Après les défaites allemandes de 1944-1945 les armées et forces aériennes françaises étaient pratiquement totalement à reconstruire de A à Z. Hormis les éléments issus des forces françaises libres elles ne possédaient quasiment que des matériels récupérés dans les stocks allemands ou bien d’équipement datant d’avant-guerre et de ce fait totalement obsolète. Parmi les avions les plus intéressant historiquement parlant on retrouve une grosse soixantaine de chasseurs construits à l’origine pour les besoins de la Luftwaffe et reconditionnés à la va-vite par des ingénieurs français : les SNCAC NC.900.
Les origines de cet avion remontent en à la déroute allemande fin novembre début décembre 1944. Les troupes alliées découvrent à l’intérieur des carrières du coteau de Palotte, sur la commune de Cravant dans l’Yonne, une usine aéronautique inconnue. À l’intérieur se trouve, dans un état plus ou moins bon, entre soixante-dix et soixante-quinze chasseurs monomoteurs Focke-Wulf Fw 190A-5 et Fw 190A-8. Une commission d’experts et de généraux français est très rapidement envoyée sur place et elle décide de saisir tous ces avions et de les faire remonter par des équipes d’ingénieurs et de techniciens de la SNCAC, la Société Nationale de Construction Aéronautique du Centre.
L’avionneur décide alors de rebaptisé ces Fw 190A de deux séries en NC.900 sans aucune distinction. L’idée des généraux est alors de repeindre les avions une fois remontés et de les affecter aux pilotes de l’Armée de l’Air. Seul hic, mais de taille, ceux-ci sont quasi exclusivement d’anciens membres des forces aériennes françaises libres qui ont eu à affronter de tels chasseurs alors frappés des emblèmes nazis.
Mais l’urgence est là.
Le premier SNCAC NC.900 reconstruit réalise son premier vol le 16 mars 1945. Les essais en vol vont se dérouler durant quelques jours seulement et finalement le premier exemplaire de série entre en service auprès du Groupe de Chasse 3/5 Normandie-Niemen. Pour ses pilotes, revenus d’Union Soviétiques avec leurs Yakovlev Yak 3 et Yak 9 devoir voler sur d’anciens Fw 190A est loin d’être une sinécure. Beaucoup de leurs frères d’arme ont perdu la vie face à ce chasseur. Et les marquages français n’y font rien.
Pourtant en juillet 1945, alors que la guerre est terminée en Europe, les hommes du Normandie-Niemen sont officiellement transformés sur cet avion.
Et à Cravant les équipes de la SNCAC vont travailler d’arrache-pied pour livrer à l’Armée de l’Air un total de soixante-dix NC.900 qui représentent la renaissance de la chasse française. Le dernier exemplaire est livré le 18 février 1946.
Extérieurement en fait hormis la nouvelle livrée, les codes et marquages de nationalité français quasiment rien n’est différent de l’avion allemand d’origine. Cependant dans le cockpit certains pilotes ont la chance de disposer d’équipements français, d’autres doivent peaufiner leur maîtrise de la langue de Goethe pour pouvoir voler sur leurs chasseurs… français.
Cependant outre le fait d’être un mal aimé le SNCAC NC.900 est un piète avion tout court. Il souffre de nombreuses et très fréquentes pannées, que l’on impute alors à une mauvaise connaissance de l’allemand de la part des techniciens français. Si bien qu’en juin 1946 seul neuf exemplaires sont réellement disponibles sur les soixante-dix exemplaires construits.
En outre les mitrailleuses MG131 de calibre 13mm sont très sensibles à la météo et se grippent dès lors qu’il fait trop froid dehors.
À l’époque on commence même à Paris à parler de sabotage de la part des mécanos à la demande des pilotes…
Finalement le jour de la Toussaint 1946 l’Armée de l’Air décide de retirer du service définitivement tous ses SNCAC NC.900 et de les remplacer par des Bell P-63 Kingcobra de facture américaine jugés bien supérieurs. La plus part des anciens avions allemands sont envoyés à la ferraille.
Un exemplaire cependant survit à l’immédiat après-guerre. Il s’agit du NC.900 numéro 62 qui est versé au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget où il est actuellement visible en tant que Fw 190 aux couleurs de la Luftwaffe. Il voisine avec d’autres vedettes de le Seconde Guerre mondiale comme le Dewoitine D.520 ou encore le Republic P-47 Thunderbolt.
Refiler d’anciens avions de chasse allemands à des pilotes qui les avaient affronté sur le front de l’est était loin d’être une très bonne idée. Mais ça les généraux français s’en sont rendu compte tardivement. Avec l’Avia S.199 le SNCAC NC.900 est un des exemples de tentatives de seconde vie après-guerre à des avions allemands à succès. Et assurément une des plus mauvaises aux vues de ses résultats.
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