Durant la Seconde Guerre mondiale l’aviation militaire américaine fit un usage intensif des avions de liaisons et de transport d’état-major. Acteurs obscurs des opérations alliées ces appareils n’eurent jamais les faveurs des médias et du cinéma à la différence des chasseurs et des bombardiers. Cependant leurs pilotes prirent souvent des risques considérables pour mener à bien leurs missions à bord d’avions désarmés, souvent lent, et fréquemment au-dessus de zones pas forcément toutes pacifiées. L’un des avions de ce type fut un étonnant biplan à cabine fermé, le Waco UC-72.
Au début des années 1930 l’avionneur Waco, implanté dans l’Ohio, s’était fait une spécialité de la conception et de la production d’avions de tourisme et d’affaires monomoteurs à destination aussi bien des aéroclubs que des grosses fortunes américaines. Plusieurs stars de Hollywood en avaient fait l’acquisition, assurant ainsi la publicité pour les machines du constructeur.
C’est ainsi qu’en 1937 les designers et les ingénieurs de Waco lancèrent le développement d’un nouvel avion de la famille de ces monomoteurs. Désigné Type E il s’agissait alors d’un élégant biplan d’envergure inégale à cabine fermé permettant l’accueil de quatre passagers en plus du pilote. Pour la première fois sur un de ces avions le train d’atterrissage, habituellement caréné, avait été renforcé afin de facilité l’emploi sur les terrains peu préparés. Il s’agissait là d’une demande de la part des clients provenant d’états où les aérodromes de fortune étaient encore légions à cette époque, tel le Texas ou encore la Californie.
Au printemps 1939 l’US Army Air Corps s’intéressa au Waco Type E pour servir d’avion d’évacuation sanitaire et de liaisons médicalisées. Un exemplaire fut prêté par le constructeur et essayé pendant deux mois. Cependant le prix unitaire de chaque avion était trop élevé pour l’aviation américaine et le contrat ne fut jamais signé.
Beaucoup pensaient alors que la carrière militaire du Waco Type E venait de prendre fin. C’était compter sans l’attaque nippone contre Pearl Harbor qui entraîna l’entrée en guerre des États-Unis contre le Japon puis contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Désormais les militaires américains avaient des besoins tous azimuts en avions de ce genre. L’état-major passa immédiatement une commande pour quinze Waco Type E qui reçurent la désignation d’UC-72. Ces avions devaient servir aux missions de liaisons rapides et de transport d’état-major à l’intérieur du territoire américain.
À la suite de l’US Army Air Corps c’est l’US Navy qui en janvier 1942 passa commande pour trois avions strictement identiques. Destinés à assurer des missions au profit des amiraux de la côte est américaine ils furent désignés Waco J2W dans la nomenclature américaine alors en vigueur.
Cependant à peine arrivés en unité ces trois avions quittèrent l’aéronavale, faisant double emploi avec les Beechcraft GB-1 Traveller nettement plus modernes. Ils furent rétrocédés à l’US Coast Guard où ils servirent comme avions de liaisons et de soutien logistique entre plusieurs bases de la côte est pour deux d’entre-eux et en Californie pour le troisième. Les trois Waco J2W-1 de série volèrent au sein de la garde côtière américaine durant toute la durée du conflit, assurant dans l’ombre leurs missions sans jamais faillir.
Au cours de l’année 1942 l’US Army Air Force fut tellement impressionnée par les capacités du Type E à remplir des missions de transport d’état-major qu’un total de vingt-huit exemplaires supplémentaires fut commandé. A chaque fois il s’agissait d’avions prélevés sur les chaînes d’assemblage, si bien que les désignations furent nombreuses : UC-72A, B, C, D, E, F, G, et H, puis UC-72J, K, L, M, et N, et enfin deux UC-72P acquis à la fin de l’année. Certains de ces avions furent convoyés par bateau jusqu’en Angleterre ou dans le Pacifique, là où les généraux américains avaient besoins d’eux.
Cependant en raison de leur lenteur (toute relative) jamais ils ne furent autorisés à survoler des territoires encore aux mains de l’ennemi. En fait bien que nettement plus rapides que les Aeronca L-3 et les Piper L-4 les Waco UC-72 n’avaient pas le droit de voler dans les mêmes cieux. Il faut dire que leurs passagers n’avaient pas tout à fait les mêmes « qualités ».
Pour autant des Waco UC-72 furent aperçus à plusieurs reprises au-dessus de la France encore occupée après le débarquement du 6 juin 1944. Ces avions assuraient non seulement des liaisons aériennes longue distance depuis l’Angleterre mais aussi des transports de personnels prioritaires.
À la différence de la majorité des autres avions de liaison de facture américaine la Royal Air Force et la Royal Navy ne furent jamais intéressées par le Waco UC-72. En fait seules l’US Army Air Force et l’US Coast Guard en utilisèrent durant la Seconde Guerre mondiale. Sur les 43 exemplaires de la première, seuls deux furent perdus en opérations, l’un dans le nord de l’Angleterre et l’autre non loin de Chicago. Quand aux trois avions de la garde côtière américaine ils n’eurent à subir aucun dommage.
À la fin des hostilités la majorité de ces avions se retrouva sur le marché de l’occasion.
Avion très réussi tant sur le plan technique qu’esthétique le Waco UC-72 fut pourtant un appareil très mal connu durant son service opérationnel. Il était réputé très apprécié par ses pilotes et mécaniciens. De nos jours plusieurs Type E civils continuent de voler aux États-Unis dont quelques-uns sont d’ex UC-72. Ils font le bonheur de leurs propriétaires et des aérophiles qui peuvent les admirer dans rassemblement d’aéronefs anciens.
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