Durant la Seconde Guerre mondiale, l’industrie aéronautique américaine commença à se pencher sur la question des hélicoptères modernes. Ses ingénieurs avaient alors compris toutes les limites du concept des autogires, notamment en matière de stabilité et d’emport. Cependant tout était encore à inventer, et ce malgré les travaux menées en France avant-guerre par Breguet ou aux États-Unis par Sikorsky. Parmi les premiers appareils apparus à cette époque figure un surprenant petit hélicoptère monomoteur : le Sikorsky R-6 ou HOS Hoverfly II.
Comme son nom l’indique cet appareil était en fait une version évoluée du S-47, alias R-4 Hoverfly pour les militaires. Malgré de bonnes qualités, notamment en matière de vol stationnaire cet appareil demeurait très rudimentaire, ressemblant parfois plus souvent à une machine bricolée qu’à un réel hélicoptère militaire. Les équipes d’Igor Sikorsky lancèrent donc à la fin de l’année 1942 un programme visant à fournir rapidement une version dérivée de cette machine. Connue comme S-49 dans la nomenclature du constructeur le nouvel hélicoptère devait reprendre les grandes lignes du S-47 mais aussi apporter des solutions aux carences de l’appareil.
En mars 1943 l’US Army Air Force passa officiellement commande pour un prototype du S-49 sous la désignation de Sikorsky XR-6. Dès lors le chantier de développement devenait prioritaire. D’autant que l’US Navy également se déclara intéressée par l’appareil. Son développement, du fait de la communauté de pièces avec le R-4, s’avéra finalement assez rapide et le premier vol du prototype intervint le 15 octobre 1943.
Extérieurement le Sikorsky XR-6 se présentait sous la forme d’un hélicoptère monomoteur de construction intégralement métallique. Sa propulsion était assurée par un moteur à pistons Franklin O-405-9 d’une puissance de 235 chevaux, entraînant un rotor principale et un rotor anticouple, tous deux tripales en métal. Le cockpit largement vitré de l’appareil avait une forme ovale et permettait d’accueillir un pilote et un copilote, côte à côte. L’hélicoptère possédait un train d’atterrissage tricycle fixe auquel avait été ajoutée une balancine sous la queue. Dans sa désignation d’origine le XR-6 n’était pas armé.
Il fut décidé de le baptiser Hoverfly II, rappelant ainsi la filiation avec le R-4. Une commande officielle fut passée en janvier 1944 pour neuf cents exemplaires du Sikorsky R-6 de série. Fait particulier, l’appareil entra en service alors que l’Amérique était encore en guerre, il participa donc à la Seconde Guerre mondiale réalisant quelques missions de sauvetage en Asie et dans le Pacifique, notamment au profit d’un équipage d’un Curtiss R5C-1 tombé en Indochine en mai 1945. Trois Sikorsky R-6 permirent de sauver une partie de l’équipage du bimoteur.
À la même époque la marine américaine fit savoir qu’elle désirait également acquérir un lot d’une cinquantaine de R-6 pour des missions de reconnaissance et de lutte anti-sous-marine.
Une commande fut passée en ce sens en juillet 1945.
Pourtant l’arrêt de la guerre, après les deux bombardements nucléaires et la reddition nippone allait profondément changer le paysage militaire américain. Le contrat initial de l’US Army Air Force fut stoppé et ramené à 220 exemplaires, prototype compris. De son côté l’US Navy dut se contenter de fusionner son programme d’achat avec celui de l’USAAF. Sur les 220 machines, une cinquantaine fut donc rétrocédée à la marine américaine qui leur attribua la désignation de Sikorsky HOS Hoverfly II.
Dans le même temps l’US Army Air Force reçut l’ordre de céder, gracieusement, vingt-sept de ses appareils restants au Royaume-Uni, au titre de l’effort de guerre. Ils furent démontés, transportés par bateau, et remontés localement par Westland. Le mariage entre les deux hélicoptéristes était donc consommé. De même dix des R-6 de l’USAAF furent livrés directement à l’US Coast Guard qui leur attribua la désignation HOS-1G. Ces hélicoptères servaient principalement au sauvetage côtier, aux contrôles des zones de pèches, et à la police portuaire. Les ancêtres des actuels Eurocopter MH-65C Dolphin II en quelques sortes.
C’est dans l’US Navy que l’Hoverfly II marqua l’aventure aéronautique. Modifiés pour permettre l’emport de deux charges de profondeur de 112kg chacune les Sikorsky HOS devinrent les premiers hélicoptères de lutte anti-sous-marine de l’Histoire. Pourtant il n’était pas encore question de mines ou de torpilles comme sur les actuels Sikorsky MH-60S Seahawk dont ils sont quelque part les obscurs prédécesseurs.
Les Sikorsky HOS de l’US Navy et R-6 de l’US Air Force ne demeurèrent en service que jusqu’en 1949. Les garde-côtes américains conservèrent les leurs jusque l’année suivante. Il est à noter que malgré ce retrait qu’on pourrait jugé hâtif l’appareil connut un certain succès d’estime sur le marché de l’occasion aux États-Unis où une soixantaine d’anciens appareils militaires furent rachetés comme S-49 par des opérateurs privés.
Sur les vingt-sept hélicoptères livrés au Royaume-Uni douze prirent le chemin du Squadron 657 de la Royal Air Force, et quinze des Squadrons 705 et 711 de la Fleet Air Arm. Ils furent d’ailleurs en 1945 les premiers hélicoptères opérationnels au sein de la Royal Navy. Même s’ils n’y demeurèrent pas très longtemps. En effet les pilotes britanniques ne furent pas du tout impressionnés par les capacités de ce petit hélicoptère, et ceux-ci ne furent jamais affectés à des tâches prioritaires se bornant à des missions de liaisons, d’entraînement, et de surveillance portuaire. La RAF et la Fleet Air Arm conservèrent leur Hoverfly II jusque fin 1951.
S’il ne fut jamais un hélicoptère profondément révolutionnaire le Sikorsky R-6 / HOS n’en demeure pas moins une machine qui marqua sensiblement son époque, notamment dans la marine et la garde côtière américaines. Il reste à ce jour un des rares exemples, principalement allemands et américains, d’hélicoptères opérationnels durant la Seconde Guerre mondiale, une période alors encore fastueuse pour les autogires, des machines qu’il aida néanmoins à voir disparaitre du domaine militaire. De nos jours quelques exemplaires sont préservés dans des musées américains et britanniques.
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