein du prestigieux Royal Naval Aviation & Fleet Air Arm Museum de Yeovilton.
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