C’est véritablement durant l’entre-deux-guerres que l’industrie aéronautique japonaise s’est développée, se nourrissant autant des influences américaines qu’européennes. Et cela se confirma aussi bien dans les productions civiles que militaires, chez à peu près tous les avionneurs de l’archipel. Et cela concerna l’ensemble des constructeurs, des plus importants comme Mitsubishi et Nakajima aux plus modestes tels Aichi ou encore Tachikawa. Au sein des bureaux d’études de ce dernier c’est notamment l’avionneur français Caudron et son concurrent britannique De Havilland qui influencèrent la conception d’un étonnant petit biplan de transport sanitaire : le monomoteur KKY.
Au début de l’année 1932 l’armée nippone proposa à la société Ishikawajima de développer pour ses besoins propres un avion d’évacuation sanitaire. Cet avionneur était alors au plus mal financièrement après avoir essuyé échecs commerciaux sur échecs commerciaux. Le programme reçut la désignation de KKY. Pourtant à peine celui-ci lancé l’entreprise vit ses actifs repris par l’arsenal de Tachikawa, alors spécialisé dans les avions d’entraînement.
Les ingénieurs d’Ishikawajima furent intégrés aux équipes de Tachikawa et arrivèrent avec sous le bras le dossier du KKY.
Rapidement les premières ébauches commencèrent à ressembler à un biplan à cabine fermée, une nouveauté au Japon. En fait de tels avions existaient déjà en Europe, principalement en France et au Royaume-Uni. C’est d’ailleurs là que les concepteurs du Tachikawa KKY prirent leur inspiration. Même le moteur choisi provenait de Grande Bretagne : le Cirrus Hermes Mk-IV à quatre cylindres en ligne d’une puissance de 120 chevaux. Celui-ci équipait alors principalement des avions de tourisme d’un gabarit comparable avec la future ambulance volante nippone.
Finalement un premier prototype fut assemblé dès la fin de l’année 1932. Extérieurement l’avion se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure inégale de construction mixte en bois, contreplaqué et métal. Doté d’un poste de pilotage monoplace le KKY était prévu pour accueillir deux blessés et un infirmier dans un cabine permettant l’accrochage des brancards. L’empennage et le train d’atterrissage fixe étaient classiques.
C’est dans cette configuration que son premier vol eut lieu en mars 1933.
Soucieux de garantir une certaine indépendance technologique du Japon les généraux de l’armée impérial demandèrent à Tachikawa de revoir sa copie en intégrant un moteur de conception locale. Le Cirrus Hermes Mk-IV passait à la trappe. Pour le remplacer les ingénieurs testèrent d’abord le Gasuden Jimpu 2 à sept cylindres en étoile de 150 chevaux avant de porter leur choix sur le Hitachi Ha47 à quatre cylindres en ligne de 110 chevaux. Ce dernier moins puissant correspondait pourtant mieux à l’architecture du KKY. Vingt-et-un avions sanitaires furent produits et entrèrent en service au début de l’année 1936.
Les premiers exemplaires furent parmi les premiers avions militaires engagés dans la seconde guerre sino-nippone, à l’été 1937. Au fur et à mesure que le conflit avança les Tachikawa KKY se firent une belle réputation, étant capable de se poser sous le feu ennemi et de redécoller avec ses blessés à bord. On ignore cependant la part de vérité et celle de propagande japonaise.
Au moment où l’aéronavale japonaise frappa la base américaine de Pearl Harbor la majorité de ces ambulances volantes était encore en service. Selon plusieurs sources l’avion reçut alors le code allié d’Abigail. Afin d’éviter de devenir des cibles trop faciles pour les avions de l’US Navy l’armée impérial eut alors l’idée d’apposer sur les deux côtés du capot moteur une croix rouge symbolisant le rôle sanitaire du biplan. On ignore si cela eut le moindre impact sur les pilotes américains.
Toujours est t-il qu’au début de l’année 1943 le Tachikawa KKY Abigail fut retiré du service, sans pour autant qu’un remplaçant ne lui soit trouvé. Au moins un exemplaire fut utilisé par l’aviation soviétique après un atterrissage d’urgence en URSS. L’équipage fut interné et retrouva sa liberté une fois la Seconde Guerre mondiale terminée.
Il est à signalé qu’une version civile de cartographie aérienne a été construite à deux exemplaires sous la désignation Tachikawa KS-1. On ignore le sort final de ces avions.
Il ne reste de nos jours plus aucun KKY.
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