La Première Guerre mondiale fut un conflit charnière. Parmi les grandes premières de cette époque figure celle qui se déroula au-dessus de la commune française de Jonchery-sur-Vesle le 5 octobre 1914. Ce jour là un biplan français piloté par le sergent Joseph Frantz réalise le premier combat aérien réussi de l’Histoire en descendant un biplan de reconnaissance allemand. Pourtant la machine française a l’origine de cette première historique n’a pas du tout été pensé dans ce sens, mais bien comme bombardier. Il s’agit du Voisin Type III.
C’est en 1912 que les frères Voisin eurent l’idée de travailler sur un avion destiné aux militaires. Leur première tentative déboucha sur le type L, un avion faisant appel non pas à une structure en bois et toile comme généralement cela se faisait à l’époque mais bien en tubes d’aciers et toiles. Bien que plus lourd leur machine était également nettement plus rigide et donc robuste pour les opérations militaires. Bien que prometteur pour les officiers s’intéressant alors aux « plus lourds que l’air », le Voisin type L ne fit l’objet d’aucune commande étatique française. Les généraux français, très conservateurs, ne voyaient toujours dans l’aviation qu’un loisir pour fortunés excentriques. Les frères Voisin eurent alors l’idée de présenter leur avion aux autorités britanniques, mais là encore ils essuyèrent un cordial mais franc refus.
La donne changea quand à l’été 1914 la France entra en guerre contre l’empire austro-hongrois et son allié allemand. Les militaires se rendirent compte qu’ils manquaient cruellement d’aéronefs. Ils firent appel aux frères Voisin qui avaient eu le temps d’améliorer grandement leur type L pour en faire une nouvelle machine volante, le Type III ou LA. D’abord cantonnés aux missions de reconnaissance et de réglage d’artillerie, les biplans Voisin furent rapidement affectés à des missions de bombardement contre les positions ennemies.
En ce début d’automne 1914, la France ne fut pas la seule nation à faire appel au Voisin LA. En effet, des avions de ce type furent livrés en Belgique, en Italie, en Roumanie, au Royaume-Uni, en Russie, et en Serbie. A l’instar de leurs homologues français, les aviateurs du Royal Flying Corps utilisaient leurs Type III dans des missions de bombardement. Cependant, ils s’essayèrent également à l’attaque au sol et à l’appui aérien rapproché, deux missions qui nécessitaient que les biplans volent plus bas pouvant ainsi mieux cibler leurs objectifs.
Extérieurement, le Voisin Type III se présentait sous la forme d’un biplan monomoteur de construction mixte en tubes d’acier et toile, avec cependant quelques éléments en bois. La motorisation consistait en un Salmson M9 en étoile d’une puissance de 130 chevaux entraînant une hélice propulsive bipale en bois. Cet architecture permettait de pleinement dégager la vue sur l’avant de l’avion. De ce fait, ce n’était plus le pilote qui se trouvait en place avant, mais bien l’observateur-bombardier, qui en outre servait une mitrailleuse ou un canon mobile. Malgré cela le pilote, installé derrière lui, disposait d’un champs de vision très correct. Le train d’atterrissage fixe présentaient la particularité d’être quadricycle. Son armement défensif se composait donc d’une mitrailleuse mobile Lewis de calibre 7.7mm ou un canon Hotchkiss de 37mm tirant vers l’avant. Sa charge de bombes, installée sous l’avion pouvait atteindre 150 kg, une puissance très importante pour l’époque.
Dès l’hiver 1914-1915, des Voisin LA britanniques et français furent engagés dans des missions de bombardement de nuit. C’était là une grande première pour ces deux nations. Pour permettre d’éclairer au mieux leurs cibles les bombardiers français disposaient de quatre puissants phares montés sur l’essieu avant du train d’atterrissage. Bien entendu, cet équipement réduisait sensiblement la charge offensive des avions.
Réputés plus stables et faciles à piloter que les bimoteurs Caudron G.4 les Type III avaient bien souvent la faveur de l’état-major français pour les opérations jugées délicates.
Au cours de l’année 1915, les Voisin III étaient les principaux bombardiers monomoteurs français, et furent même les premiers à réaliser des opérations massives qui préfiguraient les « box » de Lancaster et Halifax du conflit suivant. Cependant, les progrès réalisés par les Allemands dans le domaine des avions de chasse mettaient de plus en plus les Voisin LA en danger. Ils devenaient des cibles assez aisés pour les pilotes du Kaizer.
De ce fait, les Type III commencèrent à quitter le service actif dès le début de l’année 1916. Ils furent rapidement envoyés en deuxième ligne pour servir d’avion d’entraînement avancé pour les futurs observateurs-bombardiers. Fin 1916, les derniers avaient quitté le service actif dans les rangs britanniques et français.
En Russie, plusieurs de ces avions furent engagés dans la guerre civile qui opposa les « Russes blancs » aux révolutionnaires léninistes. L’aviation impériale russe les utilisa pour bombarder des positions bolchéviques.
La majorité des plus de huit cent cinquante Voisin Type III ou LA construits n’étaient plus en service en novembre 1918 lorsque l’Armistice fut signé. Bien qu’obsolète à la fin du conflit, cet avion fut un des bombardiers majeurs de la guerre. Il est presque dommage qu’on ai surtout retenu de lui le combat aérien du 5 octobre 1914. Aujourd’hui, un exemplaire français est préservé dans l’ancienne aérogare du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget en banlieue parisienne.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.