Durant l’entre deux guerres l’US Navy fit voler plusieurs types différents de bombardiers, du plus léger au plus lourd, certains destinés à des missions secondaires de torpillages, d’autres pour des patrouilles maritimes et océaniques, et d’autres encore pour des missions de reconnaissance armée. Dans ce dernier cas les appareils étaient désignés « Scout Bombers« , c’est à dire bombardiers de reconnaissance, et pouvaient tout à la fois mener l’une ou l’autre des missions. Ces avions furent particulièrement répandus jusque durant la Seconde Guerre mondiale, et notamment lors de la Guerre du Pacifique. Le premier d’entre eux fut un petit biplan qui resta en service un peu moins d’une dizaine d’années : le Vought SBU Corsair.
En 1933, l’US Navy lança la fiche programme n°113 concernant un nouveau type d’appareil destiné aux missions de reconnaissance armée et de bombardement léger. Devant la complexité du programme deux constructeurs seulement proposèrent un appareil : Great Lakes et Vought. Le premier proposait un sesquiplan assez complexe tandis que le second proposait un biplan dérivé directement du chasseur F3U. Les deux projets furent respectivement désignés XSBG-1 et XSBU-1.
Mais rapidement le Department of Navy sélectionna le second de ceux ci.
Le Vought SBU-1 se présentait sous la forme d’un biplan embarqué monomoteur biplace en tandem. Il était propulsé par un moteur en étoile refroidi par air Pratt & Whitney R-1535-80 développant quatorze cylindres d’une puissance de 700 chevaux entraînant une hélice à trois pâles. L’avion disposait d’un train d’atterrissage tricycle fixe renforcé et d’une crosse d’appontage. L’équipage se composait d’un pilote et d’un observateur, ce dernier étant installé sur un siège pivotant lui permettant de servir la mitrailleuse mobile Browning d’un calibre de 7.62mm servant à la défense de l’avion. En outre le SBU-1 disposait d’une mitrailleuse identique en position avant fixe, dit de chasse, tirant au travers du pas de l’hélice. En sus il pouvait tirer une bombe de 227kg monté sous le fuselage.
Construit en métal et bois entoilé le SBU-1 vola en octobre 1934, tandis qu’un premier contrat fut passé par l’US Navy en janvier 1935 pour 84 exemplaires. Le SBU fut baptisé Corsair.
Ces avions entrèrent en service quelques semaines plus tard seulement, en mai 1935. Ils furent affectés prioritairement aux Squadrons VS-33, VS-41, et VS-42. Ces unités étaient prioritairement affectées au porte-avion USS Ranger et à la flotte de l’Atlantique.
Par la suite l’US Navy acheta 40 SBU-2 disposant d’un nouveau moteur R-1535-98 d’une puissance de 715 chevaux. Les Corsair furent mis en lumière lorsque l’Amérique déclara sa neutralité en septembre 1939. En effet à cette époque l’USS Ranger patrouillait fréquemment dans les eaux de l’Atlantique nord et se retrouvait donc confronté aux navires et submersibles allemands. Toutefois ne pouvant pas intervenir les Américains se contentaient de montrer leurs armes, ce qui généralement suffisait à faire fuir cet ennemi qui n’en portait pas encore vraiment le nom. Ainsi l’US Navy pouvait porter tranquillement assistance aux navires alliés en difficulté.
A partir de mars 1940 l’US Navy épaula l’US Customs & Border Office, les garde-frontières américains, dans le cadre des missions de souveraineté et de respect de la neutralité des Etats-Unis. A cette occasion le Squadron VS-41 qui disposait de près d’un tiers des effectifs globaux de Corsair vola sur toute la façade atlantique américaine, y compris dans le Golfe du Mexique, afin de prévenir de tous risque provenant des U-Boots. Heureusement pour la Kriegsmarine aucun de ses submersibles ne furent aperçu, le SBU avait la réputation d’être un très bon bombardier en piqué malgré sa faible charge de combat.
Au moment de l’attaque nippone sur Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, le Squadron VS-33 était basé dans le Pacifique et quelques uns de ses SBU participèrent à la bataille de Midway, où à l’instar des Douglas TBD Devastator, ils furent massivement descendus par la chasse ennemie. Pour les Japonais ces petits biplans étaient en effet des cibles faciles.
A partir de juillet 1942 la majorité des SBU Corsair furent donc affectés sur la façade Atlantique pour des patrouilles de reconnaissance et de bombardement contre les sous-marins allemands. A cette fin ces biplans étaient basés à terre et ne volaient que de jour. En effet si les sous-marins allemands ne représentaient pas un réel danger pour eux, il en était tout autrement des hydravions et avions de reconnaissance maritime de la Luftwaffe qui pouvaient s’aventurer jusque dans les Caraïbes.
Finalement les Vought SBU furent retirés du service en novembre 1943 et remplacés par des Curtiss SB2C Helldiver.
Une dizaine de SBU-2 fut alors fournie à l’Argentine qui les utilisa jusqu’à la fin des années 40 dans des missions d’entraînement au bombardement.
Le SBU servit de base pour le SB3U, un appareil testé par la Navy en même temps que le monoplan SB2U Vindicator. En effet il était notoire que la marine américaine était censée préférer les biplans au monoplans. Le SB3U fut battu finalement. Hormis un fuselage redessiné et un train d’atterrissage renforcé, il disposait d’un moteur légèrement plus puissant que le Corsair. Le seul et unique prototype vola jusqu’en 1943 comme avion de soutien au profit du constructeur.
Appareil discret et pourtant ô combien efficace le Vought SBU a la particularité de partager son nom de baptême avec deux autres avions du constructeur, la machine de reconnaissance et d’observation O2U et surtout le célèbre chasseur-bombardier F4U qui s’illustra durant la Guerre du Pacifique. Aujourd’hui un SBU-1 est préservé au National Air & Space Museum de Washington-DC.
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