VL Pyörremyrsky

Au cours de la Seconde Guerre mondiale l’Ilmavoimat, l’aviation militaire finlandaise, utilisa une flotte de chasseurs particulièrement hétéroclite. On y retrouvait des avions en provenance de pays très différents, et parfois antagonistes. Ainsi des Caudron C.714 et des Morane-Saulnier MS.406 d’origine française voisinaient avec des Curtiss P-40 Warhawk américains ou encore des Lavotchkin LaGG-3 soviétiques et des Messerschmitt Bf 109 allemands. Plus la guerre avança et plus la Finlande chercha à développer son propre chasseur et c’est ainsi qu’elle se lança dans l’étonnant VL Pyörremyrsky.

Cependant ce dernier n’a rien d’une pure conception finlandaise comme jusque là les ingénieurs de VL y avaient démontré leur savoir-faire. Le programme du Pyörremyrsky relevait d’avantage de la rétro-ingénierie que d’autre chose. Il s’agissait pour les équipes du constructeur d’adapter à leurs besoins le Messerschmitt Bf 109G. En novembre 1942 l’avionneur se vit gratifier d’une commande pour deux prototypes.

VL avait déjà de l’expérience dans le développement de chasseurs avec son modèle léger Pyry, utilisé également pour la reconnaissance tactique et pour l’entraînement avancé. Avec son prototype Humu il avait démontré une certaine habileté justement dans la rétro-ingénierie tirant le meilleur du Brewster B-239 américain. Seulement cette fois le Pyörremyrsky était un bien plus ambitieux avion. Il devait permettre de tenir tête aux meilleurs avions à moteurs à pistons de l’époque.

Ne possédant pas de réserves suffisantes en métaux de construction VL fit le choix de concevoir le Pyörremyrsky en bois et contreplaqué. Disposant de deux Bf 109G sur son territoire, des avions dont les pilotes avaient fait défection, la Finlande possédait ainsi surtout des éléments de premier plan. Le moteur à douze cylindres en V Daimler-Benz DB 605AC fut déposé et remonté avec son hélice tripale en métal sur le prototype finlandais. Le train d’atterrissage et une partie des circuits électriques et hydrauliques furent également utilisés. Pour le reste le VL Pyörremyrsky était bien un avion nouveau.

Le premier des deux prototypes commandés fut assemblé au printemps 1944. De premiers essais statiques furent lancés. L’avion portait alors le serial PM-1, contraction de Pyörremyrsky 1. Et très vite l’Ilmavoimat déchanta. Ce chasseur n’avait même pas volé que déjà il décevait. Le second prototype fut annulé au début de l’été 1944 alors même que son assemblage n’avait pas débuté. En fait dès lors que le moteur DB 605AC était allumé toute la structure de l’avion tremblait. Les 1500 chevaux développés par ses douze cylindres en V étaient de trop pour un avion construit en bois et contreplaqué. Du bricolage comme seuls les ingénieurs de VL savaient en faire eut lieu. Et finalement en novembre 1945 l’avion était prêt à voler. La Seconde Guerre mondiale était terminée, le VL Pyörremyrsky n’avait plus de raison d’exister.

Pourtant donc le 21 novembre 1945 le pilote d’essais Esko Halme fit décoller le prototype. Le VL Pyörremyrsky ne vola pas longtemps, à peine 25 minutes. Sans qu’il ait fait réaliser de manœuvres particulière à l’avion une plaque du capotage moteur se détacha et des fumées noires commencèrent à apparaître. Il était temps de ramener le Pyörremyrsky sur le plancher des vaches. Halme fut même obligé d’être temporairement hospitalisé au retour de ce premier vol. Les suivants ne furent pas plus concluants. Le chasseur était hautement instable et très difficile à piloter. Les différents pilotes d’essais affecté sur son programme le détestaient. Il fut affublé du surnom de « Puu-Mersu« , contraction de « Puinen Messerschmitt » : le Messerschmitt en bois.

Finalement à l’automne 1947 après moins de 28 heures de vols effectifs le VL Pyörremyrsky fut abandonné définitivement. Alors que dans l’histoire de l’aviation beaucoup d’aéronefs furent jugés sous-motorisés lui c’était l’exact inverse : il était surmotorisé. Pourtant il était aussi anachronique à une époque où les premiers jets apparaissaient de concevoir un chasseur à hautes performances entièrement en bois. De nos jours l’unique exemplaire du VL Pyörremyrsky est préservé et exposé au Suomen Ilmavoimamuseo de Tikkakoski.