A la fin de la Seconde Guerre Mondiale la France avait accumulé un retard tel dans la conception aéronautique qu’elle avait laissé des pays comme l’Italie ou le Japon, pourtant moins en pointe en 1939, la rattraper. Alors que l’Allemagne, les Etats-Unis, ou encore la Grande-Bretagne disposaient déja d’avions de combat à réaction, et que ces même pays programmaient également des avions de lignes mûs par cette même motorisation, l’industrie aéronautique française en était encore à essayer de faire voler son premier jet. Cela eut lieu un an et demi après la fin des hostilités avec un tout petit jet mû par un réacteur d’origine allemande, le Sud Ouest SO-6000 Triton.
En 1944, quelques semaines après le Débarquement de Normandie une équipe d’ingénieurs de la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud Ouest (SNCASO ou Sud Ouest) se lança dans l’étude de faisabilité pour un avion à réaction. En fait, ils travaillèrent sur des plans dessinés clandestinement dès début 1943, par des techniciens et des ingénieurs de la même société. Devant la pénurie de moteurs disponibles, mais surtout devant l’incapacité de développé un tel propulseur, les ingénieurs de la SNCASO conduits par l’ingénieur-chef Lucien Servanty, s’orientèrent vers le Junkers Jumo, un réacteur qui avait déja fait ses preuves sur le chasseur allemand Messerschmitt Me-262. L’équipe Servanty s’orienta alors vers un biplace monoréacteur.
L’appareil fut terminé quelques semaines après la Libération, alors même que la Guerre du Pacifique venait de se terminer. Il fut désigné Sud-Ouest SO-6000 et baptisé Triton. Il s’agissait d’un monoréacteur monoplan à aile médiane biplace. Le fuselage de l’avion, entièrement metallique était plutôt ramassé, et le Triton disposait d’un train d’atterrissage escamotable. Le cockpit biplace, de type côte à côte, était parcouru par la tuyère de l’entrée d’air qui allait du nez de l’avion vers le réacteur caréné, séparant ainsi le pilote de son copilote-mécanicien de bord. Le SO-6000 etait de conception simple.
Le premier vol se fit depuis la base militaire d’Orléans Bricy le 11 novembre 1946. Par la suite l’avion fut commandé à quatre exemplaires supplémentaires pour divers missions d’essais et de formation des futurs pilotes, alors même que le deuxième prototype devait servir à des essais statiques. Les prototypes n°3, n°4, et n°5 furent remotorisés avec des réacteurs Nene construits en Grande-Bretagne par Rolls & Royce. Les essais se prolongèrent jusqu’en 1952.
De nos jours le Triton n°3 est toujours préservé au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, dans le Hall des Prototypes aux côtés d’autres avions ayant participés à l’histoire de l’aviation à réaction en France, comme le Trident, le Griffon, ou encore le tout premier Mirage III.Cet avion n’a pourtant réalisé que deux vols en avril et juillet 1950. A ses côtés un Jumo, moteur du Triton n°1 a été déposé. Ce même Triton a été exposé sous tente à l’automne 1999 à Paris sur les Champs-Elysées, lors de l’opération Champs d’Aviation, organisé à l’occasion du centenaire de l’aviation.
Même s’il n’est pas aussi connu qu’un avion d’essais comme le Bell X-1 américain ou le Gloster Whittle, le Triton marqua toutefois l’entrée de la France dans le club, alors très fermé, des producteurs d’avions à réactions.
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