Créé afin de remplacer le Tupolev Tu-4, le programme du Tupolev Tu-95 Bear fut lancé en 1949, le premier prototype prenant l’air le 12 novembre 1952. Doté de 8 turbopropulseurs Kuznetov 2-TV-F, il s’écrasa le 11 mai 1953. Un second prototype pris l’air le 16 février 1955 et fut propulsé par 4 turbines Kuznetov TV-12. Il fut tout d’abord connu sous le nom Tupolev Tu-20 par le bloc Ouest, désignation qui tomba peu à peu dans l’oubli.
Le Bear possède des ailes médianes et un empennage en flèche et trois compartiments pressurisés dans le fuselage pour l’équipage. Les ailes emportent la totalité du carburant. Chaque moteur possède deux hélices contrarotatives d’un diamètre de 5,60 m. Des pilotes alliés lui attribuent une accélération impressionnante. La tourelle de queue possède deux canons NR-23 de 23 mm.
Le Tu-95 Bear-A est la version de bombardement stratégique équipée d’un radar de bombardement Short Horn et d’un détecteur d’alerte radar Bee Hind apparue en 1955. Le Bear-B emporte le radar Crow Drum et le missile AS-3 Kangaroo et entra en service en 1961. Le Bear-C est un Bear-B doté d’un nouveau radar apparu en 1964 et utilisé pour la guerre et l’espionnage électronique.
Le Tu-142 Bear-D est un Bear-A identifié pour la première fois en 1967 modifié pour la reconnaissance maritime. Le Tu-142 Bear-E est identique mais possède une perche de ravitaillement en vol. Le Tu-142 Bear-F est une version de lutte ASM -pour contrer les bâtiments américains de classe Polaris et Poséidon- identifiée en 1973 et le Tu-142 Bear-G est identique au Bear-B mais équipé du missile AS-4 Kitchen et du radar d’attaque Down Beat. Le Tu-142 Bear-H est équipé de missiles de croisière AS-X-15 qui permettent des attaques à basse altitude et à distance de sécurité. Il fut aperçu en 1984. Le Tu-142 Bear-J est un Bear-F modernisé pour les communications avec les sous-marins.
Les Tu-95/1 et Tu-95/2 furent les prototypes. Le Tu-95 Bear-T est une version d’entrainement et le Tu-126 Moss est une version AWACS. Le Tu-95K un appareil expérimental destiné à larguer un chasseur MiG-19 en vol. Le Tu-95M-55 est un transporteur de missiles et le Tu-95N une version destinée à larguer un avion fusée. Le Tu-96 est un projet de bombardier à grande vitesse qui ne s’envola jamais et le Tu-119 un appareil à propulsion nucléaire qui ne vola jamais également. Le Tu-142LL fut un banc d’essai moteur. Le Tu-114 est une version de transport civile.
Le Bear fut acquis par l’Inde qui en acheta 8 pour des missions PatMar et l’URSS. L’Ukraine en utilisera après la chute du mur tout comme le fit la Russie
Les unités équipées de Bear furent toujours en alerte au cas ou un bombardement du bloc de l’Ouest fut inévitable. Il servit également pour le transport de bombes et de missiles à travers l’URSS et de patrouilleur maritime. De nombreux Bear furent interceptés par des appareils de l’OTAN car ils volaient dangereusement près de zones interdites, mais aucun ne fut abattu même si un Bear et un F-16 norvégien entrèrent en collision dans les années 80 lors d’une interceptions. Les deux appareils rentrèrent à leurs bases. Il largua également la bombe la plus puissante jamais construite : Tsar Bomba. Malgré l’arrêt des vols stratégiques en 1992, la Russie a repris ses vols de bombardiers et, depuis 2007, les Tu-95/142 ont repris leurs patrouilles d’antan avec les Tupolev Tu-160.
L’histoire du Bear est étrange. Bien que jugé démodé par les observateurs occidentaux en 1956 lors de sa présentation au salon aéronautique de Tuchino en raison de son mode de propulsion puis craint car aucun équivalent n’était en service à l’Ouest et car les spécialistes de défense furent soucieux qu’il ne soit possible de l’intercepter, il est toujours en service de nos jours après que sa fabrication n’ait été arrêtée en 1991. En 2006, 64 appareils étaient toujours en service en Russie. En 2020 la majorité l’était encore.
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