Thomas-Morse MB-3 Tommy II

Si elle est aujourd’hui toute puissante l’industrie aéronautique américaine n’était pas du tout la même il a un siècle. Elle était encore balbutiante et à l’exception de Boeing qui débutait son activité elle ne comptait que des constructeurs aujourd’hui globalement disparus. L’un de ces principaux était alors l’industriel Thomas-Morse qui s’était fait connaître durant la Première Guerre mondiale avec l’un des très rares chasseurs américains, le S-4 Tommy. Elle réitéra une fois la paix revenue avec un biplan de petite taille construit en grande série : le MB-3 Tommy II.

C’est en janvier 1918 que l’industriel américain Wright eut le droit de produire sous licence le moteur français à huit cylindres en V Hispano-Suiza 8. Il reçut aux États-Unis la désignation de Type H. Dès lors le jeune US Army Air Service put lancer un programme visant à la dotation d’un chasseur animé par celui-ci. Nous étions alors en mars 1918 et l’idée était de trouver un successeur au SPAD S.XIII alors le meilleur chasseur en service dans l’aviation américaine. Trois avionneurs américains se mirent sur les rangs : l’Engineering Division avec son VCP-1, Lewis & Vought avec son VE-8, et enfin Thomas-Morse avec son MB-3. Si le second était un dérivé monoplace du VE-7 d’entraînement les deux autres étaient des avions totalement neufs.

En fait le MB-3 avait été pensé pour être le plus compact possible. Extérieurement il se présentait sous la forme d’un avion très ramassé. Outre son moteur à huit cylindres en V Wright H d’une puissance de 300 chevaux entraînant une hélice quadripale en bois l’avion possédait un train classique se terminant par un patin de queue. Son armement se composait de deux mitrailleuses synchronisées Lewis de calibre 7.62 millimètres. Le pilote prenait place dans un cockpit à l’air libre de taille là aussi assez réduit.
C’est dans cette configuration qu’il réalisa son premier le 21 février 1919. Outre le prototype trois avions de présérie furent construits.

Devant l’échec de Lewis & Vought à proposer son VE-8 et la lenteur de développement du VCP-1 l’US Army décida d’affecter dès le surlendemain de ce vol inaugural un contrat pour la construction en série de cinquante Thomas-Morse MB-3. Afin de marquer une filiation avec le chasseur S-4, qui dans les faits n’exista jamais, les militaires lui attribuèrent le patronyme de Tommy II. Dans le même temps l’avionneur travaillait sur une version améliorée, ne croyant pas en l’avenir des hélices quadripales.
En fait un homme aux États-Unis avait véritablement foi dans ce chasseur : le colonel William Mitchell, un des futurs plus grands stratèges de l’aviation militaire mondiale.

Alors que les premiers Thomas-Morse MB-3 Tommy II entrèrent en service dès la fin mars 1919 l’entreprise travaillait déjà sur le MB-3A amélioré et doté d’une hélice bipale. Dans le même temps l’US Marines Corps passa commande pour onze avions, faisant du MB-3 son tout premier véritable chasseur. Jusque là il n’avait employé que des avions que l‘US Navy lui prêtait.
Outre les SPAD XIII les MB-3 permirent de remplacer dès 1921 les Royal Aircraft Factory SE.5a acquis auprès de la Grande Bretagne. L’année suivante les premiers MB-3A faisaient leur apparition dans les rangs de l’aviation américaine.

Sur deux cent exemplaires commandés par l’US Army Air Service le constructeur Thomas-Morse ne produisit que douze MB-3A. Les cent quatre-vingt-huit machines restantes le furent par Boeing, ce qui permit à ce constructeur de se faire la main sur l’usinage de chasseurs. Thomas-Morse tenta également de proposer son Tommy II à l’export mais sans succès. Les productions américaines ne réussissaient alors pas à concurrencer les machines britanniques et françaises sur le marché internationale.
Outre la nouvelle hélice bipale et un système de refroidissement modernisé la grosse différence entre le MB-3 et le MB-3A résidait dans l’armement. Désormais une seule mitrailleuse synchronisée de calibre 7.62 millimètres était implantée dans le chasseur, couplé à une arme similaire mais d’un calibre de 12.7 millimètres. Cet équipement était alors très inhabituel et assez inédit.

Entre l’été 1922 et l’automne de l’année 1926 les Thomas-Morse MB-3/MB-3A Tommy II furent les principaux chasseurs en service dans l’aviation américaine. Pour autant ils ne furent jamais engagé au feu, les États-Unis connaissant alors une période de relative paix.
L’US Army Air Corps qui apparut en juin 1926 lança rapidement le remplacement de ces avions. Curtiss PW-8 et Boeing PW-9 furent chargés de ce rôle. Dans l’US Marines Corps les dix avions encore en état de vol, un avait été perdu lors d’un accident mortel en mars 1922, durent attendre jusqu’en février 1929 que l’US Navy daigne affecter huit Boeing F2B à ce rôle.

Chasseur américain de transition relativement retombé dans l’oubli le Thomas-Morse MB-3 Tommy II donna naissance à deux sous versions de courses : les monoplaces MB-6 et MB-7. Ils ont été respectivement construits à trois et deux exemplaires. Présentés à différentes éditions du trophée Pulitzer ils ne réussirent jamais à briller et ne connurent qu’une carrière de quelques mois chacun.
De nos jours il ne reste rien du MB-3 ni de ses deux dérivés.