Durant près de trente années la France fut considérée comme le principal pays concepteur et producteurs d’hélicoptères civils et militaires en Europe occidentale. Un état de fait que l’on devait en fait à Aérospatiale, le constructeur qui fusionna ensuite avec l’Allemand M.B.B. pour devenir Eurocopter puis Airbus Helicopters. Pourtant toute l’aventure française des voilures tournantes construites en série débuta au milieu des années 1950 avec une machine légère conçue pour le travail aérien : le Sud-Est SE.313 Alouette II.
À l’origine, cette première «Alouette» fut conçue en tirant les enseignements du développement de l’hélicoptère expérimentale monoplace SE.3101. Deux prototypes d’une version plus évoluée furent construits, sous la dénomination SE.3120. Ils enregistrèrent notamment plusieurs records mondiaux et nationaux en juillet 1953. De conception simple, son châssis tubulaire était gonflé à l’azote pour détecter les criques grâce à un voyant en bout de queue. Cet appareil pouvait transporter en tout cinq personnes.
Le modèle de série, désigné SE.3130 et baptisé Alouette II, fut le premier hélicoptère au monde équipé en série d’une turbine. Les ingénieurs français avaient le choix de l’Artouste II conçu par le motoriste Turboméca. Son premier vol eut lieu le 12 mars 1955. Trois mois plus tard, l’Alouette II battait le record d’altitude pour un hélicoptère atteignant 8209 mètres. Trois autres modèles furent construits, et l’appareil obtint son certificat de navigabilité le 2 mai 1957.
La production de série débuta avec des commandes fermes de l’Armée de Terre mais aussi de quelques entreprises civiles spécialisées dans les vols commerciaux types avions-taxis.
La production en série de l’Alouette II permit à la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Est d’étudier de nouvelles pistes de développement. Ainsi fut développée une version d’affaire et de transport gouvernemental, malheureusement demeurée sans suite. Au début des années 1960 le constructeur Sud Aviation (qui avait entre autre repris les actifs de Sud-Est) développa une version plus musclée de l’Alouette II sous la désignation de SA.318C articulée autour de la nouvelle turbine Turboméca Astazou.
À partir de 1970 c’est Aérospatiale qui se chargea de la production et de la commercialisation de ces machines, jusqu’à la fin de leur production en 1975 après l’assemblage de 923 unités. Très clairement l’Alouette II était un succès industriel pour la France des Trente Glorieuses.
Des licences limités d’assemblage furent même délivrées aux États-Unis, au Royaume-Uni, et à la Suède.
Le succès fut d’ailleurs tel qu’une trentaine de pays utilisa cet hélicoptère pour des missions militaires et/ou parapubliques. En France des exemplaires furent utilisés par l’Armée de Terre, l’Armée de l’Air, la Marine Nationale ou encore la Gendarmerie Nationale. Au sein de cette dernière les Alouette II défrichèrent le domaine de vol du secours en montagne.
Mais c’est probablement sous les couleurs de l’Armée de Terre que l’Alouette II marqua le plus son temps. Durant la guerre d’Algérie les militaires français utilisèrent leurs hélicoptères monoturbines pour traquer et souvent combattre les résistants algériens du FLN. Ces machines furent bien sûr utilisés comme appareils de liaisons rapides ou bien pour du commandement aéroporté mais également pour des missions d’attaque au sol et d’appui aérien rapproché. Avec les Bell 47 également alors en service ils furent les premiers véritables hélicoptères de combat en France, mais aussi dans le monde. Les Alouette II emportaient des nacelles de mitrailleuses et des paniers à roquettes.
Les Alouette II furent également les premiers hélicoptères au monde à emporter et tirer des missiles antichars, à savoir des SS-10 et surtout l’AS-11 à savoir la première arme de ce type conçue pour être tirée depuis un aéronef. Tous deux étaient produits en France par Nord-Aviation.
À l’export le SE.313 Alouette II vola notamment sous les cocardes autrichienne, belges, béninoises, britanniques, cambodgiennes, congolaises, djiboutiennes, dominicaines, indonésiennes, ivoiriennes, israéliennes, libanaises, malgaches, marocaines, mexicaines, néerlandaises, ouest-allemandes, péruviennes, portugaises, sénégalaises, sud-africaines, suisses, ou encore suédoises. Plusieurs de ces pays engagèrent ces machines dans des conflits plus ou moins longs et lourds.
Des exemplaires furent même les premiers hélicoptères de conception non-américaine à servir auprès de service de police aux États-Unis.
D’autres utilisations furent expérimentées et pratiquées. On compte entre autres l’évacuation sanitaire au moyen de deux paniers extérieurs (à l’instar de que les Américains faisaient avec le Hiller H-23 Raven) ou encore l’enlèvement et le transport de charges d’une capacité de 500 kg à l’élingue. Outre les traditionnels patins d’atterrissage les clients avaient le choix d’un de skis ou de flotteurs permettant de se poser sur une multitude d’aires d’atterrissage plus ou moins sommairement équipées pour mener à bien ses missions. En France la Marine Nationale fit elle un choix surprenant articulée autour d’un train quadricycle fixe des plus étonnants !
Outre les versions précitées l’Alouette II donna naissance à deux hélicoptères construits aussi en série, voire en grande série. Le premier est bien évidemment le SA.316B Alouette III et le second une sorte d’hybride entre ces deux machines à succès : le SA.315B Lama. Des machines qui ont permis à Sud Aviation puis Aérospatiale de poursuivre le succès de l’Alouette II bien au-delà de 1975.
Aujourd’hui encore l’Alouette II est un des hélicoptères les plus aisément reconnaissables, que ce soit par les passionnés ou bien les néophytes !
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