Parmi les appareils qui n’eurent pas pleinement droit à la reconnaissance pour des raisons de conception hasardeuse ou obsolète figure un monomoteur passablement oublié, le Vultee A-19 américain.
Pour cet avion tout commença en février 1933 avec le premier vol de l’avion de ligne monomoteur Vultee V-1A, un appareil de second rang destiné aux compagnies aériennes américaines. Construit au total à 24 exemplaires, dont la moitié prirent le chemin d’American Airlines, le V-1A permit à Vultee de se lancer dans la construction en série d’un avion moderne. Même s’il ne réussit jamais à s’imposer, majoritairement à cause d’une concurrence trop rude de la part de machines de grande qualité comme le Beechcraft Model-18, le Douglas DC-2, ou encore le Lockheed L-10 Electra, le V-1A marqua durablement son constructeur.
Aussi, lorsqu’en 1935 les ingénieurs de Vultee décidèrent de développer un avion d’arme destiné aussi bien à l’US Army Air Corps qu’à l’exportation ils décidèrent de s’inspirer largement du V-1A. Le nouvel appareil prit la désignation maison de V-11. Rapidement de premiers plans furent présentés à différents clients potentiels. C’est ainsi que la première commande fut passée par la Chine dès la fin 1935 pour une version biplace d’attaque et de reconnaissance construite en deux séries, le V-11G assemblé par Vultee aux Etats-Unis et le V-12 construit localement.
Extérieurement, le Vultee V-11 se présentait sous la forme d’un monomoteur monoplan à aile basse cantilever construit majoritairement en métal. Sa propulsion était assurée par un moteur en ligne Lycoming O-1230-1 d’une puissance de 1 275 chevaux entraînant une hélice tripale en métal. De facture assez moderne pour l’époque le V-11 possédait un empennage classique triangulaire et un train d’atterrissage escamotable. Le V-11 possédait un armement défensif impressionnant. En effet quatre mitrailleuses de calibre 7.62mm étaient installées en position de chasse dans les ailes, tandis que deux armes jumelées et identiques étaient servies par l’observateur dans son poste de tir mobile arrière. La charge de bombe de l’avion atteignait 400kg. C’est dans cette configuration que le premier V-11 vola chez Vultee en décembre 1935.
Immédiatement ce furent trente V-11 qui furent assemblés et livrés par Vultee à la Chine. Dans le même temps, la licence de production pour le V-12 fut signée et les travaux débutèrent, de manière quasi artisanale dans une usine d’état non loin de la frontière sino-birmane. Toutefois, à cette époque la Chine était déjà engagée dans son conflit face à l’empire nippon et rapidement l’usine fut la cible de l’aviation japonaise. Ainsi la production du V-12 fut transférée en Inde. Au total ce sont 25 Vultee V-12 qui furent construits en Chine et en Inde.
Les 55 monomoteurs d’attaque furent massivement employés par les pilotes chinois pour des bombardements contre les positions japonaises, notamment en Mandchourie, et pour appuyer les troupes chinoises. L’un des hauts faits d’arme de ces avions eut lieu en février 1939 lorsqu’ils détruisirent un aérodrome japonais avant même qu’un seul chasseur ai eu le temps de prendre les airs. Une vingtaine d’appareils de l’aviation impériales furent alors détruits par les bombes lancées des monomoteurs Vultee. A la fin de l’année 1939, les Etats-Unis livrèrent gratuitement à l’Inde des kits pour assembler 52 V-12 supplémentaires. Une manière pour l’Amérique de prendre part en toute neutralité à ce conflit.
Outre la Chine des V-11 furent vendus à la Turquie en 1938. Quarante exemplaires furent pris en compte par l’aviation de ce pays qui les utilisa rapidement dans son conflit contre les forces de l’Axe. Toutefois le Vultee V-11 s’avéra rapidement trop léger pour des opérations réellement offensives et la Turquie le fit remplacer rapidement par des Bristol Blenheim. De ce fait les V-11 turques furent réaffecter à des missions de reconnaissance armée et d’entraînement avancé. Ils restèrent en service jusqu’en 1944.
Sur le modèle de ce qui se faisait en Chine, l’URSS fit l’acquisition d’une licence de production du V-11G. Celui ci devint localement le BSh-1, un bombardier léger destiné à appuyer les troupes au sol lors des attaques contre les forces ennemies et notamment les blindés. Une trentaine d’avions furent construits en Union Soviétique en sus d’un avion livré par bateau des États-Unis. S’il s’avérait plus moderne que la majorité des avions similaires utilisés en Russie le BSh-1 ne resta pas longtemps en service en première ligne. En fait il servit surtout de modèle pour des appareils ultérieurs, les fameux Shturmoviks comme l’Ilyushin Il-2.
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