Quand on s’intéresse un tant soit peu au monde des drones on découvre bien vite qu’en dehors des États-Unis la nation pionnière fut Israël. L’état hébreu basa une bonne partie de son industrie aéronautique sur les avions sans pilote dès les années 1970. Il s’agissait en fait d’un enseignement de la guerre du Kippour de 1973. À l’époque sa reconnaissance tactique reposait principalement sur de puissants mais ô combien bruyants McDonnell RF-4E Phantom II alors en service depuis quatre ans. L’idée de concevoir des aéronefs plus silencieux pour des missions à courte distance se concrétisa autour d’un petit engin radio-piloté : le Tadiran Mastiff.
Quelques semaines seulement après la guerre du Kippour un groupe d’ingénieurs aéronautiques israélien passa un accord avec l’entreprise Tadiran Electronics Industries autour d’un projet de construction d’une petit drone de reconnaissance. À cette époque cette technologie était principalement connue des Américains mais Heyl Ha’Avir avait vraiment besoin de telles machines.
L’accord prévoyait quelques modification à la machine qui reçut la désignation de Mastiff.
Extérieurement le Tadiran Mastiff se présentait sous la forme d’une structure métallique et plastique recouverte de panneaux de contreplaqué et d’aluminium. Le tout donnait un aéronef particulièrement léger. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute doté d’un fuselage de section rectangulaire se terminant par deux poutres soutenant un empennage un T. Sa motorisation tournait autour d’un Kolbo bicylindres en ligne de 14 chevaux entraînant une hélice propulsive bipale. Le drone disposait d’un train d’atterrissage tricycle fixe.
C’est dans cette configuration que le prototype vola en février 1975.
Au cours de la même année les premiers exemplaires sont entrés en service au sein de Heyl Ha’Avir. Un premier lot de cinquante drones fut commandé un mois seulement après ce vol inaugural.
Pour opérer les les Tadiran Mastiff étaient radio-pilotés depuis un poste située à bord d’un blindé léger, d’un camion, ou d’un shelter. Afin de le faire décoller deux solutions s’offraient aux militaires israéliens : de manière classique depuis le tarmac d’une base aérienne ou bien à partir d’une rampe de catapultage pneumatique installée sur un camion ou à même le sol. De la même manière le Mastiff avait deux modes d’atterrissage : là encore sur une piste comme n’importe quel avion ou bien grâce à un parachute intégré à un conteneur amovible.
Entre la seconde moitié des années 1970 et la fin des années 1980 le Tadiran Mastiff fut le principal drone léger de reconnaissance de l’aviation israélienne. Il fut utilisé aussi bien pour survoler la bande de Gaza, que pour contrôler les frontières septentrionales du pays, non loin du Liban. Le très stratégique plateau du Golan était fréquemment observer par les deux petites caméras vidéos du drone. D’autres furent engagés contre les forces libanaises et syriennes au moyen de contre-mesures électroniques. Ainsi le Mastiff ouvrit la voie aux drones de guerre électronique.
Malgré tout le Tadiran Mastiff se révéla rapidement être un drone de surveillance particulièrement lent et facile à abattre par les ennemis d’Israël. Sa vitesse de croisière de 75 chevaux en faisaient une cible de choix pour les tirs venant du sol.
C’est pourquoi dès 1980 il commença à laisser la place au-dessus des zones les plus à risque à l’I.A.I. Scout, un drone assez basique visiblement inspiré par lui mais plus gros et plus moderne. Dans le même temps Tadiran décida de donner un successeur au Mastiff : le Mastiff II très différent esthétiquement parlant et bien moins adapté finalement aux réalités tactiques.
C’est en juin 1991, après la guerre du Golfe, que Heyl Ha’Avir décida de retirer du service ses derniers Tadiran Mastiff encore en service. Jamais exporté ce drone fut construit à un peu plus de 150 exemplaires, dont près de la moitié fut perdue en opérations.
Aujourd’hui quelques-uns sont préservés dans plusieurs musées israéliens.
Sur un plan purement esthétique le Tadiran Mastiff surprenait quand il fut présenté. Pour autant il préfigurait de nombreux appareils futurs, des drones qui allaient devenir des best-sellers comme l’I.A.I. Hunter ou plus tard l’EADS Harfang. Tous allaient cependant être bien plus gros que lui.
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