Quand le 1er février 1937 la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Sud-Est vit le jour elle résultait de la politique de nationalisation voulue par Léon Blum au titre du Front Populaire. La SNCASE ne sortait pas de nul part. Ce nouvel avionneur était en fait la fusion des actifs d’entreprises des Chantiers Aéro-Maritimes de la Seine, de Lioré et Olivier, de Potez, de Romano, et de la Société Provençale de Constructions Aéronautiques. En unissant les équipes de ces différents constructeurs elle obtenait également leurs projets en cours. À cette époque l’un des projets que récupéra Sud-Est était un chasseur bimoteur conçu initialement par Lioré et Olivier et qui devint le surprenant SE.100.
Tout commença à l’été 1936 quand la jeune Armée de l’Air demanda à plusieurs avionneurs de concevoir un chasseur bimoteur susceptible de prendre la relève des Potez 631 à l’horizon du début de l’année 1940. En fait il s’agissait d’une réponse à une série de rapports des services de renseignement français selon lesquels l’avionneur allemand Messerschmitt développait un chasseur bimoteur de grande qualité alors uniquement connu sous le nom de Zerstörer.
Aux vues des différentes propositions faites au ministère de l’Air une commande fut passée à Lioré et Olivier qui avait décidé de désigner l’avion LeO 50.
Quelques semaines après la signature officielle de ce contrat de développement le Lioré et Olivier LeO 50 devint officiellement le Sud-Est SE.100. Il s’agissait là du premier avion de chasse conçu par l’entreprise publique.
En fait en dehors du changement de raison social et de la nouvelle désignation de l’avion rien n’avait vraiment été modifié dans l’organigramme de l’équipe de conception. Les ingénieurs Lecarme et Mercier demeuraient à la tête du programme.
D’une esthétique très originale le Sud-Est SE.100 était un avion de conception mixte. Sa voilure était en bois et contreplaqué tandis que son fuselage était en tubes d’aciers recouverts de feuilles de Duralumin. Pour le reste l’avion était un monoplan à voilure médiane bimoteur propulsé par deux Gnome & Rhône 14N à quatorze cylindres en étoiles d’une puissance nominale de 1030 chevaux entraînant chacun une hélice tripale en métal.
Le train d’atterrissage tricycle s’escamotait dans l’empennage en ce qui concernait les deux roulettes arrières tandis que la roue avant rentrait dans le nez de l’avion. Cinq canons de calibre 20mm étaient censés offrir une puissance de feu incomparable au SE.100 : quatre tiraient classiquement en position de chasse depuis le nez et un cinquième était installé en position arrière supportée par un affût électro-pneumatique.
Pour autant pour la phase d’essais l’armement ne fut jamais monté.
C’est dans cette configuration que le Sud-Est SE.100 réalisa son premier vol le 29 mars 1939.
Quelques jours plus tard la SNCASE lança l’assemblage du second prototype. Pendant ce temps là les vols d’essais du SE.100 s’enchaînaient, mettant en lumière une conception assez réussie de l’avion.
Quand en septembre 1939 la France entra en guerre contre l’Allemagne hitlérienne le second prototype n’était construit qu’à 15% et les plans prévoyaient désormais l’entrée en service de l’avion pour fin 1941. Pourtant les vols d’essais se passaient bien. En version biplace diurne ou triplace nocturne le bimoteur SE.100 s’annonçait comme un redoutable adversaire pour le Zerstörer désormais connu comme Messerschmitt Bf 110 et fortement redouté par les pilotes de l’Armée de l’Air. Le chasseur bimoteur allemand avait été déterminant en Pologne. L’avion vit son armement modifié.
Désormais six canons de 20mm prenaient place dans le nez tandis que le poste de tir arrière accueillait désormais deux armes de ce type.
Devant l’urgence de la guerre un accord fut passé entre la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Sud-Est et le constructeur automobile Citröen. Ce dernier s’engageait à mettre à disposition ses usines de Levallois-Perret en proche banlieue parisienne afin de livrer en urgence les trois cents avions destinés à l’Armée de l’Air.
L’issu de la guerre en décida autrement.
Entre temps le prototype fut détruit dans un accident à l’atterrissage le 5 avril 1940. Une défaillance du pas de l’hélice du moteur droit en était à l’origine. Le pilote d’essais fut grièvement blessé. La SNCASE ordonna l’accélération du chantier du second prototype.
À ce moment celui-ci en était à seulement 70% d’assemblage, la majorité des ouvriers et techniciens dédiés à sa construction œuvraient sur d’autres avions jugés plus prioritaires.
En juin 1940 quand la France s’effondra devant les armées allemandes le second Sud-Est SE.100 était assemblé à 90%. Le programme fut immédiatement stoppé.
Les autorités allemandes d’occupation saisirent plusieurs plans et données concernant l’avion et ordonnèrent le ferraillage du second prototype.
Après la Libération on découvrit que la SNCASE envisageait deux autres sous-versions : SE.101 à moteur américain Pratt & Whitney et SE.102 doté d’un moteur légèrement plus puissant.
Avion révolutionnaire en 1939 le Sud-Est SE.100 ne l’était plus du tout quand la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Sud-Est reprit ses activités en 1944. Il n’en reste pas moins un chasseur à l’esthétique soignée, un avion bien pensé, qui aurait pu permettre à l’Armée de l’Air de se maintenir face à la Luftwaffe. L’Histoire en a décidé autrement.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.