L’apparition en octobre 1983 du Lockheed F-117 Night Hawk dans les rangs de l‘US Air Force marqua les débuts d’une véritable révolution, celle des avions furtifs. Cependant durant presque trois décennies et demi celle-ci ne resta qu’à la seule portée de l’industrie et des militaires américains, toutes les autres tentatives ailleurs dans le monde se terminant en échec plus ou moins cuisant. Et c’est de Russie qu’est venu le premier véritable avion furtif non conçu aux États-Unis, le chasseur de supériorité aérienne Sukhoi Su-57.
Conscient de leurs lourds retards technologiques dans le domaine des chasseurs de supériorité aérienne les autorités russes lancèrent en 1999 le programme PAK-FA visant à fournir à leur aviation militaire un avion de combat apte à damer le pion au futur Lockheed-Martin F-22A Raptor de l’US Air Force. Les caractéristiques de furtivité de ce dernier rendaient totalement obsolètes l’ensemble des chasseurs de premier plan en service en Russie à cette époque, à savoir le Mikoyan MiG-29 et le Sukhoi Su-27. Ces deux biréacteurs avaient été pensés en effet durant l’ère soviétique afin de contrer la montée en puissance des McDonnell Douglas F-15 Eagle américains.
Après une rapide étude entre Mikoyan et Sukhoi c’est le programme de ce second qui fut sélectionné en 2002 et auquel l’aviation russe attribua la désignation de Sukhoi T-50. Malgré ce contrat qui s’annonçait juteux l’avionneur savait qu’il n’avait pas le droit à l’erreur. En effet deux de ses programmes majeurs de l’époque prenaient le chemin de plantage le plus complet en dépit de sérieuses capacités et d’une propagande à toute épreuve : le Su-37 et surtout le très ambitieux et assez inhabituel Su-47.
Le développement de l’avion fut finalement assez long puisque le design de l’avion ne fut finalisé qu’au printemps 2009, ouvrant ainsi la voie à l’assemblage du premier Sukhoi T-50. En fait les équipes russes qui travaillaient sur le programme PAK-FA étaient les même qui œuvraient sur le programme du chasseur multi-rôle Su-35, directement dérivé du Su-27. Et cela s’est vite ressenti dans l’architecture générale du T-50, autant que dans son équipement.
Ainsi on peut parfaitement considéré qu’il existe une filiation entre le Su-35 et le T-50, et d’ailleurs esthétiquement il est indéniable que les deux avions ont «un petit quelque chose». Même si le second est indéniablement un avion furtif, ce que le premier ne sera jamais. Le premier vol du premier Sukhoi T-50 intervint le 29 janvier 2010. Pourtant à ce moment là rien ne pouvait prévoir que cela allait déboucher sur un avion de combat réel.
Par la suite le Sukhoi T-50 connut pas moins de onze prototypes et avions de présérie. En juin 2014 la campagne d’essais vécut son premier arrêt majeur suite à incendie survenu sur le cinquième avion qui ne revola qu’en octobre 2015. D’autres avions ne volèrent jamais et servirent aux essais statiques. Les septième et huitièmes avions de présérie furent utilisés pour tester aussi bien l’avionique que l’armement. Comme sur le F-22A Raptor américain celui-ci est emporté en soute afin de ne pas réduire la furtivité de l’avion. Bien entendu l’accent fut mis sur les armements air-air autours des missiles R-73 et R-77 à respectivement courte et moyenne distance. Néanmoins des essais air-sol ont également eut lieu avec le missile Kh-38 mais aussi des essais de lutte anti-radar au moyen du missile Kh-58.
En parallèle le Sukhoi T-50 préfigure le programme russo-indien FGFA visant à fournir à l’Indian Air Force un chasseur de cinquième génération. Cependant les différences seront notables notamment au niveau du cockpit puisque l’Inde réclame un avion biplace alors même que le T-50 est monoplace. Il semble que les essais d’armement air-sol et antiradar du T-50 concernait plutôt ce programme plus que celui du PAK-FA.
À l’été 2017 il a été décidé d’appeler désormais le T-50 sous la désignation de Sukhoi Su-57. Les premiers exemplaires de série doivent entrer en service opérationnel au premier semestre 2019. Son nom de code au sein des forces de l’OTAN est Felon. Par ailleurs l’avionneur espère placer son nouvel appareil comme concurrent potentiel à l’export du Lockheed-Martin F-35 Lightning II, par ailleurs déjà un succès dans plusieurs pays malgré quelques défauts de jeunesse.
En plus d’être le premier avion furtif russe le Sukhoi Su-57 Felon est le premier véritable avion de combat conçu par ce pays depuis la fin de l’ère soviétique, tous les autres avions étant des évolutions de machines existants déjà. Rien qu’à ce niveau il mérite l’intérêt qu’on peut lui trouver : le grand retour de la Russie dans le ballet aéronautique international.
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