Aujourd’hui les drones sont partout. Qu’il s’agisse de livrer des poches de sang ou des médicaments à un dispensaire reculé d’Afrique sub-saharienne ou bien d’inspecter les piles d’un viaduc aux États-Unis ou encore d’assister les pompiers de Paris dans l’incendie de la cathédrale Notre-Dame ils sont mis en œuvre pour tout et n’importe quoi. Le grand public oublie cependant de plus en plus une donne : à l’origine ils étaient militaires. La technologie de l’aéronef sans pilote est en effet étroitement liée à la guerre. Et son objectif premier est de l’employer sans mettre en péril un pilote ou un équipage dans des environnements particulièrement hostiles. À ce petit jeu on peut vraiment dire que si un drone a réussi dans ce rôle c’est bien l’Orlan 10 développé en Russie par le STT, le Spetsial’nyy Tekhnologicheskiy Tsentr.
Après la chute de l’Union Soviétique la jeune fédération de Russie se retrouva quelques temps sans réelle capacité d’industrialisation aéronautique. Quand celles-ci revinrent les entreprises du secteur se focalisèrent sur le développement de nouveaux aéronefs ou l’adaptation de machines existant déjà. La chasse, le transport civil, ou encore les voilures tournantes furent les principaux axes de travail. Malgré une petite expérience soviétique dans le domaine le secteur des drones fut totalement abandonné. Aussi quand la Russie eut besoin à la fin des années 1990 d’engins de reconnaissance sans pilote elle fut obligée de les importer. Israël était alors son principal fournisseur.
Une puissance comme la fédération de Russie ne pouvait pas demeurer dans un tel cas de figure. C’est ainsi qu’au milieu des années 2000 divers programmes de recherches furent lancés.
Au sein du STT, le Spetsial’nyy Tekhnologicheskiy Tsentr, on s’orienta vers des machines légères capables d’assurer des missions de reconnaissance tactique et de surveillance urbaine. Après quelques hésitations apparut l’Orlan 10 d’une configuration similaire à l’AeroVironment RQ-20 Puma américain. À la différence cependant de ce dernier il ne semble pas pouvoir être lancé à la force des bras mais doit décoller depuis une rampe orientée.
Extérieurement le STT Orlan 10 se présente comme un drone compact doté d’un moteur thermique de vingt chevaux et d’une structure fuselage-voilure en alliages de métaux légers et de matériaux composites. Son équipement de reconnaissance se caractérise par une caméra haute définition couplée à un système d’imagerie infrarouge. Un désignateur laser est également disponible sur les versions les plus récentes.
Même si Moscou n’a rien confirmé il semble que les premier Orlan 10 soient entrés en service actif dans l’armée russe en 2011.
Durant l’invasion du territoire ukrainien de Crimée plusieurs de ces drones furent abattus. La Russie employait ses STT Orlan 10 afin de surveiller les mouvement de troupes ukrainiennes mais également pour contrôler les territoires conquis. Durant la période entre février et août 2014 quatre furent descendus, dont un via un missile sol-air SA-13 Gopher d’origine soviétique. Par la suite les forces ukrainiennes en ont abattu d’autres au-dessus de territoires revendiqués par Moscou. Au total Kiev estime en avoir détruit plus de vingt-cinq entre 2014 et 2021. L’un d’eux fut même détruit en vol par un hélicoptère Mil Mi-24D Hind.
Outre la Crimée, le Donbass, et la mer d’Azov la Russie a engagé ses Orlan 10 dans diverses manœuvres terrestres, notamment au plus près des territoires des trois états baltes (Estonie, Lettonie, et Lituanie) qui dépendant de l’Union Européenne et de l’OTAN.
À l’étranger des STT Orlan 10 ont été déployés par la Russie en Syrie. Leur rôle était autant la recherche des groupes djihadistes armés que le soutien à la dictature de Bachar El-Assad dans la chasse à ses opposants. En novembre 2015 après qu’un avion d’attaque Sukhoi Su-24 Fencer russe ait été abattu par la chasse turque, en l’objet un General Dynamics F-16C Fighting Falcon, au moins deux Orlan 10 furent engagés afin de rechercher les restes de l’avion. Un peu plus tard une faction rattachée à la résistance kurde reconnait en avoir descendu un. Nous étions alors en septembre 2018. Il semble que les restes du drone russe se soient retrouvés entre les mains de la coalition internationale.
Début 2021 on estime que la Russie a acheté un peu plus de 1000 de ces drones. Il s’agit du principal système de surveillance et de reconnaissance en service dans son armée.
Une version agrandie destinée à la surveillance longue durée et à l’entraînement des artilleurs de DCA existe comme Orlan 30. Un Orlan 10E destiné à l’export existe également. L’Arménie, la Birmanie, et la Syrie semblent en posséder plusieurs exemplaires. Certaines sources parlent également de l’Algérie et du Venezuela.
La Russie ayant héritée de l’Union Soviétique sa culture du secret les contrats concernant ce drone restent encore assez méconnu.
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