Durant l’entre-deux-guerres et le début de la Seconde Guerre mondiale le Royaume Uni fit un usage intensif des avions coloniaux. Il s’agissait souvent d’aéronefs spécialement adaptés aux conditions climatiques particulières qu’on pouvait rencontrer dans les différentes régions de ce que l’on appelait encore l’Empire. Parmi ces avions figurait un gros biplan monomoteur apte à la fois à des missions de reconnaissance photographique autant qu’à celles de bombardement léger : le Vickers Vincent.
Les origines de cet avion remontent à mars 1933 quand l’Air Ministry émit la Specification 21/33 relative à un avion colonial apte au remplacement de deux avions vieillissants : le Fairey IIIF et le Westland Wapiti. Pourtant il ne s’agissait nullement d’un appel d’offres, la Royal Air Force ayant déjà en vue un avion à partir duquel développer cette machine : le bombardier-torpilleur de reconnaissance Vickers Vildebeest.
Le nouvel avion reçut la désignation de Vickers Type 266.
L’idée des ingénieurs de Vickers et des décideurs de l’Air Ministry était d’en développer un avion adapté aux opérations aussi bien en extrême-orient qu’en Afrique. Parmi les points particuliers figuraient l’abandon de la mission de torpillage et la possibilité d’emporter deux appareils photos dans le plancher du fuselage de l’avion. En lieu et place des bombes le Vickers Type 266 pouvait emporter dans certains cas des bidons d’eau potables ou même des charges de fret sous la forme de colis.
Extérieurement il présentait de grosses similitudes avec le Vildebeest mais avec de nettes améliorations aérodynamiques. Sa propulsion tournait autour d’un moteur en étoile Bristol Pegasus Mk-II-M3 d’une puissance de 660 chevaux entraînant une hélice bipale en bois et métal. Au niveau de l’armement le Vickers Type 266 possédait une mitrailleuse synchronisée Vickers de calibre 7.7mm ainsi qu’une Lewis de même calibre en position arrière sur affût annulaire. Le prototype réalisa son premier vol en novembre 1933. Il reçut le patronyme de Vickers Vincent.
À la mi-1934 les premiers des 51 Vickers Vincent Mk-I entrèrent en service dans la Royal Air Force au Soudan afin d’assurer des missions de contrôles jusque dans le golfe d’Aden. D’autres furent par la suite déployés à Hong-Kong, puis en Inde et en Malaisie. Ils permirent de remplacer, et de ferrailler sur place, la majorité des Fairey IIIF utilisés comme tels.
La même année l’Air Ministry émit la Specification 16/34 relative à la construction de 120 exemplaires neufs et la transformation de 26 exemplaires du Vildebeest en Vincent Mk-II. Ceux-ci avaient bien plus le rôle de bombardiers légers que les Vincent Mk-I. Entrés en service à partir de janvier 1936 ils avaient la possibilité d’emporter des bombes incendiaires et même quatre roquettes air-sol dans certaines conditions.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata en septembre 1939 le Vickers Vincent était encore le principal bombardier léger en dotation dans les colonies britanniques. Ils furent engagés notamment dans des missions de harcèlement contre les armées italiennes au-dessus de la Mer Rouge. Début 1940 le gros des Vickers Vincent encore en état de vol fut regroupé au sein du Squadron 244 basé en Irak où ils menèrent des missions d’appui aérien rapproché au profit des troupes britanniques engagés contre les forces allemandes.
À partir de mars 1940 les Vickers Vincent commencèrent à être remplacés par des Bristol Blenheim en Asie puis quelques mois plus tard par des Bristol Beaufort en Afrique. À la même époque la Royal New Zealand Air Force reçut une quarantaine de Vincent Mk-II qu’elle affecta à des missions de reconnaissance armée dans le Pacifique jusqu’à leur retrait de la première ligne au début de l’année 1943. Cependant cela ne scella pas définitivement le sort de cet avion puisqu’une quinzaine d’exemplaires fut utilisé jusqu’à la fin du conflit comme remorqueur de cible pour l’entraînement des futurs servants de DCA. Afin de ne pas être confondu avec l’objet de leurs tirs ces Vincent furent repeints intégralement en jaune canari.
Avion trop souvent confondu avec le Vildebeest dont il est issu le Vickers Vincent est symptomatique de ces avions coloniaux utilisés par les Britanniques dans les années 1930.
De nos jours aucun n’a été préservé !
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