Sur la fin de son existence le mythique avionneur américain Vought était connu sous l’appellation de L.T.V., contraction de Ling-Temco-Vought. Un regroupement qui avait été rendu obligatoire par les évolutions des marchés de l’aéronautique et de la défense aux États-Unis durant la guerre froide. Ce conglomérat se diversifia rapidement vers les domaines alors porteurs des missiles sol-sol (dont le célèbre MGM-52 Lance) et émergeants des drones (au travers du programme XQM-93) sans pour autant renier l’aviation militaire. Un de ses grands succès dans ce domaine fut l’avion d’attaque A-7 Corsair II et ses sous versions de guerre électronique et d’entraînement avancé. Cet avion ô combien réussi donna même naissance dans les années 1980 à un appareil surprenant destiné à poursuivre son aventure commerciale et technologique. Malheureusement cet YA-7F Strikefighter ne fut jamais produit en série.
Fait intéressant sur le Vought A-7 Corsair II c’est que bien que conçu à l’origine pour être employé sur les porte-avions de l’US Navy il sut trouver sa place dans les rangs des escadrilles de l’US Air Force. À tel point même qu’en 1985 une demande fut formulée par le Pentagone afin que le conglomérat L.T.V. n’en développe une version d’interdiction tactique. Le rôle du futur avion était donc de stopper l’acheminement terrestre des forces ennemies vers une zone donnée voire de détruire les dites forces durant les phases de déploiement. Développé à partir de l’A-7D Corsair II l’avion fut baptisé YA-7F et changea de patronyme, pour Strikefighter.
En fait son développement était né d’un constat des généraux américains. Si le tout nouveau Fairchild-Republic A-10A Thunderbolt II était un redoutable tueur de chars et un avion d’appui tactique de premier plan sa vitesse de croisière trop basse le rendait inapte aux missions d’interdiction tactique. Or les ingénieurs à l’origine de sa conception savaient qu’ils ne pourraient rien y faire. Ce qui n’était pas le cas des gens de chez Vought.
Ils eurent l’idée de greffer un Pratt & Whitney F100-PW-200 en lieu et place de l’Allison TF41-A-1 d’origine. Ce nouveau réacteur était alors celui qui équipait les General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon. Désormais l’avion pourrait voler plus haut, plus longtemps, et surtout plus vite. Alors que jusque là le Corsair II évoluait en haut subsonique le Strikefighter serait supersonique grâce à l’apparition de la postcombustion.
Deux avions de présérie Vought YA-7F Strikefighter furent assemblés. Il ne se différenciaient surtout de l’extérieur que par une tuyère de sortie de réacteur plus longue et par un empennage redessiné. La charge offensive de l’avion atteignaient désormais, en théorie, 7700 kilogrammes de charges externes dont des armes à guidage laser. Outre Atlantique l’enveloppe de 78 millions de dollars US alloués à son développement inquiétait jusqu’à McDonnell-Douglas qui craignait de voir son F-15E Strike Eagle remis en cause par cet YA-7F.
Les essais en vol débutèrent le 29 novembre 1989 par le vol inaugural du premier exemplaire, imité en avril 1990 par le second. Le 2 décembre 1989 le pilote d’essais Jim Read franchit Mach 1 en vol horizontal avec le premier YA-7F Strikefighter. Les généraux de l’US Air Force, et notamment ceux de l’Air National Guard. Cette dernière employait alors un peu plus de 300 exemplaires de l’A-7D Corsair II et voyait cette nouvelle évolution d’un excellent œil. Les essais en vol, et notamment les premiers tirs d’armes de précisions se révélèrent excellents. L’YA-7F pouvait emporter quasiment tout l’arsenal tactique américain de l’époque. Le déclenchement à l’été 1990 de l’opération Desert Shield suite à l’invasion du Koweït souverain par l’Irak détourna quelque peu le Pentagone de l’avion.
Et le conflit qui s’en suivit, l’opération Desert Storm, fut catastrophique pour le Vought YA-7F Strikefighter. Non seulement le Fairchild-Republic A-10A Thunderbolt II y démontra ses qualités intrinsèques d’avion d’attaque mais en outre le très secret Lockheed F-117A Nighthawk se révéla particulièrement efficace dans les missions d’interdiction terrestre. Et comme pour enfoncer le clou un peu plus profondément le General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon, la toute nouvelle évolution du chasseur supersonique, s’afficha adapté à cette mission. À la fin de l’hiver 1990-1991 l’YA-7F Strikefighter avait perdu tout crédit auprès des généraux américains et donc toute raison d’exister. La guerre du Golfe l’avait tué !
Le programme YA-7F Strikfighter fut officiellement annulé en mai 1991. Les généraux américains mirent en avant que l’avion demeurait un excellent « camion à bombes » mais qu’il était devenu inutile, notamment du fait de la disparition de la menace soviétique en Europe. Les deux exemplaires furent immédiatement retiré des rangs du 445th Flight Test Squadron qui les testait et interdits de vol.
Dernier avion d’arme développé par Vought l’YA-7F Strikefighter est aussi le dernier avion de la famille Corsair, née durant l’entre-deux-guerres avec le biplan d’observation O2U. Les deux exemplaires construits ont été préservés, l’un à l’Air Force Flight Test Museum d’Ewards AFB en Californie où il servait et l’autre au Hill Aerospace Museum de Hill AFB dans l’Utah. Les deux sont visibles à l’année.
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