Durant plus de 25 ans le Bell UH-1 Iroquois fut l’hélicoptère le plus polyvalent conçu aux États-Unis. Pourtant cela changea radicalement au début des années 1980 avec l’apparition du Sikorsky S-70 et de ses deux principales versions l’UH-60 Blackhawk de transport d’assaut et le SH-60 Seahawk de lutte anti-sous-marine et anti-navire. Désormais les forces américaines avaient entre les mains un véritable couteau suisse volant, capable de se muer en hélicoptère de brouillage électronique, de recherches et sauvetages en mer, ou encore de soutien aux opérations spéciales. L’une des versions les plus intéressantes apparut au début du 21e siècle pour servir d’appareil logistique au sein de l’aéronavale américaine : le MH-60 Knighthawk.
Pour cette machine tout a commencé à l’été 1997 quand l’US Navy annonça son intention de trouver un successeur à ses Boeing Vertol CH-46E/F Sea Knight et Sikorsky UH-3 Sea King à bout de force. Bien que désireuse de lancer un programme d’acquisition assez vaste l’aéronavale américaine doit alors se résoudre à faire confiance à Sikorsky. L’hélicoptériste américain est alors en effet dans les petits papiers du Pentagone après avoir proposé une solution peu coûteuse : l’adaptation de l’UH-60L Blackhawk.
En 1998 le nouvel appareil reçoit la désignation de Sikorsky CH-60S Knighthawk. Un Blackhawk maquillé à la va-vite permet aux marins américains de se faire une idée sur leur futur appareil. L’année suivante l’US Department of Defense propose à l’US Marines Corps de s’allier à l’US Navy dans ce programme, en vue ainsi de trouver un remplaçant à ses Bell UH-1N Twin Huey alors massivement utilisés. Peine perdue puisque les Marines retoquent immédiatement cette proposition en raison de leur attachement au programme du Bell UH-1Y Venom jugé plus adapté à leurs besoins.
Finalement le premier Sikorsky CH-60S Knighthawk de présérie vole le 27 janvier 2000.
Extérieurement le Sikorsky CH-60S Knighthawk se présente sous la forme d’un hélicoptère de transport d’assaut et de recherches-sauvetage au combat directement dérivé du UH-60L Blackhawk. Pourtant l’appareil dispose de plusieurs éléments empruntés au SH-60B Seahawk de combat naval. Les équipements d’appontage et notamment de crochetage de l’hélicoptère, mais également le radar de navigation ou encore les déflecteurs d’entrée d’air des turbines proviennent directement des hélicoptères navals. La peinture traitée spécialement anti-corrosion est elle-aussi le fruit du travail de l’US Navy. Le treuil mécanique est d’un modèle similaire à celui que l’on retrouve alors sur le SH-60F. À l’instar du Blackhawk le nouvel hélicoptère peut emporter une voire deux mitrailleuses M60 ou M240 type gundoor. Enfin le CH-60S Knighthawk a été optimisé pour le transport de charge sous élingue, afin de pouvoir mener des missions Vertrep.
Une commande officielle a été passée en avril 2000 pour 275 hélicoptères de série.
Au cours de l’année 2001 la définition de l’hélicoptère progresse. Tellement même que désormais la désignation CH-60S n’est plus d’actualité et devient MH-60S, soulignant ainsi la polyvalence du Knighthawk. C’est en février 2002 que l’hélicoptère fait ses premiers pas dans l’US Navy, réalisant son premier embarquement opérationnel en janvier 2003 à bord du bâtiment de projection USS Essex. Petit à petit le nouvel appareil remplace les CH-46E/F dans les unités combattantes et les UH-3H dans celles de soutien opérationnel.
Ses premiers engagements opérationnels se font en Afghanistan et en Irak. D’abord mal aimé car jugé trop petit vis à vis du Sea Knight le Knighthawk commence à se tailler une belle réputation à partir de 2005 quand les commandos d’élite des Navy Seals en font leur hélicoptère standard. Très rapidement l’appareil acquiert de nouveaux équipements de série comme un FLIR dans le nez ou des plaques de blindage latérales et ventrales.
La guerre contre la piraterie maritime puis l’engagement en zone irako-syrienne contre l’autoproclamé État Islamique permet à l’hélicoptère américain de progresser un peu plus, et même de gagner en polyvalence. Le très limité CH-60S n’est plus qu’un vieux souvenir quand le missile antichars AGM-114 Hellfire, le panier à roquettes, ou encore la mitrailleuse lourde Gatling GAU-18A font leur apparition dans l’arsenal du MH-60S. Pour permettre leur emport des pylônes ESSS, pour External Stores Support System, sont alors ajoutés sur ces machines.
Dès le milieu des années 2010 le Sikorsky MH-60S Knighthawk sait à peu près tout faire : transporter des troupes, infiltrer et exfiltrer des forces spéciales, rechercher et sauver des rescapés aussi bien derrière les lignes ennemis qu’en pleine mer, transporter des charges de fret sous élingue, rechercher les mines marines, réaliser un appui-feu des troupes au sol, ou encore assurer des évacuations sanitaire. Rien ne lui fait peur et surtout l’hélicoptère est omniprésent sur les bâtiments de guerre de l’US Navy. Son engagement tous azimuts rend forcément l’hélicoptère sujet aux accidents, notamment en action de guerre mais il conserve une magnifique image de marque dans l’aéronavale américaine.
Il est également depuis 2018 interopérable avec les drones embarqués Northrop-Grumman MQ-8B Fire Scout.
Le réchauffement climatique va même offrir un nouveau rôle à l’hélicoptère : la lutte contre les incendies de forêts. Équipés de Bambi buckets les Sikorsky MH-60S Knighthawk basés à terre renforcent désormais régulièrement les services de sapeurs-pompiers. Une expérience qui leur a permis d’intervenir en 2020 sur l’impressionnant incendie du porte-aéronef USS Bonhomme Richard. Il est à signaler que certains Knighthawk ne sont pas peints en livrée basse visibilité grise mais en haute visibilité blanche et rouge. Ce sont les machines destinées à assurer la sécurité et la sûreté des bases aéronavales sises aux États-Unis.
Seule ombre au tableau du Sikorsky MH-60S Knighthawk : il se vend très mal à l’export en raison de la concurrence de matériels européens comme l’Airbus Helicopters H225M Caracal ou le NH-Industries NH90 NFH Caïman. Seule la marine thaïlandaise aligne des MH-60S acquis en 2007 et entrés en service entre 2011 et 2014.
Depuis 2018 l’US Navy cherche à gommer le nom de Knighthawk au profit de celui de Seahawk mais sans grand résultat. Le MH-60S ne doit en outre pas être confondu avec le MH-60R qui est en fait la version la plus récente du SH-60 Seahawk.
De mal aimé le Sikorsky MH-60S Knighthawk s’est peu à peu mué en véritable vedette de l’US Navy au point de devenir un de ses hélicoptères les plus connus. À l’automne 2020 le remplacement de cette machine n’était pas à l’ordre du jour et les projections donnent un service actif au moins jusqu’en 2035.
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