Si pour beaucoup le Bell UH-1 Iroquois fut l’hélicoptère militaire américain le plus marquant de l’Histoire il faut savoir qu’il n’a finalement pas été le plus polyvalent. Ce titre revient sans nul doute aux machines dérivées du Sikorsky S-70, c’est à dire les UH-60 Blackhawk de transport d’assaut et les SH-60 Seahawk de lutte anti-sous-marine. Car en dehors de celles-ci le célèbre biturbine américain a vu naître des sous-versions tellement spécialisées que certaines sont devenus des hélicoptères totalement nouveau à l’image de l’EH-60 Quick Fix de guerre électronique, du HH-60 Pavehawk de recherches et de sauvetages au combat, ou encore du MH-60 Jayhawk de sauvetage en mer. L’une des versions les plus méconnues est dédiée au transport du Président des États-Unis : le Sikorsky VH-60 Whitehawk.
C’est en mars 1986 que l’état-major de l’US Marines Corps établit une demande officielle au Pentagone afin de remplacer les huit Bell VH-1N Twin Huey utilisés au sein de l’escadron HMX-1. Destinés au soutien des opérations présidentielles ces hélicoptères étaient jugés trop légers pour permettre le transport officiel du président des États-Unis. Cependant ils pouvaient «suivre» les hélicoptères présidentiels en assurant ainsi le soutien logistique au profit des membres de cabinets, des gardes du corps, ou encore de membres du gouvernement et du Congrès.
Comme à son habitude l’US Department of Defense lança un programme d’achat auquel répondirent immédiatement trois constructeurs : Bell, McDonnell-Douglas, et Sikorsky.
Le premier proposait son Bell 412 qui était alors l’héritier logique du VH-1N Twin Huey, le second avançait un hélicoptère totalement sous-dimensionné pour cette mission : le MD 500. Enfin Sikorsky alignait rien moins que deux modèles : le S-70 Blackhawk et le S-76 Eagle. Contrairement à une idée reçue largement répandue à cette époque jamais le constructeur français Aérospatiale ne proposa de dériver une version de transport de hautes personnalités de son HH-65A Dolphin alors en service dans l’US Coast Guard.
La compétition tourna très vite entre Bell et Sikorsky et finalement début 1987 c’est le S-70 qui fut choisi.
Cependant le futur hélicoptère n’était ni un Blackhawk ni un Seahawk, mais une sorte d’hybride entre les deux machines. Désigné dans un premier temps VH-60D le nouvel appareil reprenait 80% des éléments d’un UH-60A auquel on greffa une partie de l’avionique et de la transmission du SH-60B mais également son train d’atterrissage ou encore sa dérive.
Le contrat signé concernait alors neuf hélicoptères destiné au transport de neuf passagers dans un confort très supérieur à celui qui existait sur les VH-1N Twin Huey alors encore en service.
Le premier vol du Sikorsky YVH-60D Blackhawk de présérie eut lieu en mars 1988. Finalement peu de modifications furent apportées si ce n’est que la cabine passa de neuf à huit places.
Les deux premier hélicoptères de série entrèrent en service en novembre 1988. Quelques semaines seulement après leur arrivée au sein de l’escadron HMX-1 les États-Unis changeaient de président. L’ex-acteur Ronald Reagan laissa la place à l’ancien patron de la CIA George Bush dans le bureau ovale. Le second avait été le vice-président du premier, il connaissait donc déjà les lieux mais également les us et coutumes de la Maison-Blanche.
Le président Bush savait que seuls les Sikorsky VH-3D étaient appelés à assurer le transport présidentiel. Et pourtant à sa manière il influença l’histoire même du VH-60D Blackhawk. En effet quelques semaines seulement après son arrivée au pouvoir il demanda à utiliser ce dernier modèle qui devint ainsi lors de son décollage Marine One, du nom de l’indicatif radio de l’appareil lorsque le président des États-Unis se trouve à bord.
Dès lors tous les Sikorsky VH-60D Blackhawk furent livrés avec le fameux toit blanc synonyme de la capacité à accueillir le président américain. Seul et unique modèle de la série des S-70 en service dans l’US Marines Corps l’appareil jouissait d’une mauvaise réputation dans cette dernière qui regrettait d’avoir l’impression de voler sur un hélicoptère de l’US Army ou de l’US Air Force.
C’est au secrétaire à l’US Navy Henry L. Garrett III que revint alors l’idée de nommer ces machines comme Sikorsky VH-60N Whitehawk. Désormais l’hélicoptère avait sa propre identité.
L’escadron HMX-1 eut sa pleine dotation en Sikorsky VH-60N Whitehawk au milieu de l’année 1990. Dès lors les Bell VH-1N Twin Huey furent reversés à l’US Navy où après modifications ils furent désignés HH-1N Twin Huey et affecté à la sécurité de plusieurs bases aéronavales. Une seconde vie en soi donc.
Les présidences de Bill Clinton puis de George Bush Junior furent marquées par une montée en puissance des VH-60N Whitehawk sans jamais se faire au détriment des VH-3D. C’est d’ailleurs au début du premier mandat de ce second président qu’un chantier assez vaste de modernisation fut lancé. Il fallait adapter les VH-60N aux missions extérieures, une grande première.
Pour cela une avionique digne d’un hélicoptère de combat fut installée. Système anti-collision TCAS, détection laser AN/AVR-2, contremesures électronique AN/ALQ-144, éjecteurs de leurres thermiques AN/ALE-47, radar de recherches tous-temps AN/APS-124, ou encore système d’alerte radar AN/AAR-47. Désormais le Sikorsky VH-60N Whitehawk était globalement plus moderne que le VH-3D. Par contre il demeurait plus petit, mais là il n’y avait rien à y faire.
Les essais d’emport en avions-cargos démontrèrent que le Boeing C-17A Globemaster III était le plus à même d’emporter un tel appareil.
Et c’est véritablement sous les deux mandats de Barack Obama que le Sikorsky VH-60N Whitehawk voyagea le plus. Pour la plus part de ces déplacements il était accompagné de trois de ces hélicoptères jugés plus faciles à déployer que les gros VH-3D. Ironie du sort ces derniers n’assuraient alors plus que majoritairement les vols intérieurs à courte distance, notamment les liaisons entre Washington DC et le Boeing VC-25A présidentiel.
Sous Obama les neuf VH-60N furent également dotés d’une liaison à très très basse fréquence, uniques au monde sur des hélicoptères.
Le successeur de Barack Obama utilisa bien moins les VH-60N qu’il considérait comme trop petits pour lui. Donald Trump leur a toujours préféré les VH-3D plus imposants.
Plus récents que ces derniers les VH-60N Whitehawk ne sont pas appelés à être immédiatement remplacés par les futurs VH-92A Superhawk. Ils devraient demeurer en service au moins encore durant une décennie.
Il faut savoir que lorsque les Whitehawk embarquent le vice-président et non le président leur indicatif radio est Marine Two. Comme les VH-3D les VH-60N ont également connu la renommée grâce à Hollywood et à quelques films à gros budgets, les fameux blockbusters.
Cet hélicoptère présidentiel a servi de base au développement du MH-60S Knighthawk en service actuellement dans les rangs de l’US Navy.
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