Malgré quelques tentatives entre les années 1917 et 1918 c’est véritablement durant l’entre-deux-guerres que l’industrie aéronautique suédoise a pris son envol. Timidement certes vis à vis de ses contemporaines britanniques et françaises mais avec parfois le soutien d’ingénieurs étrangers, principalement allemands. Ayant l’interdiction du fait du Traité de Versailles de 1919 de concevoir des aéronefs d’armes plusieurs d’entre eux se mirent au service des Suédois et ce fut notamment le cas d’un des plus grands génies de son temps : Ernst Heinkel. Le célèbre concepteur développa notamment pour ce pays scandinave une série d’hydravions de reconnaissance côtière connus comme Svenska S-1 et S-2 Hansa.
Après la défaite allemande de novembre 1918 Ernst Heinkel dut momentanément quitter le domaine aéronautique alors qu’il était ingénieur en chef chez Hansa-Brandenburg. Après quelques tentatives industrielles assez peu fructueuses il fonda début 1922 la société qui portait son nom, ne pouvant réaliser que des appareils civils.
Ayant des contacts en Suède Heinkel savait que ce pays cherchait un hydravion de reconnaissance côtière moderne afin de surveiller son important littoral. Il proposa alors à l’avionneur Svenska Aero de lui concevoir un tel appareil à qui il donna la désignation temporaire de Heinkel HE.1, HE pour Heinkel Eindecker c’est à dire monoplan Heinkel.
Officiellement le Heinkel HE.1 était un hydravion de transport postal ayant des capacités secondaires de recherches et sauvetages en mer. Les autorités britanniques et françaises ne plaisantaient pas avec le respect du Traité de Versailles tout en étant parfois d’une naïveté confondante quand aux développements d’avionneurs comme BFW, Heinkel, ou encore Junkers. En Suède ce HE.1 reçut la désignation de Svenska Aero S-1 Hansa. Ce patronyme provenait du fait qu’Ernst Heinkel avait basé son nouvel appareil militaire sur le Hansa-Brandenburg W.29, un hydravion de chasse apparu au printemps 1918.
Deux prototypes furent assemblés en Allemagne sous les immatriculations civiles D939 pour la version postale monoplace et D945 pour celle biplace dédiée au sauvetage en mer. Ce dernier Heinkel HE.1 disposait d’un puissant phare et d’un poste arrière d’observation. C’est évidemment celui-ci qui préfigurait les quatorze Svenska S-1 Hansa qui avaient été commandés par les Suédois.
Le monoplace vola grâce à un Siddeley Puma à six cylindres en ligne d’une puissance de 250 chevaux tandis que le biplace disposait lui d’un Maybach Type IVa de même architecture mais d’une puissance de 260 chevaux. C’est ce moteur allemand qui fut sélectionné par les Suédois pour équiper le S-1 Hansa.
Le premier vol ayant eu lieu en Allemagne en mai 1923 c’est au début de l’année suivante que Svenska Aero sortit d’usine les premiers S-1 Hansa de série. Par rapport aux Heinkel HE.1 ces avions disposaient désormais d’une mitrailleuse MG de calibre 7.92mm installée dans le poste de l’observateur sur un affût mobile Vickers. Ils entrèrent en service en mai 1924.
Cette même année Ernest Heinkel développa le HE.2 une version améliorée du HE.1 spécialement dédiée là encore aux Suédois et dotée cette fois d’une capacité d’emport de bombes et charges de profondeurs. Moyennant des modifications mineures au niveau de l’empennage, de la voilure, et des flotteurs il fut doté d’un nouveau moteur. Il s’agissait d’un Rolls-Royce Mk-IX à douze cylindres en V d’une puissance de 360 chevaux. Ayant volé en août 1924 ce HE.2 fut officiellement commandé par la Marinen, l’aéronavale suédoise à hauteur de cinq exemplaires et construits comme Svenska Aero S-2 Hansa. Ils entrèrent en service pour Noël 1924.
Au début de l’année 1925 la Marinen alignait sa pleine dotation en Svenska Aero S-1 / S-2 Hansa. Pour autant ces deux modèles n’avaient pas exactement les mêmes rôles. Les S-1 remplissaient les missions de pure patrouille côtière tandis que les S-2 étaient employés pour la lutte anti-sous-marine. Pays affichant une neutralité au plus haut point la Suède ne craignait alors pas grand-chose de ses voisins, c’est pourquoi les hydravions en question ne furent jamais engagés au feu.
La Suède conserva ses dix-neuf Svenska Aero S-1 / S-2 Hansa sans jamais en perdre un seul jusqu’à l’été 1937. Ils furent alors remplacés par un hydravion qui leur devait beaucoup en matière de développement : le Heinkel He 115. Les S-1 et S-2 furent alors envoyés à la ferraille sans avoir jamais tiré le moindre coup de feu en dehors des manœuvres et exercices. Ils étaient alors totalement obsolètes.
Qu’on les appelle Svenska Aero S-1 / S-2 Hansa ou Heinkel HE.1 / HE.2 ces hydravions eurent un impact historique important. En Suède ils permirent de former l’ossature d’un aviation de patrouille côtière et maritime digne de ce nom. En Allemagne ils conduisirent Ernst Heinkel sur le chemin du succès avec ses hydravions à flotteurs, qui allaient devenir sa marque de fabrique.
Il n’en reste plus aucun de nos jours.
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