Isolé géographiquement de son allié allemand le Japon dut bien souvent concevoir lui-même ses propres aéronefs. Pourtant quelques machines conçues par les avionneurs du Troisième Reich furent employées par l’aviation et la marine impériales. L’un des plus emblématiques fut le biplan d’entraînement primaire et intermédiaire Kokusai Ki-86, issu du célèbre Bücker Bü 131 Jungmann allemand. Cependant le remplacement de cet avion commença a se faire ressentir et déboucha en 1943 par le développement du monoplan Tokyo Koku Ki-107, dont les Alliés découvrirent l’existence après Nagasaki.
Au début de l’année 1943 le Ki-86 est le principal avion d’entraînement primaire et intermédiaire de l’aviation impériale nippone. Ce petit biplan souffre cependant d’une motorisation jugée insuffisante et d’une utilisation tellement intensive qu’elle a fragilisé la flotte aérienne. L’état-major nippon décide alors de lui trouver un successeur, à moindre coüt car le Japon met avant tout ses budgets sur les aéronefs, avions et hydravions, permettant de combattre efficacement les forces alliées.
C’est alors que le tout petit bureau d’étude Tokyo Koku, jusque là connu pour l’élaboration de planeurs d’entraînement, propose de développer un monoplan reprenant plusieurs traits issus justement du Bü 131 allemand. Il conserve même le moteur du Ki-86.
À la fin de l’été 1943 un prototype est commandé. Il est rapidement fabriqué, et à l’instar de la majorité des avions expérimentaux japonais de son temps il est peint en rouge, seulement rehaussé de la fameuse Meatball rouge. Extérieurement l’avion de Tokyo Koku n’est pas sans rappeler le Miles M.14 Magister britannique. Il réalise son premier vol au début du mois d’octobre 1943. Une commande est officiellement passée peu avant Noël 1943 sous la désignation de Tokyo Koku Ki-107. Elle porte sur 450 exemplaires.
Extérieurement il s’agit d’un monoplan à aile basse de construction mixte en bois, contreplaqué, et métal. Pour autant l’utilisation de ce dernier est réduit au strict minimum pour des raisons économiques. L’élève pilote et son instructeur prennent position dans un cockpit biplace en tandem à l’air libre. Le moteur Hitachi Ha47 du Tokyo Koku Ki-107 développe 110 chevaux, ce qui est à cette époque énorme pour un avion de 750 kilos à vide. Évidemment non armé le monoplan conserve un train d’atterrissage tricycle fixe.
Les premiers exemplaires de série entrent en service en février 1944.
Quelques jours avant, en janvier 1944, le prototype a connu un accident majeur à l’atterrissage. Son train d’atterrissage s’est brisé et l’un des deux pilotes d’essais a été tué sur le coup. Le second s’en sort sans trop de dommages, ne souffrant que de blessures légères. Pour autant la force aérienne impériale nippone ne reporte pas l’entrée en service de l’avion. Pour des raisons d’adaptation aux besoins industriels la société Tokyo Koku peine à sortir plus de huit Ki-107 par mois. Ces avions sont alors quasiment fabriqués à la main. L’état-major ordonne alors des agrandissements qui éveillent les soupçons des Alliés. Sans savoir ce qu’il s’y trame exactement l’US Army Air Force reçoit l’ordre de bombarder les usines de l’entreprise. Croyant détruire des planeurs les équipages de Boeing B-29 Superfortress raye en fait de la carte le dernier né des avions d’entraînement japonais. La société est totalement ravagée par l’incendie des bombes américaines et la production du Ki-107 s’arrête immédiatement. Seuls vingt-huit exemplaires de série ont été livrés.
Ils équipent alors une seule école d’aviation, obligeant l’aviation impériale a conserver ses Kokusai Ki-86. Quand la Seconde Guerre mondiale prend fin en août 1945 les Américains découvrent ce petit monoplan dont ils ne connaissaient rien. C’est ce qui explique que le Tokyo Koku Ki-107 n’a jamais été codé par les forces alliées.
Fin 2020 il semble ne plus rien rester de cet étonnant avion si mal connu.
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