Si la Première Guerre mondiale vit l’apparition réelle de l’aviation militaire elle permit surtout de défricher certains domaines du vol et d’emploi de l’arme aérienne. C’est ainsi qu’on vit apparaître les premiers bombardiers et les premiers chasseurs.
Le premier chasseur. Tout un programme revendiqué par chacun des belligérants. Au Royaume-Uni le candidat au titre est un surprenant biplan à moteur propulsif construit en petite série et utilisé durant seulement une année en tant que tel avant d’être relégué à des tâches secondaires : le Vickers F.B.5 Gunbus.
Dès 1912 une équipe d’ingénieurs britannique appartenant à la société Vickers chercha à mettre au point une famille d’avions destinés aux forces armées. Il s’agissait dans un premier temps de mettre en service des machines destinées au réglage des tirs d’artillerie et à l’observation diurne du champs de bataille. Cependant cette équipe était relativement néophyte et elle décida de faire appel à un avion existant déjà. Ainsi Vickers fit l’acquisition d’un biplan civil Farman type III, un monomoteur construit en région parisienne. Dans le même temps l’avionneur français développait aussi un avion militaire, le MF-7, dont l’architecture générale influença visiblement les ingénieurs britanniques.
En fait à l’époque le gros de l’industrie aéronautique britannique était tellement balbutiante qu’elle n’hésitait pas à copier ce qui se faisait alors de l’autre côté de la Manche. Après plusieurs tentatives infructueuses, notamment les avions expérimentaux Vickers E.F.B.1 et E.F.B.2, les équipes de Vickers réussirent à mettre au point un premier avion réussi, le F.B.5. Les lettres F et B signifiaient Farman Biplane, c’est à dire biplan Farman reconnaissant publiquement la parenté avec les avions français. Initialement le Vickers F.B.5 fut pensé comme un avion d’observation diurne armé. D’autant que l’époque était déjà troublée en Europe.
Extérieurement le Vickers F.B.5 se présentait sous la forme d’un biplan biplace en tandem construit en bois et toile. Sa propulsion était assurée par un moteur rotatif à neuf cylindres Gnome Monosoupape d’une puissance de cent chevaux. Il entraînait une hélice propulsive bipale en bois. Son train d’atterrissage classique fixe se composait de deux roues sur l’avant et d’un patin en bois fixé sous l’empennage. L’armement de l’avion se composait d’une mitrailleuse mobile Lewis de calibre 7.7mm tirant vers l’avant et sur les côtés, et servi par l’observateur. Le pilote prenait place derrière lui dans un cockpit rudimentaire.
C’est dans cette configuration que l’avion réalisa son premier vol le 17 juillet 1914.
En fait durant la phase d’essais et la période de définition de l’avion la guerre éclata. Le tout jeune Royal Flying Corps recherchait activement des avions, et dut se contenter d’aéronefs acquis en France. Aussi l’état-major pressa Vickers de définir définitivement son F.B.5. Mais surtout c’est le combat aérien de Joseph Frantz et Louis Quenault qui amena le nouvel avion à une redéfinition de sa future mission. D’avion d’observation il venait de se muer en chasseur.
Les premiers Vickers F.B.5 entrèrent en service dans le RFC en février 1915, étant rapidement envoyé sur le front en France. Ses premiers engagements furent couronnés de succès, le F.B.5 étant très supérieur aux monoplans Taube alors en vaste dotation dans les rangs allemands et austro-hongrois. Pourtant l’avion britannique n’était pas exempt de critiques : il était très lent , virait difficilement, mais surtout le pilote disposait d’un champs de vision déplorable, en grande partie à cause de la présence de l’observateur mitrailleur.
Ce sont d’ailleurs ces militaires là qui lui attribuèrent le surnom de Gunbus, qui allait devenir rapidement son patronyme officiel.
Copié sur des avions français, l’ironie de l’Histoire veut que l’avion britannique fut acquis par l’Aéronautique Militaire Française. Soixante-quinze exemplaires furent construits sous licence et engagés pour des missions de défense aérienne au-dessus de la région de Reims. Mais rapidement les Vickers F.B.5 furent relégués à des missions secondaires, notamment l’entraînement. Les pilotes français le considéraient comme trop lourd, trop lent, et finalement inadapté au combat aérien.
Néanmoins il faut savoir que le RFC conserva ses F.B.5 Gunbus comme chasseurs jusqu’au début de l’année 1916, époque à laquelle ils avaient été surclassés par l’ensemble des chasseurs allemands et austro-hongrois apparus sur le front, et notamment les fameux Fokker E.III. Après avoir perdu plusieurs avions en opération l’état-major britannique décida de les réaffecter à des missions d’observation et de reconnaissance diurne, ce pourquoi il avait été initialement pensé. Mais là encore le biplan demeurait une cible facile, notamment pour les tirs provenant des lignes ennemies.
Finalement les derniers Vickers F.B.5 Gunbus furent retirés du service actif par le RFC en juillet 1916. Un mois auparavant les Français en avaient fait de même. Il est intéressant de voir qu’une quinzaine de ces avions volèrent encore jusqu’à la fin de l’année 1916 au sein de la jeune aviation danoise pour des missions d’entraînement et d’observation non armée.
Premier chasseur biplace britannique opérationnel dans le Royal Flying Corps, parfois confondu à tort avec l’Airco D.H.2, le Vickers F.B.5 n’était pas à proprement parler un avion réussi. Cependant il devait à terme permettre la naissance d’une des aviations de combat parmi les plus efficaces du monde, la future Royal Air Force. De nos jours un superbe exemplaire est préservé au RAF Museum de Hendon dans le nord de Londres.
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