Durant les années d’immédiate après-guerre l’industrie aéronautique française se lança tous azimuts dans divers projets aéronautiques visant à rattraper le retard de l’occupation allemande. Certains d’entre-eux étaient totalement inutiles et retombèrent bien vite dans les oubliettes. D’autres en revanches présentaient un intérêt réel, notamment sur le plan technologique. Pourtant à cette époque bon nombre de ces avions restèrent à l’état expérimental. L’un des plus intéressants fut le méconnu bimoteur Sud-Ouest SO.7010 Pégase.
C’est en 1947 que l’entreprise publique française SNCASO (pour Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest) se lança dans le développement d’un avion d’affaires et de transport d’état-major. L’aéronef visait donc autant le marché civil que militaire. Il reçut la désignation SO.7010 Pégase.
En fait plus encore qu’un avion de transport léger les ingénieurs français voulaient travailler sur un concept né dans l’entre-deux-guerres mais fort peu utilisé : les moteurs en tandem.
Durant la Seconde Guerre mondiale l’avionneur allemand Heinkel l’utilisa sur son avion de reconnaissance He 119.
L’idée des gens de Sud-Ouest était alors de jumeler deux moteurs à huit cylindres en V inversés Mathis G-8R d’une puissance unitaire de 200 chevaux entraînant tous deux la même hélice tripale en métal. Les deux moteurs ainsi montés donnaient naissance au groupe propulseur G-16R d’une puissance totale de 400 chevaux. Pour le reste le futur SO.7010 Pégase était des plus classiques avec sa production en métal. Il disposait d’un train d’atterrissage tricycle escamotable et d’une voilure basse cantilever. La cabine avait été prévu pour accueillir entre quatre et six passagers suivant le confort demandé et un seul pilote.
C’est dans cette configuration que le prototype réalisa son premier vol le 27 février 1948.
Dès les premiers vols d’essais l’avion se révéla agréable à piloter avec une vitesse de croisière de 275 kilomètres par heure et un rayon d’action de 1250 kilomètres. L’année suivant ce premier vol le prototype fut présenté au public au Grand Palais dans le cadre du salon de l’aviation de Paris. Malheureusement il n’attira pas du tout l’attention, les badauds étant intrigués mais non conquis par l’originalité de cet avion léger.
Le SO.7010 Pégase n’enregistra aucune commande alors même qu’avant le salon la SNCASO tablait sur au moins une dizaine de clients potentiels
À la même époque l’avion fut proposé à l’Armée de l’Air qui l’essaya lors d’un vol d’essais. Si celui-ci se déroula sans encombre l’avion ne suscita aucun intérêt de la part des militaires français. En fait les généraux craignaient que ses deux moteurs en tandem ne posent trop de problèmes de maintenance aux mécanos. Surtout à cette époque ils s’étaient déjà engagés vers des avions plus conventionnels comme le monomoteur Nord N.1100 Ramier et surtout le bimoteur Dassault MD-315 Flamant.
Finalement l’Armée de l’Air annonça en août 1949 ne pas donner suite aux investigations concernant le Sud-Ouest SO.7010 Pégase.
Deux mois plus tard alors que l’avion avait réalisé son quinzième vol d’essais, représentant au total moins cinquante heures la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest décida de jeter l’éponge. Le programme du SO.7010 Pégase était abandonné.
L’avion fut ferraillé au cours de l’année suivante.
Prototype français passablement oublié de nos jours le Sud-Ouest SO.7010 Pégase n’était pourtant pas dénué d’intérêt. Mais sa particularité très originale d’être un bimoteur ressemblant à un monomoteur le tua dans l’œuf. Sans doute à juste titre les acheteurs potentiels mirent tous en avant la complexité d’entretien d’un tel avion. Peu de mécanos avaient été formé à travailler sur un moteur en tandem.
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