À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le France afficha de nouveau des ambitions aéronautiques importantes. Tous les avionneurs et motoristes furent nationalisés et intégrés dans des sociétés nationales définies géographiquement. La société Farman constitua le principal industrie de la SNCAC (Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Centre). Comme dans ses homologues « nationales », la SNCAC fit feu de tout bois et son bureau d’études se lança dans de nombreux prototypes. Il s’agissait même, dans certains cas, de poursuivre des projets initiés avant-guerre ou clandestinement durant l’occupation.
Le NC.3021 Belphégor était un avion expérimental, conçu comme un laboratoire volant et capable d’évoluer à très haute altitude, de 10 à 14 000 m. A la limite de la stratosphère, il devait servir aux études météorologiques et aux recherches sur le rayonnement cosmique. Ce prototype qui pris forme au début de 1946 dans les ateliers de Toussus-le-Noble avait de quoi surprendre. C’était un énorme monomoteur de 7,7 tonnes à vide, doté d’une voilure de 22 mètres d’envergure raccordée par de larges carénages à un fuselage ventru. Pour le propulser, on pensa faire d’abord appel à deux Hispano Suiza 12Z montés en ligne et équipés de compresseurs.
Malheureusement, les moteurs français faisaient défaut et les ingénieurs durent finalement d’utiliser un Daimler Benz DB 610 de 24 cylindres d’une puissance maximale de presque 3000 ch. Ce très gros moteur refroidi à l’eau, qui présentait des problèmes récurrents de surchauffe. Il était constitué de l’assemblage de deux DB 605 de 12 cylindres, présent sur le Messerschmitt Bf 109. Pour protéger l’équipage à 12 000 m, l’avion était équipé d’une cabine étanche de 5,30 m de long et de forme cylindrique.
En plus de l’étude des rayons cosmiques, le Belphégor devait tester la technologie des cabines pressurisées et le comportement des moteurs à combustion à haute altitude. La cabine offrait un volume de 11 m3 dans laquelle l’équipage pouvait presque se tenir debout. Ce habitacle important permettait à deux scientifiques de procéder à leurs expériences avec de nombreux instruments. Une gondole vitrée permettait d’observer vers le bas, tandis que le pilote prenait place sous une verrière placée au sommet du fuselage. L’équipage comprenait également un radio et un mécanicien navigant.
Le Belphégor vola pour la première fois le 6 juin 1946 à Toussus-le-Noble. La presse de l’époque annonça alors : « un avion qui devrait surprendre », en fait le Belphégor ne surprendra malheureusement pas grand monde. Ses performances étaient très limitées, et la fiabilité du moteur laissait toujours à désirer. Un rapport du Centre d’essais en vol rédigé en mai 1949 qualifia la mise en œuvre de l’avion de « très difficile ». Après seulement 40 heures de vol en trois ans, et alors que sa mise au point n’était pas encore terminée, le Belphégor fut arrêté de vol durant l’été 1949, sans même commencer à remplir sa mission.
D’après un article de Planet Aerospace
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