En janvier 1943, l’Air Ministry lança la Specification 1/43 relative à un chasseur susceptible de remplacer dans les meilleurs délais les Supermarine Spitfire Mk-VC et Mk-IX et les derniers Hawker Hurricane Mk-IIB encore utilisés pour les missions d’interception et de supériorité aérienne. En effet les services de renseignement américains et britanniques, ainsi que la Résistance française, avaient mis en lumière les progrès réalisés par la Luftwaffe en matière de chasseurs à réaction. En outre, la propagande nazie présentait ces nouveaux appareils comme étant massivement en service dans les rangs de l’aviation allemande. C’est pourquoi dans l’esprit de l’Air Ministry le remplacement du Hurricane, et dans une moindre mesure du Spitfire, devenait une priorité absolue.
Supermarine fut sélectionné sur la base de son appareil désigné Model-371, conçu autour d’un Spitfire Mk-XIV. L’aile elliptique typique de l’appareil fut conservée, mais le fuselage fut modifié en profondeur, et un moteur en ligne Rolls & Royce Griffon Mk-65 fut monté avec une hélice classique à cinq pâles. Le Model-371 emportait quatre canons de 20mm dans les ailes. Par rapport à de nombreux avions alors en développement il ne disposait pas d’un habitacle pressurisé. L’appareil effectua son premier vol sous la désignation de Spitful F Mk-14. L’avion effectua son premier vol le 30 juin 1944.
Deux autres prototypes furent commandés, les Spitful F Mk-16 et F Mk-21, respectivement motorisés avec un Griffon Mk-68 et un Griffon Mk-89. C’est un F Mk-16 qui réalisa, en octobre 1944, un record de vitesse pour avion propulsé par un moteur à hélice avec une vitesse de 795km/h. Les essais en vol se prolongèrent jusqu’en mars 1945 et c’est alors que la Royal Air Force passa commande pour 18 avions de série au standard du record. A cette époque, le Gloster Meteor et le North American Mustang Mk-IV étaient les principaux chasseurs de supériorité en service au Royaume Uni. C’est la raison pour laquelle ces Spitful furent les seuls avions de série produits. La RAF conserva sa poignée de Spitful en service jusqu’en 1958.
En mai 1945, alors que l’Allemagne nazie était à genou et que le Royaume Uni concentrait ses opérations sur le Pacifique, l’Air Ministry passa commande pour 150 exemplaires d’une version navalisée du Spitful sous la désignation de Seafang F Mk-32 quasi identiques aux Spitful F Mk-21 en vue de remplacer les Seafire, alors en dotation à bord des porte-avions de Sa Majesté. Toutefois l’arrivé des premiers Hawker Sea Fury dans les unités de la Fleet Air Arm changea radicalement la donne et ramena la commande à 17 avions, dont seulement onze furent finalement livrés assemblés. Les six autres étaient en pièces détachés. En effet, à cette époque la Royal Navy tablait elle aussi sur les avions à réaction. Les Seafang ne participèrent jamais à aucune opération de combat et furent principalement utilisés pour l’entrainement à l’appontage des jeunes pilotes, et pour des missions de défense aérienne diurne. Les Seafang demeurèrent en service jusqu’en 1954. La Royal Navy demanda à Supermarine de développer une version à réaction du Seafang mais rapidement l’avionneur cessa ses recherches au profit de ce qui allait devenir le Supermarine Attacker.
Lorsqu’il devint évident que l’Air Ministry ne commanderait pas d’autres Spitful, l’avionneur décida de se tourner vers les marchés d’export. L’Italie et le Brésil cherchaient activement à remplacer leurs chasseurs issus de la Seconde Guerre Mondiale. Il s’agissait alors respectivement du Spitfire Mk-VB et du MC-200 pour le premier et du Curtiss P-40 pour le second. Toutefois la pression industrielle des Etats-Unis pour vendre le P-51 était telle que là encore le projet n’aboutit pas. Par la suite Supermarine proposa de céder la licence à la France pour équiper l’Armée de l’Air. La Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord (SNCAN ou Nord) fut même approchée mais sans suite. En effet à cette époque la SNCAN était, comme l’ensemble des constructeurs français, engagée dans le développement d’avions de nouvelle génération.
Finalement, le Spitful et son dérivé naval le Seafang ne furent jamais les avions qu’espérait Supermarine. Non pas que ces machines étaient mauvaises, elles arrivaient simplement trop tard, à une époque où la RAF et la FAA s’étaient engagés dans la propulsion à réaction. Son seul véritable défaut était son faible rayon d’action. De ce fait, le Spitfire n’eut jamais vraiment de remplaçant, et comble absolu, il fut retiré du service après le Spitful.
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