Dans l’immédiat après-guerre la France se lança tous azimuts dans une quête aéronautique visant à rattraper son retard dû à l’Occupation. Certains programmes débouchèrent sur des aéronefs assez réussis, tel le Flamant, d’autres ne dépassèrent pas le stade du prototype. Ce fut notamment le cas d’un avion de reconnaissance stratégique ambitieux, le quadrimoteur Sud Est SE.1010.
C’est en septembre 1945, que le Ministère de l’Air demanda à la SNCASE (Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Est) de développer un nouvel avion de reconnaissance stratégique destiné à l’Armée de l’Air, à même de concurrencer les appareils similaires en service aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. La fiche programme était alors assez ambitieuse avec un rayon d’action de 7500 kilomètres. Le nouvel avion intéressait également l’Institut Géographique National pour des vols de cartographie.
Le prototype désigné SE.1010 fut construit au cours de l’année 1947, en étant dérivé du projet d’avion stratosphérique pour 80 passagers SE.1000 développé à Marignane. Sa motorisation tournant autour de quatre moteurs en étoile SNECMA 14R-28 d’une puissance nominale de 1590 chevaux, entraînant chacun une hélice tripale de conception mixte métal et bois. Le fuselage de l’avion était assemblé intégralement en métal avec des panneaux en aluminium. Pour son architecture générale, il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile médiane disposant d’un fuselage et d’un cockpit pouvant accueillir un équipage de six membres. Il possédait un train d’atterrissage classique escamotable. Son premier vol intervint le 24 novembre 1948.
La campagne fut menée sous l’autorité du Centre d’Essais en Vol, sous la direction du pilote d’essais Jacques Lecarme. Rapidement l’avion suscita un sentiment de rejet de la part des militaires français, principalement en raison de sa vitesse de croisière de 400 km/h jugé insuffisante par l’Armée de l’Air. Cependant l’autre client potentiel, l’IGN, annonça son intention de persévérer dans le développement de l’avion. Cependant les espoirs de la SNCASE concernant le SE.1010 furent stoppés le 1er octobre 1949 quand au cours d’un vol d’essais le prototype s’écrasa non loin de Carcès dans le Var. Aucun membre de l’équipage ne survécut à l’accident.
Il fut décidé de ne pas pousser plus loin les études et travaux du SE.1010 et ce programme s’arrêta net. L’IGN dut attendre le Hurel-Dubois HD-34 pour disposer d’un véritable avion à long rayon d’action, de construction nationale, dédié à la cartographie aérienne. Aujourd’hui ce prototype est relativement tombé dans l’oubli, y compris auprès des fanatiques d’aviation.
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