Avant l’avènement de l’arme atomique le bombardier lourd représentait l’ultime moyen de porter la destruction massive loin derrière les lignes ennemies. La Seconde Guerre mondiale, au travers de raids tels ceux menés par les Alliés contre les villes allemandes de Dresde, Hambourg, ou encore Munich le prouvèrent largement et toujours au prix de morts civils par milliers. Aussi ce conflit fut véritablement l’âge d’or de ce type d’avions avec des machines demeurées dans l’Histoire à l’image de l’Avro Lancaster britannique ou du Boeing B-17 Flying Fortress américain. Nonobstant tous les bombardiers lourds nés à cette période n’eurent pas une carrière couronnée de succès, certains même ne dépassant pas le stade de l’avion expérimental. Ce fut notamment le cas du remarquable quadrimoteur britannique Vickers Windsor.
Au début de l’année 1941 l’avionneur Vickers se vit gratifier, au titre de la Specification 5/41 du développement et la future production d’une version de bombardement à haute altitude de l’avion de reconnaissance Warwick. Cependant plus le temps passait et plus le chantier devint impossible à mener car le futur Warwick B Mk-III se prêtait mal à sa futur mission. Les retards et les désagréments s’accumulaient.
Près d’un an plus tard, alors que la guerre était désormais devenue mondiale, l’Air Ministry émit la nouvelle Specification 3/42. Non ouverte aux autres avionneurs il s’agissait d’une mesure dite de réciprocité dans le jargon militaire britannique de l’époque. Cette fois clairement Vickers allait devoir développer un quadrimoteur connu alors sous la désignation de Type-447. En fait celui-ci allait s’appuyer sur une étude pensée six ans plus tôt dans le cadre de la Specification 12/36 qui avait vu la sélection puis la commande du Short Stirling.
C’est l’ingénieur en chef Rex Pierson qui fut chargé du programme. Il utilisa la technique dite de l’assemblage géodésique qui avait déjà fait ses preuves justement sur le Warwick mais également avant cela sur le Wellesley. Cette méthode utilise une structure de tressage en spirale et permet de rigidifier le fuselage tout en le rendant léger et ultra résistant. On la devait au génie de l’ingénieur Barne Wallis.
Pour la motorisation il fit appel à quatre Rolls-Royce Merlin Mk-65 à douze cylindres en V d’une puissance de 1315 chevaux. Destiné à voler au-delà de la portée des chasseurs de la Luftwaffe et de la Regia Aeronautica le Type-447 ne disposait pas d’un armement défensif particulièrement impressionnant. Il était cependant assez surprenant. Deux mitrailleuses jumelées Vickers de calibre 7.7 millimètres étaient installées dans un poste de tir à l’avant de l’avion tandis que quatre canons Hispano de calibre 20 millimètres furent eux aussi jumelés. Ils tiraient vers l’arrière depuis des postes de tir automatisées installés à l’arrière des nacelles des moteurs extérieurs. La charge de bombe atteignait 5450 kilogrammes.
C’est dans cette configuration que le prototype réalisa son premier vol le 23 octobre 1943 depuis le centre d’essais en vol de Farnborough. À la même époque il reçut le patronyme de Windsor. Lors des essais en vol il démontra sa capacité à atteindre 7620 mètres d’altitude et 485 kilomètres heures en vitesse de croisière.
Intéressée par ses performances la Royal Air Force passa commande de deux autres prototypes. Ils étaient désignés Type-457 et disposaient de quatre Rolls-Royce Merlin Mk-85 d’une puissance unitaire de 1635 chevaux. La malchance voulut que le premier prototype s’écrasa à l’atterrissage, causant la mort de deux de ses six membres d’équipage. Un mauvais entretien de la piste fut mis en avant par les enquêteurs. Les restes de l’avion furent envoyés à la casse. Le premier Type-457 vola le 15 février 1944 et le second le 11 juillet de la même année.
Le premier vol du prototype de l’Avro Lincoln, quelques jours avant celui du troisième Vickers Windsor, annonçait déjà la futur déroute de l’avion conçut par Rex Pierson. En effet le nouvel avion était plus simple, globalement mieux défendu, et surtout plus lourdement armé. Finalement début 1945 l’Air Ministry annonça que la RAF ne passerait aucune commande autour du Windsor. Malgré cela les deux prototypes continuèrent de voler jusqu’en mars 1946 avant d’être versés à une école de formation des mécaniciens aéronautiques. On ignore exactement à quelle période ils furent ferraillés.
Dernier bombardier britannique conçu selon la technique géodésique le Vickers Windsor marqua également le début d’une longue période de déclin pour l’avionneur. Par la suite l’ingénieur Rex Pierson mena le chantier de développement de l’avion de ligne VC-1 Viking.
Il ne reste de nos jours plus rien du Windsor.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.