Entre les années 1980 et 2000 plusieurs pays ont réussi à émerger dans le domaine aéronautique, y compris des nations mineures technologiquement parlant. C’est le cas de la Turquie. Ce pays a commencé par divers programmes d’avions légers et de drones avant de s’orienter vers des objectifs plus ambitieux. C’est ainsi qu’au tout début du 21e siècle l’avionneur étatique Turkish Aerospace Industries se lança dans un programme visant à développer une version locale de l’hélicoptère de combat italien AgustaWestland AW.129 Mangusta. Agrandi et amélioré il donna naissance au T129 ATAK.
Au début des années 2000 l’armée turque lance un programme d’achat visant à trouver un successeur à ses hélicoptères de combat Bell AH-1F Cobra en service depuis la guerre froide. Quatre constructeurs y ont répondu alors : AgustaWestland, Bell, Boeing, et enfin Eurocopter. Les appareils en lice sont donc respectivement l’AW.129 Mangusta, l’AH-1Z Viper, l’AH-64D Apache, et l’EC-665 Tiger. Mais très rapidement Bell décide de retirer son hélicoptère de la compétition laissant seuls les trois autres constructeurs.
Afin d’être sûr de l’emporter sur ses deux concurrents de taille le groupe AgustaWestland propose que la Turquie assure l’assemblage sous licence mais également des modifications substantielles sur le Mangusta. Le programme mené par TAI est alors baptisé T129 ATAK.
Et finalement début 2007 le couperet tombe pour Boeing et Eurocopter : l’appareil italien est sélectionné et commandé à soixante exemplaires.
L’accord signé entre l’Italie et la Turquie prévoit que le T129 ATAK puisse disposer de son propre armement, d’une avionique revue et corrigée, et même d’un fuselage légèrement redessiné. La motorisation est revue et corrigée au profit de turbines anglo-américaines plus modernes.
L’armement tourne autour d’un canon gatling M197 de calibre 20mm à grande cadence de tir et de munitions emportées sous moignons de voilures. Des missiles antichars BGM-71 Tow de facture américaine ainsi que la roquette Hydra de 70mm assurent le gros de son arsenal. Si dans l’ensemble le T129 ATAK a tout d’une version améliorée du Mangusta, en fait l’hélicoptère turc est légèrement plus gros.
Le prototype de l’appareil a volé pour la première fois le 28 septembre 2008.
Pourtant les essais en vol ont fait naître une polémique en Italie. La crainte que la Turquie réussisse à mieux vendre à l’export son T129 ATAK que le Mangusta lui-même. Car l’accord d’origine signé entre Ankara et Rome prévoyait que le constructeur TAI puisse commercialiser lui-aussi ses propres machines. C’est pourquoi un avenant a été signé afin de justifier que jamais le T129 et l’AW129 ne devraient se retrouver concurrent et qu’au cas où cela arriverait la Turquie devrait se retirer du marché.
Enfin en mai 2014 les neuf premiers hélicoptères de série sont entrés en service opérationnel dans l’armée turque. C’est à cette même époque que TAI propose une version améliorée de son appareil dotée notamment de la roquette à guidage laser Cirit de 70mm en lieu et place de l’Hydra. Le missiles antichar AGM-114 Hellfire y fait aussi son apparition, remplaçant ainsi un missile Tow jugé vieillissant. En outre il a été optimisé pour l’emport et le tir de deux missiles air-air AIM-92 Stinger. Il est à noter que la roquette Cirit est la concurrente turque de la célèbre APKWS britannique.
Désigné T129B l’appareil entre en service en 2015 à partir du dixième hélicoptère produit.
Ankara a utilisé ses TAI T129 ATAK dans la guerre menée contre le djihadisme en Syrie mais également face aux troupes kurdes se battant aux côtés de la coalition internationale. Dans les deux cas les hélicoptères de combat ont été employés pour des missions anti-personnelles et contre les véhicules légers, de jour comme de nuit.Si les trois raids ont concerné des T129A par la suite ce sont les T129B qui sont entrés en guerre. Et à chaque fois avec succès.
Alors qu’AgustaWestland puis Leonardo sont à la peine pour vendre le Mangusta il en est tout autrement de TAI et de son T129 ATAK. L’appareil a d’ores et déjà été vendu à deux pays étrangers. Le Pakistan en a commandé trente exemplaires et les Philippines huit autres.
Des pays comme le Brésil, le Nigeria, le Qatar, ou encore le Venezuela ont fait savoir qu’ils s’intéressaient également à l’appareil turc.
L’expérience de l’assemblage du T129 a permis à TAI de se lancer dans un programme plus ambitieux : un premier hélicoptère réellement turc désigné T625 et qui doit beaucoup aux appareils d’Airbus Helicopters et de Lonardo.
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