Certainement la famille d’avions de combat russes la plus prolifique du moment est celle du Sukhoi Su-27. Cet appareil a donné naissance à plusieurs sous-versions très différentes les unes des autres. Parmi ceux-ci figurent un avion de combat multirôle embarqué destiné à la marine russe, le Sukhoi Su-33.
C’est dès 1981 que le gouvernement soviétique comprit que l’avenir de la chasse embarquée passait par des avions à décollages horizontaux, avec ou sans l’aide d’un pont incliné. L’échec de l’engagement opérationnel des Yakovlev Yak-38 avait conduit à une profonde réflexion sur l’emploi des porte-avions par l’AVMF.
Mais surtout, les Soviétiques avaient observé leurs adversaires américains et leurs chasseurs McDonnell F-4 Phantom II et surtout leur tout nouveau avion de combat, le Grumman F-14 Tomcat alors considéré comme le meilleur intercepteur au monde. L’état-major moscovite envisageait un avion aux capacités identiques, voire meilleures. Un seul avion semblait pouvoir remplir ce rôle, le prototype Sukhoi T-10.
En 1985, les études de faisabilité d’une version embarquée finirent par aboutirent à la définition du futur chasseur Sukhoi Su-27K. Cette lettre signifiait Kuznetsov, du nom du porte-avions alors en cours de déploiement dans les rangs de la marine soviétique. Le prototype du Su-27K réalisa son premier vol le 17 août 1987 entre les mains du célèbre pilote d’essais Viktor Pougatchev, le créateur de la fameuse figure acrobatique du cobra.
Ces essais en vol furent réalisés dans le plus grand secret, les Soviétiques craignant plus que tout l’espionnage, notamment de la part des services de renseignements occidentaux. C’est le 1er novembre 1989 que l’avion réalisa son premier appontage réussi. Quelques temps plus tard, le prototype fut fortement endommagé dans un accident d’appontage, Pougatchev en ressortant avec plusieurs blessures. Dès lors les essais reprirent sous la surveillance d’un hélicoptère Kamov Ka-27, similaires aux Pedro américains et français, une technique jusque là inconnue en URSS.
Les essais continuèrent jusqu’en 1991. L’effondrement de l’Union Soviétique eut un impact considérable dans le programme du Su-27K puisqu’il fut mis en sommeil pendant trois ans. À cette occasion, l’avion fut identifié par l’OTAN et reçut la désignation de Flanker-D.
Ce n’est qu’en 1994 en effet qu’il fit son retour. Cette année là, sept avions de présérie furent livrés à l’AVMF. Ils permirent aux pilotes de chasse russes de se familiariser avec ce puissant chasseur embarqué. D’ailleurs sa désignation officielle changea en Sukhoi Su-33.
Extérieurement ce chasseur reprend les grandes lignes de la famille Flanker, mais avec d’important plans canards. Une version biplace de transformation opérationnelle Su-33UB existe, avec des capacités de combat limitées aux seuls missions air-air. Pour le reste le Su-33 monoplace est apte aussi bien aux opérations air-air que air-sol, voire anti-navire.
Pour autant Moscou ne reconnaissait toujours pas son existence légale comme avion de combat en service dans les rangs de son aéronavale. Et ce alors même que son existence avait été révélé au monde entier en 1993 lors du salon du Bourget. Finalement, le Sukhoi Su-33 fit officiellement son entrée en service opérationnel à l’été 1998.
Dès lors, il devint l’avion que toutes les marines voulaient photographier en action. Mais là encore la fragilité de la Russie post-soviétique ne permettait pas aux pilotes de la marine russe d’exhiber, ou même tout simplement de piloter, leurs Su-33 librement. La propagande russe n’hésitait pas à le présenter comme supérieur à tous ses concurrents comme le Boeing F/A-18E et le Rafale M, mais il demeurait invisible, hormis dans quelques rares salons aéronautiques et meetings aériens.
Finalement, il apparut réellement aux spécialistes en 2006 lors d’un exercice aéronavale menée par la Russie en mer Baltique où il fut intercepté par une patrouille de chasseurs F-16 Fighting Falcon de l’aviation norvégienne. Deux Sukhoi Su-33 russes furent alors ramenés aux limites de leur espace aérien par les chasseurs scandinaves.
Début 2014, la production du Sukhoi Su-33 n’excédait pas 26 avions de série, parmi lesquels figurent les sept avions de présérie livrés en 1994.
Il semble bien qu’actuellement le plus gros concurrent à l’export de cet avion soit à cherche en Russie, avec le Mikoyan MiG-29K, la version embarquée du célèbre biréacteur. Plus petit donc plus aisé à manœuvré sur un pont d’envol, et à l’avionique plus récente le Fulcrum lui a été préféré par les Indiens.
Même s’il semble très moderne le Sukhoi Su-33 est loin d’être la version la plus réussie des Flanker. En effet son avionique est généralement considérée comme à la limite de l’obsolescence. Elle ne semble pas avoir été revue ou corrigée par les ingénieurs russes depuis la définition de l’avion au début des années 1980. Cependant, il demeure un avion extrêmement maniable, même s’il ne dispose pas de tuyères à poussée vectorielle comme sur les Su-35 et Su-37. En somme les Su-33 n’est pas un adversaire à prendre à la légère pour les chasseurs occidentaux. Heureusement que les Russes ne l’ont pas exporté.
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