Au début des années 30, les équipes de Marcel Bloch planchaient sur un avion léger, le MB-80, qui demeura toutefois sans suite avant de passer sous le contrôle de la SNCASO (Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest, aussi nommé Sud-Ouest) sous la désignation de SO-80. Là encore ce fut un échec, d’autant qu’entre temps la France avait signé l’armistice de 1940 et que les constructeurs nationalisés étaient passés sous contrôle des autorités d’Occupation. Finalement, les travaux menés sous l’autorité de Vichy débouchèrent sur le SO-90 un appareil qui semblait intéressé la Luftwaffe.
Le SO-90, mû par deux moteurs Béarn 6D en ligne d’une puissance unitaire de 325 chevaux, fut assemblé à Cannes où la SNCASO disposait d’un atelier. C’est là que le Commandant Maurice Hurel, célèbre ingénieur et pour l’occasion pilote d’essais prit les commandes de l’avion, le 16 août 1943 pour son vol inaugural. Toutefois, celui ci ne se passa pas tout à fait comme les Allemands l’auraient voulu, puisque Hurel et ses passagers, tous membres de la SNCASO, rejoignirent la France Libre en Algérie. Là, les équipes de la SNCASO continuèrent tant bien que mal leurs travaux.
Finalement en 1945, la SNCASO lança la production de cinq SO-90 qui volèrent sous couleurs civiles en France mais aussi en Inde. Dans le même temps, le constructeur proposa une version militaire, désignée SO-94 à l’Armée de l’Air qui refusa l’avion au profit du Dassault MD-315 Flamant. Finalement, c’est la Marine Nationale qui passa commande de cette machine à hauteur de dix exemplaires sous la désignation de SO-94M Corse (M pour Marine) pour des missions de transport de personnels et de liaisons.
Quelques temps plus tard, la Marine fit l’acquisition d’une version d’entraînement à la patrouille maritime et de surveillance côtière sous la désignation de SO-94R. Si les quatre premiers disposaient d’un radar britannique ASV Mk-III le cinquième possédait lui un AN/APS-3 américain. Les SO-94R se différenciaient des SO-94M par leur nez rallongé accueillant justement le radar embarqué.
Le 17 juillet 1947, la SNCASO fit voler une version profondément améliorée, le SO-95M. Celui ci se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever propulsé par deux moteurs en ligne Renault 12S d’une puissance de 580 chevaux chacun et entraînant une hélice tripale. Construit en bois et métal l’avion était assez simple mais renforcé au niveau du train d’atterrissage. Servit par deux pilote, il permettait de transporter entre huit et dix passagers ou 800kg de fret léger. L’Aéronautique Navale fit l’acquisition de vingt exemplaires du SO-95M.
Suite à un petit accident survenu en 1949, le SO-95M numéro 1 fut reconstruit, réparé, et remis en service sous le numéro 21. Les SO-95M de la Marine Nationale servirent surtout en fait pour des liaisons métropolitaines, même si quelques uns furent utilisés en Afrique du Nord.
En 1948, l’Aéronautique Navale fit l’acquisition de quatre SO-95R chargés d’épauler les SO-94R dans la surveillance maritime et l’entraînement à la patrouille maritime. Les SO-95R furent principalement utilisés pour former les pilotes et équipages des Martin P5M Marlin. Cette commande concernait également vingt exemplaires d’une version de transport de personnalités et de liaison d’état-major désignée SO-95V (V pour VIP) dont certains furent affectés sur la base aéronavale de Dugny en région parisienne afin de servir les officiers de la rue Royale, l’état-major de la Marine Nationale.
Au final, les différentes versions du Corse servirent jusqu’au début des années 70. Ils cédèrent principalement la place aux Nord N-262 dans des missions similaires. Appareils discrets, les SO-94 et SO-95 n’en demeurèrent pas moins de fidèles auxiliaires des marins français.
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