Nation aéronautique mineure dans le monde la Finlande a pourtant su dès le lendemain de la Première Guerre mondiale se doter d’une industrie assez performante. Articulée principalement autour de l’avionneur VL celle-ci a alors cherché à permettre aux Finlandais de disposer d’un minimum d’indépendance vis à vis des grandes puissances européennes, de l’URSS, et des États-Unis. Une de ses réalisations les plus efficaces fut un gros biplan monomoteur conçu aussi bien pour la reconnaissance aérienne que pour l’entraînement intermédiaire et avancé : le Tuisku.
Au début de l’année 1932 la force aérienne finlandaise demanda au constructeur VL de lui concevoir un avion d’entraînement intermédiaire et avancé permettant d’assurer le remplacement des Avro 504N. Seulement voilà le programme d’origine prévoyait que le futur avion puisse remplir des missions de reconnaissance aérienne. Principal bémol au programme l’entreprise VL ne disposait pas à l’époque d’une assise internationale lui permettant d’espérer une ou plusieurs ventes à l’export. L’avion devrait affronter la concurrence de modèles britanniques ou français provenant de constructeurs plus connus. De ce fait seule l’aviation finlandaise allait assurément en acheter.
Le programme fut désigné Tuisku, du nom d’un vent violent soufflant dans le nord de la Scandinavie. Un prototype fut assemblé.
Extérieurement l’avion se présentait sous la forme d’un biplan de construction mixte disposant d’un fuselage en tubes d’acier recouverts de panneaux de tissus. Les ailes étaient quant à elles en bois et contreplaqué entoilé. Le Tuisku disposait d’un train d’atterrissage et d’un empennage tous de deux de conception classique. La propulsion faisait appel à un moteur en étoile Armstrong-Siddeley Lynx Mk-IV de facture britannique. Celui-ci développait 183 chevaux et entraînait une hélice bipale en bois. L’armement de l’avion se composait d’une mitrailleuse de calibre 7.7mm et d’une capacité d’emport sous voilure de 150kg de bombes au total.
C’est dans cette configuration que le premier vol intervint le 10 janvier 1934.
Immédiatement après la force aérienne finlandaise passa une commande pour vingt-deux exemplaires d’une version terrestre et huit exemplaires comme hydravions à flotteurs de reconnaissance côtière. Là encore ces biplans devaient remplir également des missions d’entraînement au profit de la petite aéronavale finlandaise.
Les premiers exemplaires de série entrèrent en service en mars 1935 sous la désignation (très britannique) de VL Tuisku Mk-I. Mais quelques jours seulement après le prototype s’écrasa lors d’un vol d’essais au profit d’un nouvel armement. Le pilote réussit à survivre en sautant en parachute avant l’écrasement de son biplan.
L’enquête et les analyses des ingénieurs finlandais mirent en lumière des problèmes de motorisation ainsi que de structure. Finalement il fut décidé de changer de motorisation, au profit de l’Armstrong-Siddeley Lynx Mk-IVC d’une puissance de 218 chevaux. En outre il fut décidé d’abandonner l’armement offensif, se contentant de la mitrailleuse installée sur affût annulaire arrière. Ainsi modifiés les avions furent pris en charge comme Tuisku Mk-II. Au final le Tuisku Mk-I ne concerna donc que trois exemplaires terrestres et un hydravion, tous utilisés exclusivement pour l’entraînement.
Lorsque le 30 novembre 1939 la guerre d’Hiver éclata entre la Finlande et l’Union Soviétique le VL Tuisku était tout à la fois le principal biplan d’entraînement intermédiaire en service dans le premier de ces pays, mais également un avion particulièrement employé pour la surveillance des frontières.
C’est d’ailleurs une patrouille de deux Tuisku Mk-II qui repéra dès le 25 novembre 1939 les mouvements de troupes soviétiques près de la frontière. Durant ce conflit d’enlisement de trois mois au moins un de ces biplans a été perdu, du fait de la DCA soviétique.
Puis entre juin 1941 et septembre 1944 les Tuisku furent fréquemment engagés dans des missions de reconnaissance au cours de la guerre de Continuation, la seconde guerre soviético-finlandaise. Et durant ce conflit plusieurs avions furent perdus, notamment du fait de la chasse soviétique. En janvier 1944 un Curtiss P-40E Tomahawk soviétique réussit le tour de force d’abattre deux hydravions Tuisku dans la même nuit. Un troisième fut détruit par mitraillage alors qu’il était au mouillage.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale une quinzaine de VL Tuisku était encore en service, tous en version terrestre. Ces avions furent utilisés jusqu’au début de l’année 1952, exclusivement pour des missions d’entraînement. Ils furent remplacés par des monoplans Valmet Vihuri eux-aussi de conception locale.
Aujourd’hui au moins deux exemplaires sont préservés en Finlande, tous deux en version terrestre.
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