L’entre-deux-guerres fut une période de faste pour l’aéronautique en Europe. Elle posa aussi les bases d’une hierarchie qui allait exister jusqu’à au-delà de 1945. Les grandes nations du domaine étaient alors la France, l’Italie, les Pays-Bas, et le Royaume-Uni. De par le traité de Versailles de 1919 le cas de l’Allemagne était particulier puisque la majorité des développements et productions se faisaient à l’abri des regards indiscrets. Des nations plus secondaires s’essayèrent alors à posséder elles aussi une industrie digne de ce nom. Ce fut le cas de la Finlande, de la Pologne, de la Roumanie, de la Suède et de la Yougoslavie. Dans la première de ce groupe les productions étaient principalement dédiées au marché indigène comme en témoigne le très réussi petit biplan d’entraînement initial VL Viima.
Après l’échec en 1927 du développement de l’IVL Kurki l’Ilmavoimat se retrouva sans solution afin de former ses pilotes. Elle se tourna alors vers la France et acheta une trentaine de Caudron C.60, un modèle déjà en dotation dans l’Aéronautique Militaire. Bien que plutôt adaptés ces avions souffraient d’une mauvaise réputation auprès des pilotes finlandais en raison de difficultés à obtenir des pièces détachées. L’avionneur IVL étant devenu VL il se vit confier en 1935 le développement d’un nouvel avion école de base.
Un temps les ingénieurs pensèrent développer une version évoluée du biplan Sääski apparu quelques années auparavant afin de mener des missions d’entraînement intermédiaire. Finalement ils choisirent de concevoir un nouvel avion.
Dès le départ le patronyme de Viima, du nom d’un vent violent, fut choisi. L’une des premières décisions fut de sélectionner une motorisation. Après des contacts pris avec des entreprises britanniques et françaises c’est finalement Siemens-Halske et son Sh 14 à sept cylindres en étoile qui furent sélectionnés. Il développait 150 chevaux. Celui-équipait alors des avions comme l’Ambrosini SAI.10 Grifone italien ou encore le Focke-Wulf Fw 44 Stieglitz allemand. Tous deux étaient alors des avions d’entraînement réputés. D’ailleurs sur bien des aspects le nouvel avion finlandais reprenait les grandes lignes de son concurrent en service dans la Luftwaffe.
Extérieurement le VL Viima se présentait sous la forme d’un biplan à ailes décalées de construction mixte en tubes d’aciers, baguettes de bois, et contreplaqués. Les ailes et le fuselage étaient recouverts de toiles. L’élève et son instructeur prenaient place à bord d’un poste de pilotage biplace en tandem à l’air libre. Son moteur Siemens-Halske Sh 14 entraînait une hélice bipale en bois. Par ailleurs le Viima possédait un train d’atterrissage classique fixe se terminant par un patin sous l’empennage classique. L’avion n’était pas armé. Son prototype réalisa son premier vol le 11 novembre 1936.
Commandé à vingt exemplaires par l’Ilmavoimat il entra en service en mars 1937. À cette époque le VL Viima était un des avions d’entraînement primaire parmi les plus modernes en Europe. C’est ce qui poussa l’avionneur finlandais à lui rechercher des débouchés à l’export. Afin de ne pas froisser d’éventuels clients potentiels VL proposa une version dotée d’un moteur britannique De Havilland Gipsy Major à quatre cylindres en ligne d’une puissance de 165 chevaux. Celui-ci équipait alors notamment les Blackburn B-2 et surtout De Havilland D.H.82 Tiger Moth. Malgré quelques touches avec la Lettonie et le Portugal le Viima ne reçut aucune commande étrangères. Deux avions similaires à ceux de l’Ilmavoimat furent acquis par l‘Ilmapuolustuskilta. Cet organisme paramilitaire finlandais assurait alors des missions de surveillance frontalière. Il employa ses Viima de 1938 à 1941 pour des missions d’observation et de liaisons. Ils furent par la suite pris en compte par l‘Ilmavoimat.
De son côté VL conserva les deux exemplaires à motorisation britannique pour ses propres soins, notamment afin de mener des essais en vol. Dans les écoles d’aviation de l’Ilmavoimat le Viima se tailla vite la réputation d’un avion sûr, facile d’entretien, et pardonnant relativement bien les erreurs de pilotage. Un seul exemplaire fut perdu durant la guerre d’Hiver, descendu par un chasseur Polikarpov I-15 soviétique. Pourtant c’est véritablement entre septembre 1944 et avril 1945 que le VL Viima connut l’expérience du combat. L’Allemagne hitlérienne et la Finlande se battaient l’une contre l’autre en Laponie et les biplans d’entraînement furent employés comme avions d’observation et de reconnaissance à vue. Pour cela une mitrailleuse Vickers de calibre 7.7 millimètres pouvait être greffé sur affût annulaire au poste arrière. À cette occasion trois exemplaires furent perdus, mais l’avion rendit de fiers services en indiquant avec précision les positions des troupes nazies.
Une fois la paix revenue le VL Viima reprit sa carrière dans l’enseignement. En avril 1950 les seize exemplaires encore en état de vol se virent dotés d’un poste de pilotage fermé amovible en lieu et place de la canopée arrière, ainsi qu’une nouvelle radio. Ils restèrent encore ainsi en service dix ans avant d’être remplacés par des monoplans Valmet Vihuri nettement plus modernes. Loin d’être déjà bons pour la casse la majorité de ces vénérables biplans d’entraînement fut revendue sur le marché de seconde main. Ils sont devenus dès les années 1965/1970 les coqueluches des aérophiles et autres spectateurs scandinaves de meetings aériens.
Fin 2024 ce sont au moins trois VL Viima qui étaient encore en état de vol et régulièrement présentés au public finlandais. Une preuve de l’excellente robustesse d’un avion école construit à seulement 24 exemplaires. D’autres font la joie des conservateurs et visiteurs de musées aéronautique en Finlande.
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